Jean-Baptiste Gros, explosion programmée

  • Top 14 - Jean-Baptiste GROS (Toulon), face à Bayonne.
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  • Top 14 - Jean-Baptiste Gros (Toulon), face à Oyonnax.
    Top 14 - Jean-Baptiste Gros (Toulon), face à Oyonnax.
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Contre Llanelli, Jean-Baptiste Gros (20 ans) a mis au supplice Samson Lee. Une nouvelle étape dans la carrière de ce surdoué, membre éminent de la "génération dorée" du RCT. Sa colocation avec Louis Carbonel, son arrivée au RCT ou encore les bénéfices de ses deux titres de champion du monde, le talentueux gaucher se raconte.

Patrice Collazo -pourtant peu adepte des distinctions individuelles devant la presse- n'a pas tari d'éloges au moment d'évoquer le récital de Jean-Baptiste Gros contre les Scarlets. "La performance est collective... mais Jean-Baptiste a réussi à mettre à mal son vis-à-vis, Samson Lee, qui a quand même un Grand Chelem et quelques sélections avec le pays de Galles." Quarante-et-une, pour être exact. Ça vous pose un adversaire. Mais face au jeune Arlésien (20 ans) Lee n'a jamais trouvé la solution. "C'était une bonne expérience. J'en avais discuté avec Patrice avant le match et on avait convenu que ce serait un bon test pour moi. Qu'après ce match j'allais en savoir davantage sur mes axes de travail et sur le niveau auquel je me situe ".

Bilan : s'il faudra évidemment confirmer cette performance, le gaucher toulonnais a montré qu'il avait le coffre pour s'inviter parmi les meilleurs piliers d'Europe. Pourtant, avant de mettre à mal le Gallois, Gros avait vécu un début de saison paradoxal. " Avec le Mondial u20 en Argentine, j'ai démarré la préparation physique plus tard. Et j'ai bien senti que j'avais du mal à m'y remettre. J'ai été dans le dur contre le Racing, notamment. À ce moment Patrice m'a pris à part et on a parlé. J'ai alors compris que j'avais bien profité, bien fêté mon titre et qu'il fallait aller de l'avant."

Une année chez les Carbonel

Depuis, "Jibé" a disputé 100% des rencontres toulonnaises (7/7), pour une progression linéaire. L'itinéraire d'un surdoué ? Certainement, même s'il affirme qu'il n'aurait "jamais imaginé" devenir pro, au moment de découvrir le rugby à Val de Provence (entente Tarascon-Graveson), à 10 ans. "Je jouais pilier, troisième ligne, talonneur... parfois même derrière. Ça, il ne faut pas hésiter à le dire au coach", s'amuse aujourd'hui celui qui rejoindra Châteaurenard à 15 ans. Pour une saison.

Se présentera alors à lui le pôle Espoirs de Hyères. "J'ai signé à Aix en Provence dans le même temps ". Pour deux saisons, au cours desquelles il s'est immédiatement imposé comme l'un des meilleurs gauchers de sa génération. Au point d'attirer l'attention du voisin toulonnais. "Mais vous savez ce qui a fini de me convaincre ? C'est que Louis (Carbonel, ndlr) m'a bassiné chaque jour au pôle. Il me disait toutes les trois minutes : "Signe à Toulon, tu vas t'éclater." Alors je lui ai dit en rigolant : "Ok, mais si je viens, je m'installe chez toi ." Et là il a directement appelé ses parents. "

À 18 ans, le solide gaucher s'installe ainsi sur la rade, où il intègre bien plus que la "bande à Carbo". "J'ai créé des liens avec ses potes, mais également ses parents. Pendant un an, je dormais chez eux tous les week-ends, et parfois même en semaine. Je ne les remercierai jamais assez. Surtout que j'étais à un âge compliqué. La première année ça ne se passait pas très bien..." En difficulté tant à l'école qu'au rugby, où il a la réputation d'être indiscipliné et régulièrement suspendu, Gros a parfois des coups de blues.

"Je faisais des petites conneries. Rien de grave, mais je ne me concentrais pas sur ma carrière." Alain Carbonel, père de Louis mais également illustre centre du RCT le prend sous son aile. "On parlait beaucoup avec Alain. Il me disait de me concentrer sur le rugby, de moins me disperser."

Un peu moins mauvais perdant que Louis

Gros travailleur, l'Arlésien reprend alors le fil de ses ambitions. Et découvre le Top 14, le 23 décembre 2017, lors de la réception d'Oyonnax. Un cadeau de Noël qui en appelle un autre, en juin 2018 ; surclassé avec l'équipe de France u20, Gros gagne match après match ses galons, au point d'être aligné lors de la demi-finale et de la finale du Mondial. Que la France remporte. Déjà double champion de France Crabos, "Jibé" devient champion du monde. Et comprend qu'il vient de vivre quelque chose de fort. "Ça te donne énormément de confiance. Et de la motivation. Je suis un peu moins mauvais perdant que Louis (il explose de rire) mais j'ai la haine de la défaite. Je l'ai toujours su mais j'en ai définitivement pris conscience à ce moment. Avec ce titre je me suis dit : "Ok, ce goût de la victoire, ça me plaît vraiment énormément.""

Top 14 - Jean-Baptiste Gros (Toulon), face à Oyonnax.
Top 14 - Jean-Baptiste Gros (Toulon), face à Oyonnax.
J'essaye d'apprendre quelques vices

Révélé aux yeux du grand public, Jean-Baptiste Gros intègre durablement le groupe pro toulonnais à son retour. Et fait 19 apparitions (11 titularisations) lors de la saison 2018/2019. En fin de saison, il remporte le titre de champion de France Espoirs avec le RCT et est à nouveau appelé pour disputer le Mondial u20. En Argentine cette fois. "On n'était plus champion de rien du tout et on a tous dû garder la tête froide pour atteindre notre objectif. Malgré le titre précédent, on a dû passer par des étapes difficiles. Alors y arriver à nouveau... C'était dingue ! Je pense que ce deuxième titre de champion du monde m'a apporté de l'humilité. Repartir de zéro pour obtenir une nouvelle fois un titre remporté un an plus tôt ça t'oblige à une énorme remise en question."

Membre éminent de la "génération qui ne sait pas perdre" du RCT, Gros sait qu'il devra désormais confirmer. "Je veux élever tous les curseurs, mais j'aimerais surtout insister sur la mobilité et la mêlée. Je suis jeune, mais j'essaye d'apprendre quelques vices." Qui incombent à son poste. "Patrice, Brique (Eric Dasalmartini ndlr), Flo (Fresia) et Seb (Taofifenua) m'aident à chaque entraînement. Je les observe et ça me tire vers le haut." Pour le plus grand plaisir du staff toulonnais, qui prend conscience sortie après sortie qu'il a entre les mains un diamant brut, capable de se hisser à 20 ans au niveau des tous meilleurs...

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