Plisson : "Pas les prestations que j'ai envie de faire"

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TOP 14 – Encore tendre depuis son retour sur les terrains à la mi-février, Jules Plisson, mentalement éprouvé par sa blessure hivernale, fait le dos rond à l'amorce de la fin de saison. L'ouvreur du Stade Rochelais s'est confié à Rugbyrama avant le déplacement à Bordeaux-Bègles, samedi (17h15).

Rugbyrama : Jules, avant même la défaite à Castres début mars (22-15), le groupe semblait un peu sur les rotules, les yeux rivés sur cette coupure.

L'équipe en avait vraiment besoin. Ça faisait depuis octobre ou septembre que l'on n'avait pas eu de vacances. Presque six mois. On a enchainé tout le temps. Jusqu'ici, on n'avait pas vraiment eu de trou d'air. Là, c'est la première fois qu'on enchaine deux défaites d'affilée.

Vous restiez, avant de perdre contre Toulouse et Castres, la dernière équipe de la division à ne pas avoir chuté deux fois de suite.

Parfois, tu peux avoir des petits coups de mou. Je préfère les avoir maintenant, pour faire une meilleure fin de saison. Je me souviens, en 2015, de cette période creuse pendant le Tournoi des 6 Nations avec le Stade Français : on perd deux fois à domicile, on commence à se mettre la pression. Finalement, les vacances requinquent le groupe et on fait une fin de saison monstrueuse avec un titre. Ça fait du bien de couper, de ne pas s'entraîner.

La gestion de ma blessure m'a, limite, pris plus d'énergie que jouer les matches ! […] A la fin, je n'en pouvais plus

Pour vous aussi, qui reveniez d'une blessure aux ischios-jambiers ?

La gestion de ma blessure m'a, limite, pris plus d'énergie que jouer les matches ! J'ai vraiment laissé beaucoup trop d'énergie dans le sens où je voulais vraiment revenir rapidement. Je devais revenir au bout de quatre semaines mais on s'est aperçu que j'avais encore des centimètres déchirés. Donc ça a pris deux mois ! Mentalement, c'était compliqué, ça m'a beaucoup pris la tête. Car, physiquement, je me sentais très bien.

La douleur avait vite disparu ?

C'est ça qui m'agaçait le plus, je n'avais pas de douleur ! Les blessures musculaires, c'est toujours particulier, tu as l'impression de plus rien avoir mais il suffit d'un mouvement pour reprendre une décharge. En plus, c'est la pire période ici, il pleuvait et, à 17h, il n'y avait plus de soleil (sourire). Au final, dans la tête, tu exploses. A la fin, je n'en pouvais plus.

Depuis, vous avez enchainé trois titularisations mais sans rester plus d'une heure sur le terrain. Comment vous sentez-vous ?

C'est un retour un peu compliqué. Ce n'est pas les prestations que j'ai envie de faire. Je pensais que j'allais tout de suite retrouver le niveau que j'avais avant. En fait, non, tu ne reviens jamais avec le même niveau, au tout début. Manque de rythme, manque de repères, l'équipe a un peu évolué dans sa façon de jouer. Mais je suis confiant pour la suite, je n'ai aucun doute là-dessus, je sais que ça va revenir. Ça fait partie des aléas. C'est ma première blessure, ici. Je suis rarement blessé, normalement. Donc il fallait s'y remettre.

Vous voilà, depuis plus d'un mois, vous et Ihaia West, enfin opérationnels en même temps cette saison. C'est forcément pus confortable pour travailler.

Bien sûr. Si l'un est un peu moins en forme, l'autre peut essayer d'apporter un peu plus, comme Ihaia l'a fait à Castres. On a un profil complémentaire. Lui est plus joueur de ballon. J'aime aussi attaquer la ligne et jouer mais taper, c'est l'une de mes qualités premières. Parfois, ça nous arrivait d'être alignés en même temps la saison dernière. Ça se passe très bien quand tu as un arrière qui sait jouer dix, tu es soulagé dans certaines prises de décision. On s'entend très bien, on est assez proches. Quand il fait des bons matches, je suis très content. J'imagine l'inverse, aussi. C'est top d'avoir une concurrence comme ça.

En début de saison, l'occupation était notre plus grande force […] Je ne dis pas qu'il faut retrouver ce type de schéma-là mais en tout cas, il ne faut pas l'oublier.

Outre la dimension physique, que s'est-il passé à Castres ?

La grosse erreur, c'est d'avoir voulu jouer tous les ballons. On s'est envoyé les ballons sur la tête. On aurait dû reposer et mettre la pression au pied, surtout à l'extérieur. En début de saison, l'occupation était notre plus grande force. Ce n'était pas les plus beaux matches, mais c'était efficace. Depuis quelques semaines, on a perdu un peu ce style de jeu pour envoyer un peu plus de jeu. Je ne dis pas qu'il faut retrouver ce type de schéma-là mais en tout cas, il ne faut pas l'oublier.

