Top 14, la faillite d’un système

  • La Paris La Défense Arena lors d'un match de Top 14 Racing 92 - Pau
    La Paris La Défense Arena lors d'un match de Top 14 Racing 92 - Pau
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - La crise liée au coronavirus, et les négocations sur les baisses de salaires qui en découlent, sont venues révéler combien le modèle économique du rugby, tel qu’il est structuré aujourd’hui, est fragile. Et combien les joueurs, en misant tout sur leurs carrières, peuvent se retrouver démunis.

Le sujet est donc d’actualité. Il fut évoqué récemment par l’ancien capitaine du XV de France Thierry Dusautoir au cours d’un entretien accordé à nos confrères de L’Equipe, qui a connu un écho considérable. Logique, tant la voix de l’ex-flanker porte et tant le double projet se retrouve aujourd’hui au cœur des préoccupations, propulsé par la crise actuellement traversée. Celle-ci, conséquence d’une épidémie de Coronavirus évidemment impossible à anticiper qui a mis à l’arrêt l’ensemble des compétitions et la machine économique de notre sport, a d’abord révélé l’extrême fragilité du système. D’autant que les négociations sur les baisses des salaires des joueurs, devenues indispensables pour espérer que l’édifice ne s’effondre pas, ont fait la une des informations rugbystiques et accentué le malaise.

La raison ? La DNACG préconisait des coupes dratisques dans les émoluments touchés par les acteurs, lesquelles se heurtent frontalement à la réalité de ces derniers. Oui, depuis une quinzaine d’années, le rugby a connu une constante mutation, que certains mettront sur le dos du professionnalisme, d’autres sur celui des mentalités des gens qui le composent. Toujours est-il qu’il a changé au point de placer les joueurs dans une situation où, dans la grande majorité des cas, ils ont tout misé sur leurs carrières sportives. Ont-ils eu tort ? Là n’est pas la question. Ils sont aujourd’hui au milieu d’un modèle au sein duquel, des centres de formation où ils entrent de plus en plus tôt jusqu’aux équipes professionnelles, ils se retrouvent davantage coupés de la vie sociale qu’ils ne l’étaient. Les priorités changent dès lors et beaucoup choisissent d’abandonner les études ou les formations extérieures pour ne se consacrer qu’à la pratique du rugby. Les chiffres, parfois éloquents en ce qui concerne le nombre de diplômés par exemple, en attestent de manière dramatique.

Sans rugby, beaucoup sont à poil !

Il est alors, et de façon logique, difficile pour ces joueurs de concevoir une diminution substantielle de leurs rétributions (même si beaucoup disent comprendre le danger encouru par leurs clubs) quand leurs hauts revenus (en comparaison à la moyenne des citoyens) - qui leur permettent des investissements non négligeables - les obligent aussi à des emprunts importants et à des remboursements élevés auprès des banques. En quelques mots, ils comptent également sur le rugby pour financer leur "après carrière" et, sans lui, ils sont à poil. Le problème ? Il est que la crise du Covid-19 a donc mis en lumière combien le rugby vivait parfois au-dessus de ses moyens et combien le matelas économique sur lequel il respose était mince.

Or, qu’ils en soient les coupables, les responsables, les complices ou les victimes, les joueurs peuvent en faire les frais bien plus qu’ils ne le croyaient voilà encore trois mois. En ont-ils pris conscience ? Pour certains, c’est une évidence. Il n’y a qu’à lire le témoignage de Xavier Chauveau (page 5) qui, même si ce n’est pas forcément lié aux récents événements, a décidé de raccrocher les crampons à 27 ans. C’est pourquoi Thomas Lombard, le directeur sportif du Stade français, tire la sonnette d’alarme dans nos colonnes. La nécessité pour les protagonistes de ce sport de s’écrire un avenir en parallèle de leurs performances sur le terrain est (re)devenue impérieuse, tant pour rester connectés à la société que pour se prémunir de tout contretemps.

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