De Clément à coach Poitrenaud

  • Champions Cup - Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.
    Champions Cup - Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.
  • Champions Cup - Ugo MOLA et Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.
    Champions Cup - Ugo MOLA et Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.
  • Top 14 - Clément Poitrenaud (Toulouse).
    Top 14 - Clément Poitrenaud (Toulouse).
Publié le Mis à jour
Partager :

TOP 14 - Parmi le staff toulousain riche d’aux moins six entraîneurs, Clément Poitrenaud perpétue la tradition rouge et noire de coaches ayant porté le maillot de la Ville rose. Joueur, l’arrière était insaisissable. Devenu coach, il a sa propre touche.

C’est l’un des plus beaux palmarès du rugby français. Avec quatre Brennus remportés, trois Coupes d’Europe, deux Mondiaux disputés et trois Tournois des 6 Nations gagnés (dont un Grand Chelem), le discret Clément Poitrenaud a connu un riche passé de joueur.

Il a fait partie de la génération Michalak-Poitrenaud-Jeanjean qui aura été sacrée en 2001 pour sa première saison avec les pros toulousains. Lui qui était originaire d’une famille de basketteurs a pris sa première licence de rugby à six dans ce club qu’il ne quittera plus. Élevé à la matrice rouge et noir avec ses préceptes de jeu, il en a été l’un des symboles. " Clément Poitrenaud représente l'idée que j'ai du jeu toulousain, " disait alors son entraîneur Ugo Mola, devenu aujourd’hui collègue.

Champions Cup - Ugo MOLA et Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.
Champions Cup - Ugo MOLA et Clement POITRENAUD (Toulouse), face à Montpellier.

Un regard noir cachant un sourire canaille, un tempérament de feu derrière un discours toujours posé et réfléchi, ce grand fan de photographie a toujours semblé éloigné des clichés accompagnant les rugbymen. Le Sud-Africain Rynhardt Elstadt avec son regard extérieur semble conquis. " Clément est une personne phénoménale. Il a été un grand joueur et c’est aujourd’hui un grand entraîneur-joueur (sic). Il apporte beaucoup de liant entre nous par petites touches individuelles. C’est une personne très ouverte d’esprit. Il est très important dans le staff et son rôle et sa communication sont cruciaux. Durant sa carrière, il a connu tellement de succès avec le Stade Toulousain que c’est une richesse qu’il puisse nous en faire profiter. "

Ce voyage en Afrique du Sud qui a tout changé

Quarante-sept sélections en Bleus plus tard, la saison 2016-2017 a rimé avec fin de carrière avec les Rouge et Noir mais pas sans une dernière pige. Le natif de Castres est en effet parti disputer plusieurs matches avec la franchise sud-africaine de Durban, les Natal Sharks. Revenu sur les bords de Garonne, il a alors passé ses diplômes d’entraîneurs. " La réflexion d’embrasser cette carrière est venue sur le tard, avoue Clément Poitrenaud. Mon passage en Afrique du Sud a fini de me conforter avec cette idée-là. J’avais envie de revenir au Stade Toulousain et travailler, entre autres, avec Ugo (Mola) et Didier (Lacroix). C’est apparu comme une évidence. "

Aujourd’hui âgé de 37 ans, Clément a d’abord été coach des skills en 2018 mais aussi des Espoirs. Champion en tant que coach pour sa première saison, voilà qui n’est pas sans rappeler d’autres entraîneurs, à l’instar de l’icône Guy Novès. Casquette sur la tête, cheveux noirs et longs, barbe fournie et tatouages sur le bras droit, il est monté en grade, devenant cette saison entraîneur des lignes arrières. " Quand on passe de joueur à entraîneur, explique Ugo Mola, on a du mal à sonder le gap qui existe sur la quantité de travail. Il faut manger du rugby jour et nuit, en faire manger à sa famille et être passionné, sinon, on ne dure pas. C’est le cas avec Clément. "

Top 14 - Clément Poitrenaud (Toulouse).
Top 14 - Clément Poitrenaud (Toulouse).

