Patat : "Le synthétique nous pose des problèmes"

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TOP 14 – Une semaine après le report du choc au sommet face au Stade Toulousain, La Rochelle a l'occasion de reprendre le fauteuil de leader, dimanche (14h15). L'entraîneur des avants Grégory Patat se confie à Rugbyrama avant ce match en retard de la 14e journée, disputé au Racing. Une pelouse jusqu'ici maudite pour les Maritimes.

Rugbyrama : La Rochelle n'a joué que deux matches depuis le début de l'année 2021, sur les quatre programmés. Dans quelles conditions abordez-vous ce bloc important dans la course à la qualification (Racing, Toulon, Paris et peut-être Toulouse en fonction de la reprogrammation) ?

Grégory Patat : On ne craint pas plus que ça un manque de rythme. Contre Bayonne, le groupe répondait très bien. On ressent surtout de la frustration de ne pas pouvoir valider les semaines d'entraînement. Maintenant, les inconnues sont sur la durée, avec la fatigue accumulée. Mentale et physique. C'est les montagnes russes émotionnellement, on prépare des choses mais on ne joue pas. Le staff essaie de protéger les joueurs et de calibrer les semaines au mieux. Les vacances étaient prévues cette semaine, elles sont reportées. Je ne sais pas comment ça va se passer dans le futur. Il faudra être vigilant.

Le report du match contre Toulouse ? J'ai vu les joueurs affectés mentalement et émotionnellement. Tout ça, j'espère qu'on ne le payera pas.

La crainte d'une relative démobilisation ?

Qu'on soit clair, les joueurs ne nous montrent aucun signe de fatigue à l'heure actuelle. Il y a toujours autant d'enthousiasme. Mais il faudra être en alerte là-dessus. Pourquoi ? Parce que j'ai vu la forte déception après l'annonce du report du match contre Toulouse. On était prêts à en découdre. C'était un choc, le premier contre le second. J'ai lu que les Toulousains étaient des "lions en cage". Nous aussi. Et tout s'arrête. J'ai vu les joueurs affectés mentalement et émotionnellement. Tout ça, j'espère qu'on ne le payera pas. C'est juste mon questionnement.

Point positif, vous avez récupéré les blessés de longue date.

L'infirmerie est vide. Mis à part les suspendus et les joueurs internationaux, on a potentiellement tous les joueurs à disposition. Même si c'est encore un peu tôt pour Retière et Plisson (Ils ont repris l'entraînement cette semaine, NDLR).

La Rochelle n'a plus affronté de membre actuel du Top 6 depuis fin novembre. Est-ce "gênant", avant d'enchainer les cadors ?

Pas plus que ça. Une exigence est demandée au quotidien aux joueurs. Même si le travail n'est pas validé le week-end, on sent une équipe prête à répondre présent à n'importe quelle échéance. C'est clair que, là, on va rentrer dans le moment de vérité. Le groupe est prêt à répondre à ce challenge. On a la chance d'être en haut du classement, c'est très générateur. La Rochelle était l'une des équipes à être à jour au niveau du calendrier, maintenant on est en retard et, finalement, nos concurrents directs ne regagnent pas des points par rapport à nous.

Qu'attendez-vous de ce "moment de vérité", justement ?

C'est un test, bien sûr. On va vraiment voir le caractère de l'équipe, son potentiel, sa valeur. On ne fera pas tourner, on va envoyer le meilleur 23 possible pour faire un résultat, tout simplement. On veut rentrer dans ce gratin-là des équipes reconnues pour jouer les premières places.

Le synthétique ? Défensivement, on a la clé sur cette surface, mais en attaque, il nous en manque encore beaucoup.

Le Stade Rochelais reste sur deux roustes à l'Arena (50-14 et 49-0), sans jamais parvenir à y trouver la clé. Une explication, avec le recul ?

