"Pas du tout viable de jouer l'été", estime le président de Brive

Par Rugbyrama
  • Simon Gillham, président du CA Brive
    Simon Gillham, président du CA Brive
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TOP 14 - Les réformes envisagées par World Rugby au sujet du calendrier international inquiètent en Top 14 : "Ce n'est pas du tout viable de jouer l'été", assure à l'AFP le président de Brive Simon Gillham, membre du groupe de travail qui a élaboré la contre-proposition de la LNR.

Quelle est votre position sur la volonté de World Rugby d'harmoniser le calendrier international ?

Je ne pense pas que la Ligue soit totalement contre. L'envie d'avoir un calendrier mondialisé, c'est une bonne idée. Pour le reste, elle a fait des contre-propositions car il y a deux vrais sujets: la santé des joueurs et le calendrier qui commence en janvier ou février, où on joue l'été et finit en octobre. Bien que je sois britannique, je vis en France depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'à partir du 14 juillet, c'est une période sacrée pour les vacances. Ce n'est pas du tout propice pour jouer au rugby. Il y a un problème de chaleur donc de santé des joueurs, un problème d'hospitalité des sponsors, de visibilité, un problème de calendrier sportif très encombré sur Canal+... Si on joue l'été, le diffuseur sera privé des meilleurs moments de l'année pour s'abonner et il ira faire autre chose. Ce n'est pas du tout viable de jouer l'été.

En dévoilant son projet, n'avez-vous pas le sentiment que World Rugby pense surtout à l'hémisphère Sud ?

En l'état, ce calendrier a été travaillé pour sauver les nations de l'hémisphère Sud. Si je travaille dans les Fédérations néo-zélandaise, australienne ou sud-africaine, je n'ai pas la moindre idée de l'envergure d'un match de clubs entre Clermont et Toulon, par exemple. Je ne peux pas le comprendre car ce n'est pas dans mon ADN. D'ailleurs, la santé du rugby français professionnel est intéressante parce qu'elle concerne 30 clubs alors que la Premiership (le championnat anglais, ndlr) n'en concerne que 13 (12, plus les Saracens relégués). Cela montre notre force. Je pense que l'hémisphère Sud a totalement sous-estimé le monde du rugby des clubs. Il y a un écart culturel énorme: ils ne comprennent pas l'importance du rugby des clubs, du rugby du terroir... A Brive, on a 12, 13, 14.000 personnes au stade dans une ville de 47.000 habitants. Ca n'existe pas ailleurs. En terme d'affluence, le Super Rugby (championnat de clubs de l'hémisphère Sud, ndlr) est un échec, il faut dire ce qui est.

La Ligue anglaise est-elle alignée sur la position française ?

Oui. Il y a un peu moins de chaleur en Angleterre mais les raisons sont les mêmes. Les grands rendez-vous du cricket, je sais que ça fait rire les Français mais c'est le sport national d'été, Wimbledon, le British Open de golf... ce sont d'énormes évènements qui vont complètement occulter le rugby.

Comment trouver un consensus ?

C'est très important que les instances mondiales écoutent Paul Goze et les présidents de clubs, qui sont tous des capitaines de PME, de PMI, qui mouillent le maillot tous les jours et qui sont venus en paix, avec une contre-proposition intelligente, pas du tout vent debout, mais en posant leur jeu, leurs arguments. C'est essentiel et je suis sûr que la Fédération va finir par soutenir la position des clubs français.

L'hémisphère Sud peut-il se calquer sur le calendrier européen ?

Ce n'est pas se calquer mais trouver des solutions qui conviennent à tout le monde et ces choses-là ne se décident pas dans une présentation +Powerpoint+ avec le sourire. Cela se discute autour d'une table, à huis clos, ou l'équivalent d'une table parce qu'aujourd'hui on a du mal à voyager. C'est un sport collectif et on trouvera des solutions si tout le monde est intelligent. Vous ne pouvez pas faire une proposition écrite avec un petit groupe de personnes. Je regrette énormément que les instances du rugby mondial n'aient pas jugé pertinent d'impliquer les ligues professionnelles et le syndicat mondial des joueurs avant.

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