Fidèle à lui-même

Avec un style de jeu à l’époque fait de relances, d’appuis déroutants et de prises de risques, impossible de s’attendre à du conformisme avec Poitrenaud. L’un de ceux qui le connait depuis le plus longtemps n’est autre que Maxime Médard. " En plus d’apporter de la continuité en tant qu'ancien du club, il a aussi ajouté une part de qualité et de diversité dans les exercices pour nous les trois-quarts, tout en étant en contact avec les plus jeunes du clubs. C’est un sacré job. Et puis même si on a été coéquipiers et potes, il y a un rapport coach-joueur où chacun fait la part des choses. " Le demi de mêlée Pierre Pagès apprécie. " Il nous fait profiter de son excellente technique individuelle et de sa vision qui correspond à celle du club, le tout basé sur énormément de vitesse. "

Ses proches le décrivent autant comme fidèle en amitié, rêveur et casanier, avec un mot force : passion. " J’aime passer du temps avec les joueurs, presque en individuel parfois, détaille l’intéressé. Cela permet tout à la fois de régler des détails ou parler d’autre chose que de rugby. J’y prends autant de plaisir que lorsque je regarde des matches, pense à des stratégies, goûte à la joie d’une victoire qui est évidemment un moment particulier, le résultat de nos efforts. C’est un métier chronophage donc je passe le plus clair de mon temps dans le rugby. Le peu de moments restant, je les consacre à ma famille et mes amis. Un peu moins à la photographie. "

Qu’importe, aujourd’hui le plaisir de coach Poitrenaud est ailleurs. Dans son présent. Mais un présent toujours tourné vers demain. " La pratique, passer du temps avec les garçons, visionner des matches, voir ce qui se fait ailleurs ou se confronter les uns aux autres sont des axes de progression pour un entraîneur comme moi. Mais surtout, il faut rester fidèle à soi-même. Quand on prétend vouloir être coach, il faut avoir des idées et s’y tenir tout en faisant passer son discours auprès des joueurs. "

Du sang rouge et noir

L’arrière ou ailier Arthur Bonneval représente une forme d’héritage. " On sent qu’il a été biberonné au jeu toulousain. Ses passions pour le jeu et les prises d’initiatives sont les mêmes que quand il était joueur. On se régale aux entraînements avec lui, on ne s’ennuie jamais car il se renouvelle beaucoup. Il sait mixer état d’esprit compétitif à chaque exercice mais avec le brin de déconne qu’il faut. C’est aussi un jeune coach qui met les joueurs en confiance afin que l’on n’hésite pas à prendre des risques dans notre jeu fait de duels. Je l’ai rarement vu gueuler même quand ça ne va pas. Il reste sans cesse positif. Depuis qu’il est là, il y a une sorte de nouvel élan dans la ligne de trois-quarts et on le voit en terme de jeu. "

S’agissant de sa fonction et de sa présence, Clément Poitrenaud semble compléter à merveille avec sa patte le staff qui a été récompensé pour la saison passée par la LNR comme le meilleur du Top 14. Arthur Bonneval de poursuivre. " J’ai eu la chance de jouer avec lui durant trois saisons et il m’a guidé en tant que coéquipier pour mes premiers matches. Petit, mes idoles étaient Vincent Clerc et Clément Poitrenaud. Alors vous imaginez avoir joué avec et se faire entraîner maintenant… "

Selon Ugo Mola, " Clément est un produit du Stade Toulousain qui a le sang rouge et noir. C’est assez édifiant de voir la qualité que proposent nos trois-quarts depuis quelques temps et il en est en partie responsable. Comme on l’a tous vécu, il continue de se former. Il grandit, il progresse et il sera un entraîneur qui va compter. Il représente le coach du Stade Toulousain du présent et du futur. " De là à l’imaginer un joueur entraîneur en chef… En attendant, depuis vingt ans, le nom et le style de Clément Poitrenaud zigzaguent sur Toulouse et le rugby de France. Ce n’est pas fini.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?