Les conditions sont particulières, quand même. Il faut savoir que c'est un synthétique qui favorise le jeu, la possession. Ces deux dernières années, nous étions dans l'incapacité de tenir le ballon et de déplacer cette équipe du Racing. Pourtant, on était présent dans l'engagement dans les premières minutes. Mais, en attaque, on n'a pas su faire le job. Sur les zones de ruck, sur le déplacement du ballon…Les clés, on les connaît. On a les structures et le jeu pour mettre notre plan en place. Maintenant, il faut maîtriser le ballon.

En parlant de terrain synthétique, vous étiez aussi passés au travers sur celui du Stade Jean-Bouin, à Paris, en début de saison.

Le synthétique nous pose des problèmes. Ça veut dire qu'il reste une marge de travail en attaque. Défensivement, on a la clé sur cette surface, mais en attaque, il nous en manque encore beaucoup. Il faut beaucoup plus de précision par rapport aux différentes formes de jeu. Après, c'est clair que pas mal de joueurs ne sont pas fans du synthétique, mais ce n'est pas une excuse. La semaine a été calibrée pour s'entraîner sur notre synthétique. On essaie de limiter en volume horaire. La surface est très traumatisante pour les articulations, les joueurs passent beaucoup plus de temps en salle de kiné. On progresse mais, chez certains joueurs, cette surface n'est pas encore totalement acceptée.

On sent en tout cas, dans les différents discours, la volonté de laver les affronts subis à l'Arena.

L'an dernier, tous les observateurs ne sont restés que sur ce match, en disant : "Il y a des problèmes au Stade Rochelais, ça ne va pas bien !" Mais La Rochelle était 3e avant ce match ! On a pris une rouste, ok, mais l'arrêt du championnat ne nous a pas permis de montrer que c'était une erreur, une faute. Il n'y avait pas de signaux particuliers à voir.

C'était juste un match, une faute de parcours. Pas plus. Bref… Là, depuis le début de saison, on est en train de démontrer qu'il n'y a pas de problèmes.

Certains avis vous ont vexé ?

Ça nous a laissé un goût amer. On a beaucoup parlé sur nous en remettant en question notre qualification, notre participation en Coupe d'Europe. Aux yeux de tout le monde, le Stade Rochelais n'était plus là. Put***, on avait fait le job, quand même ! (sourire) Le groupe avait démontré certaines qualités. Il y a eu beaucoup d'évolution au club ces dernières années. C'était juste un match, une faute de parcours. Pas plus. Bref… Là, depuis le début de saison, on est en train de démontrer qu'il n'y a pas de problèmes.

Vous voilà désormais meilleure défense, par exemple.

Les titres se décrochent souvent avec les très bonnes défenses. Le temps nous a permis d'avoir un projet de jeu plus abouti où chaque secteur est en adéquation avec les autres. Aujourd'hui, on assume plus notre projet de jeu global. On accepte davantage de laisser le ballon sur le terrain, d'avoir des montées hautes. On travaille beaucoup plus le jeu debout, qui était l'ADN du club. Cette période de transition entre l'arrêt du championnat et la reprise a permis de tout mettre sur la table, de nous connaitre mieux, de cibler les besoins de l'équipe, les caractéristiques, d'harmoniser tous les secteurs pour mettre sur pied une équipe dure à manœuvrer. Par moment, par le passé, les rotations dans l'effectif nous étaient préjudiciables. Je crois que ça ne l'est plus, aujourd'hui.

Avec 5 cartons reçus en quatorze sorties, La Rochelle est aussi l'équipe la moins sanctionnée de la division.

Ça rejoint ce que je dis. L'équipe est un peu mieux physiquement, il y a plus de lucidité dans la tête des joueurs. Et on sait que les standards du haut niveau passent par la discipline. C'est un paramètre important, aujourd'hui, dans notre jeu. C'est préparatoire pour d'éventuelles phases finales. Car, après, ça se joue vraiment sur des micros-détails.

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