De Cromières : "Tant qu'il y aura des tricheurs, je serai contre le marquee player"

  • Eric de Cromieres (Président de Clermont)
    Eric de Cromieres (Président de Clermont)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Aujourd'hui se tiendra la réunion des présidents à Toulouse et le président de Clermont prend le temps de revenir sur les sujets d'actualité brûlants du moment, qu'ils soient personnels ou d'ordres plus généraux, entre l'abaissement du salary cap et les querelles de calendrier entre les institutions. Sans langue de bois, comme à son habitude...

Vous avez été au cœur de l'actualité la semaine dernière, en révélant vos problèmes de santé...

Déjà, pour mettre les choses au clair, je n'ai rien révélé du tout. C'est un journaliste de la Montagne qui a révélé cela après une discussion que nous avons eue tous les deux... Ceci étant dit, je n'en fais pas non plus un secret d'état. Quand les gens me voient, forcément, ils se posent des questions parce que mon visage a changé et que mes cheveux sont tombés. Mais quand vous supportez bien les effets du traitement, comme c'est mon cas, le cancer devient une maladie comme une autre. Je ne me plains pas, il y a beaucoup de gens qui sont beaucoup plus malheureux et beaucoup plus handicapés que moi.

L'actualité sera lourde demain à Toulouse, où les dossiers sensibles de la baisse des salaires et du marquee player seront inévitablement évoqués...

Déjà, il ne faut pas confondre le dossier de la baisse du salary cap et les baisses de salaire auxquelles ont consenti les joueurs. Il faut vraiment dissocier tout cela. La baisse du salary cap s'inscrit dans une politique à long terme, celle des salaires dans un contexte particulier. Et ce serait une traîtrise que de profiter de la bonne volonté des joueurs pour abaisser le salary cap.

On vous suit...

La baisse du salary cap correspond à un constat, que la crise de la covid 19 a contribué à mettre en lumière, et qui était que nous vivions au-dessus de nos moyens. I9l s'agit donc de réduire ce train de vie, sachant en outre que nous allons connaître des difficultés en termes de partenariat et de billetterie. À un moment donné, il s'agit d'équilibrer la balance entre les dépenses et les recettes, c'est juste une question de bon sens.

En ce qui concerne le marquee player, vous semblez faire partie du camp de ses opposants ?

J'y suis même résolument et farouchement opposé. Tant qu'on n'aura pas réussi à faire respecter le principe du salary cap à tout le monde, tant qu'on aura dans le circuit d'énormes tricheurs, ce n'est pas la peine de leur offrir des possibilités supplémentaires de tricher. J'imagine trop bien la situation... En imaginant un marquee player à 3 millions d'euros, il n'est pas difficile d'en rémunérer un un million et demi, et de se servir de l'argent restant pour créer une société écran et payer d'autres joueurs par des moyens détournés... On en peut pas prendre ce risque tant que notre modèle économique ne parviendra pas à maîtriser le salary cap. Et ce n'est qu'une raison parmi d'autres pour lesquelles je m'y oppose.

Quelles sont-elles, alors ?

D'abord, je dirai que même en ayant le meilleur manager du monde, je pense qu'il sera très difficile de gérer une saison avec un seul joueur payé dix fois plus que les autres. Ce n'est peut-être pas impossible, mais il n'empêche que dans un sport collectif comme le rugby, ça reste difficile. Et la dernière raison, qui est plus personnelle, c'est que je n'y crois pas. Je ne crois pas aux stars préfabriquées, aux stars vendues par le monde économique ou la télé. Les stars, pour moi, elles sont élues par leurs coéquipiers, sans qui elles ne seraient rien. En bref, pour être clair et précis : ce marquee player, c'est beaucoup d'inconvénients pour peu d'avantages.

À ce sujet de l'abaissement du salary cap s'en greffe un autre, celui du calendrier mondial, d'autant plus d'actualité que la FFR a retoqué la semaine dernière la proposition de calendrier de la LNR...

C'est un truc de fou, et c'est comme ça tous les ans, tout le temps... On essaie d'impliquer de la meilleure façon chacune des institutions, mais à la longue, ça revient à déposer des emplâtres sur des jambes de bois. Et maintenant, voilà World Rugby qui s'en mêle... À un moment donné, il va bien falloir que tout le monde se mette autour de la table pour discuter et apporter de vraies solutions.

Cela ne devait-il pas être l'essence de la réunion du 15 juin à Dublin, qui a pour l'heure accouché d'une souris ?

Ça, je ne sais pas. Tout ce que je peux vous dire, pour répondre à votre question, c'est que nous allons nous réunir demain en tant que clubs professionnels sous l'égide de la NR, et qu'on va certainement parler de cette problématique de calendrier. Du moins, j'espère. Après, vous dire ce qu'il en ressortira...

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