Personnellement, vous donniez justement l'impression de réciter au millimètre votre partition au pied, en début de saison. Encore davantage quand Brice Dulin était aussi sur le terrain.

Un pied gauche, un pied droit. On ne tape pas pour taper, on tape avec un objectif précis derrière. On ne cherche pas à trouver les touches. On part du principe qu'il faut taper le plus loin possible, monter en sprint et catcher l'adversaire dans son camp. Quand c'est bien organisé, avec une bonne ligne qui chasse fort…

Que vous apporte votre entraîneur Ronan O'Gara, ex-ouvreur emblématique, dans ce registre ?

A voir le jeu au pied comme une arme offensive, pas juste comme une sortie de camp pour se dégager de la pression. Que ce soit du petit jeu au pied, une transversale ou même une chandelle. Au début de saison, parfois, sur touche, on avait beau avoir un ballon sur nos 50m, je montais une chandelle pour mettre l'adversaire sous pression. Je me souviens qu'à Toulon, Wilkinson n'hésitait pas à taper des chandelles sur des touches. Donc, Ronan m'apprend à prendre l'ascendant via mon jeu au pied. Faire reculer l'adversaire, gagner du terrain. Pour aller le plus loin possible et gagner des titres, le jeu au pied est très important.

On a les armes pour ne pas avoir de trou d'air

En Top 14, il vous reste trois réceptions pour quatre déplacements d'ici la fin de la phase régulière. Une opportunité de vous aguerrir à l'extérieur, où brillent vos principaux concurrents pour une place directe en demi-finale, Toulouse et le Racing.

Bien sûr. C'est souvent là où tu te retrouves en tant qu'équipe, où tu recrées une bonne dynamique. Dans des matches compliqués que tu gagnes de justesse. On a un super déplacement à Bordeaux, c'est un match important pour la suite. Je suis conscient qu'on est passé complétement à côté à Castres mais j'essaie de tirer le positif et de me dire que c'est un mal pour un bien et qu'il faudra s'en servir. On ne refera pas deux fois les mêmes erreurs. On a les armes pour ne pas avoir de trou d'air.

?Troisième jour d'entraînement après les vacances ! Les Jaune et Noir sont déjà tournés vers le déplacement à Bordeaux samedi prochain ! #FievreSR pic.twitter.com/mSYtcOL24s

— Stade Rochelais (@staderochelais) March 19, 2021

Contre Toulouse, pour le coup, malgré la défaite (11-14), vous n'étiez pas du tout "passés à côté".

On peut et on doit le gagner ce match. On les cadenassait, on ne se mettait pas sous pression chez nous. On perd malheureusement en prenant un essai à la fin mais peut-être qu'on les recroisera (sourire). Je loupe des points au pied que normalement je ne loupe pas. Encore une fois, je préfère que ça arrive maintenant et pas après. Mais ça m'a agacé. Après le match, je me suis dit : "On a perdu parce que je n'ai pas mis les points au pied"…

Raccourci un peu facile, non ?

Oui mais quand t'es buteur, tu te dis ça. A tort ou à raison. J'ai le droit de me dire ça mais il ne faut pas que ça me déstabilise après. Le tir au but, c'est comme un golfeur qui se retrouve à un départ. Il est tout seul. C'est ma routine. Les autres n'y sont pour rien. C'est rageant parce que toute la semaine avant Toulouse, j'avais très bien tapé. En fait, ce qui me dérange c'est celle que j'ai à 25m, un peu décalé à gauche. Je ne dois jamais la louper. Je sais pourquoi je l'ai loupée.

Champions Cup - Jules Plisson (La Rochelle) contre les Glasgow Warriors
Champions Cup - Jules Plisson (La Rochelle) contre les Glasgow Warriors

Pourquoi ?

J'avais un peu de vent de face, je voulais assurer, être léger. Je n'ai pas du tout traversé le ballon, il est monté, il a pris le vent, il est sorti. Ça m'agace parce que jamais je ne dois taper comme ça. Je dois toujours taper de la même manière, qu'il y ait du vent ou pas.

Etes-vous du genre à regarder les statistiques ?

Pas du tout. Pourquoi ?

Vous affichez un taux de réussite, face aux perches, inférieur à 76% cette saison.

Je ne fais pas du tout attention à ça. Tu peux avoir des mecs qui ont des taux de réussite très bons mais qui prennent des pénalités et transformations faciles. Moi, j'en prends aussi des très lointaines. Forcément, tu en loupes un peu plus. Un taux, ça ne veut pas dire grand-chose. De toute façon, tu es toujours remis en question le jour du match. Les grands joueurs, c'est ceux qui mettent les points au pied qu'il faut, au bon moment et en phases finales.

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