Garbajosa : "Celui qui se contente de cette situation, il n'a rien à faire ici"

  • Xavier Garbajosa entraineur du MHR
    Xavier Garbajosa entraineur du MHR
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Confronté à un début d'exercice délicat avec sa formation, Xavier Garbajosa n'élude aucune responsabilité. Si le manager sportif du MHR accepte la critique, il attend en retour une réaction d'orgueil de son groupe. Le déplacement à Mayol sera-t-il le théâtre d'un sursaut de Montpellier ce samedi ?

Xavier, le club de Montpellier n'a disputé que trois rencontres depuis la reprise en Juin, comment vous adaptez-vous au quotidien ?

L'adaptation c'est notre perpétuelle quête actuellement. C'est un début de saison particulier, trois matchs en quatre mois c'est pas énorme, mais peut-être que cette fraîcheur nous servira à la fin du championnat. Il ne faut pas sombrer dans le fatalisme, on ne laisse pas les joueurs dans la nature. Quand le groupe venait d'apprendre le forfait de Castres la semaine dernière, si la frustration était présente j'ai senti également une forme de relâchement. Et c'est dur de mettre les gars en opposition car les chances de se blesser guettent dans ces conditions. J'ai observé du bon contenu sur les dernières séances et on se doit de rester positifs.

Les reports vont surcharger un calendrier qui s'annonce démentiel, une contrainte de plus ?

De notre côté, il faut enclencher une dynamique. Il y aura des notions à défendre, et les choses viendront naturellement. Les garçons acceptent mal ce démarrage et ces deux défaites. Se voir à la fin du classement, c'est jamais plaisant. Si un joueur du MHR se contente de cette situation, il n'a rien à faire ici, il peut contacter son agent ou le président et quitter le club. On s'entraîne donc en conséquence, pour gérer les aléas que nous devons affronter. La motivation, elle y sera déjà pour se déplacer à Mayol même si'il faudrait être fous pour ne pas savoir où nous allons poser les pieds samedi.

Philippe Saint-André s'est rapproché du terrain, comment s'est passé son intronisation ?

Déjà Philippe a été déclaré positif au Covid, il s'est donc caché chez lui durant une grosse semaine ! Non plus sérieusement, ça se passe très bien avec lui. Il travaille sur une vision à long terme du club. J'échange beaucoup avec lui, il me donne son sentiment avec son expérience de manager et d'entraîneur qui n'est pas négligeable. Philippe est bienveillant, on a tous les deux la même mission qui est celle de servir le club. Il amène sur le sportif une nouvelle image, un nouveau discours. Vous savez, on se voit peut-être plus que nos épouses respectives ! Il respecte mes convictions, nous sommes certes deux personnalités totalement différentes mais il y a un vrai équilibre pour le MHR.

Avec le recul, avez-vous commis des erreurs depuis votre arrivée chez les Cistes ?

Il faut savoir faire son introspection, j'ai été éduqué dans un club où la remise en question était permanente. Ce qui compte c'est la semaine d'après, pas le soir de la victoire. Bien sûr que je me pose des questions, je ne suis pas le seul responsable, les garçons ont aussi leur part de responsabilité comme je prends la mienne. Dans l'échec, en étant responsable d'un projet, ça fonctionne ainsi et c'est normal. On doit retrouver surtout cette exigence commune pour devenir une grande équipe. Je protège mes joueurs dans une certaine limite. Ce n'est pas Jean-Baptiste Elissalde ou Pierre-Philippe Lafond qui jouent sur le terrain, nous sommes là pour les accompagner et leur inculquer une culture de la gagne, une identité, une philosophie.

Votre mode de fonctionnement a t'il évolué en conséquence ?

Bien sûr, il y a des retours entre nous, sur la méthodologie, la longueur des entraînements, le contenu. On n'a pas tout jeter non plus. C'est une histoire d'hommes quand même, d'aller à la recherche de leurs sentiments et leurs émotions. Il faut partager, même avec celui qui reste au fond de la salle et qui n'ose pas s'exprimer. Le principal, c'est l'adhésion. Parfois, il faut donc se réguler, tout le monde est au courant du cadre qu'on doit respecter et qu'on doit suivre pour retrouver le succès.

Alexandre Ruiz est venu récemment prodiguer une séance auprès du club, l'indiscipline une fâcheuse récurrence au MHR ?

On s'est posé des nombreuses questions, surtout quand ça ne fonctionne pas comme on le souhaite. L'héritage de cette équipe est qu'elle est indisciplinée depuis de nombreuses années. Le constat c'est que nous ne sommes pas arrivés à inverser la tendance. La prise de conscience doit être déjà individuelle. On a désiré aller plus loin en cherchant une personne crédible, capable de leur expliquer le comportement, l'attitude, les mauvais signaux. Alexandre Ruiz a passé une journée au club, l'échange était enrichissant pour tous notamment sur l'application des nouvelles règles. C'est un travail de longue haleine afin de tendre vers le meilleur.

L'Équipe de France s'appuiera sur de nombreux joueurs du MHR, une autre facette à ne pas négliger ?

On sera diminués sur plusieurs aspects, nous ferons appel sans hésiter à notre centre de formation. C'est toujours une fierté d'avoir autant d'internationaux. J'allais dire que c'est un mal pour un bien, certains jeunes vont pouvoir se montrer. On se tournera vers eux et on leur fera confiance. On se doit de les amener à ce niveau, qu'ils soient prêts à franchir cette étape. Ils ont passé l'intersaison avec nous. Finalement c'est logique, nous avons des joueurs à fort potentiel, l'avenir c'est eux et ils auront l'occasion de nous épater.

Arthur c'est l'avenir. Il représente le projet à moyen et long terme du club

Un mot sur les internationaux français et leurs performances ?

Sortez-moi un mec qui a été dominant ? Je ne vois personne sortir du lot à l'heure actuelle. Ce qui n'était pas le cas la saison dernière pour certains d'entre eux. Il y avait de la fraîcheur avec Anthony Bouthier, Gabriel Ngandebe et Mohamed Haouas. Pour moi, un joueur international change de statut. Il y a un devoir d'exemplémentarité qui entre en lice, vous n'êtes plus la révélation où l'espoir qui monte. On doit contaminer l'exigence autour de soi, être le meilleur à son poste. D'abord en club, tous les jours à l'entraînement dans ma conception. On peut avoir de la tolérance, on peut toujours louper un plaquage. Le plus c'est de rester à un certain registre, peut-être que je me trompe mais c'est la formation que j'ai reçue.

Handré Pollard sera absent la majeure partie de la saison, quelle solution emporte les suffrages au sein du club ?

Il y a toujours des solutions et je ne tire pas de conclusions hâtives au poste de numéro dix. Avec la perte d'Handré, il a fallu se restructurer, remodeler nos trois-quarts. J'ai une idée sur le repli ponctuel voire à plus long terme, l'avenir nous le dira. Le charisme d'Handré, la qualité de son rugby vont nous manquer. Le club doit avancer quoi qu'il en soit. La vie ne s'arrête pas après la blessure d'Handré, des modifications, nous en connaîtrons d'autres et les présents auront cette mission de continuité. Et puis on voit des garçons qui jouent aujourd'hui, au-delà d'une relative hiérarchie qui méritent aujourd'hui de démarrer les rencontres.

Arthur Vincent est devenu capitaine du MHR, comment jugez-vous ses débuts ?

Arthur c'est l'avenir. Même si je comprends qu'il y a un certain poids sur ses épaules à 19 ans, entouré qu'il est de partenaires avec plus de 300 matchs parfois au compteur. Il représente le projet à moyen et long terme du club. Il est né ici, il a grandi dans le coin comme Thomas Darmon par exemple. C'est lui qui va être le garant de nos valeurs. Il va se servir de Fulgence Ouedraogo, de Louis Picamoles, de Benoît Paillaugue, de Kélian Galletier. Tous ces institutionnels qui sont présents depuis de très nombreuses années. Ils ont d'ailleurs vécu un peu la même chose que lui. Arthur va grandir et je suis persuadé qu'il deviendra un grand capitaine. Il est intelligent, même si'il peut se disperser et c'est normal, c'est un bon choix et c'est l'homme de la situation.

Comment envisagez-vous le déplacement à Toulon ?

Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises destinations, nous sommes avertis de l'équipe que nous allons affronter. Ils préparent une finale de Coupe d'Europe, ça sera comme un derby du Sud, donc nous serons très lucides sur l'endroit où nous serons et sur le combat qu'il faudra proposer face aux Varois. Un déplacement hostile à juste titre, c'est très intéressant car nous verrons si nous sommes capables de relever ce défi qui s'annonce.

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