La Rochelle : une remise en selle en trois actes

  • Ronan O'gara en train de donner des conseils à Jules Plisson
    Ronan O'gara en train de donner des conseils à Jules Plisson
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TOP 14 - Top 14 - En proie aux doutes avant l'entrée dans l'hiver, le Stade Rochelais, désormais 3e du championnat, s'est refait une santé à l'occasion du dernier (long) bloc. Malgré une élimination en Champions Cup, le club maritime semble avoir trouvé la clé du système O'Gara. A coups de déclics.

"Si on veut être dans le Top 6 et gagner le bouclier, on doit être mieux que ça..." La déception affichée par Victor Vito, samedi soir, malgré la victoire contre Montpellier (35-30), en dit long sur l'appétit retrouvé du Stade Rochelais. Même si les jaune et noir ont beau connaître encore des passages à vide, ils affichent par moment, depuis quelques semaines, un niveau proche de la perfection. Qui l'eût cru après un début de saison en dents de scie et les difficultés éprouvées pour s'adapter au nouveau plan de jeu façonné par Jono Gibbes et Ronan O'Gara. A peine achevé, ce bloc de douze matches a forgé un désormais réel prétendant au titre. La preuve en trois actes fondateurs.

Acte 1 : Sale, terre de révolte

Tout avait pourtant mal commencé. Fessé à Lyon mi-novembre (45-17), surpassé à Deflandre par Exeter la semaine suivante pour son entrée en lice en Coupe d'Europe (12-31), le XV maritime aborde alors les premiers matches d'hiver au creux de la vague. Dans les bars de La Rochelle, le concept de "saison de transition" n'a jamais autant résonné qu'avant ce déplacement à Sale. Pourtant, cette soirée du 24 novembre marque un premier tournant dans l'aventure. La défaite est encore au rendez-vous, certes (25-15). Mais, pour la première fois depuis des mois, le collectif est au diapason.

Engagement, solidarité, défense de fer... A 13 contre 15 pendant vingt minutes, le Stade Rochelais n'encaisse pas le moindre point. Personne ne "s'échappe", comme diraient les spécialistes. Si ce sursaut d'orgueil est insuffisant pour arracher ne serait-ce qu'un bonus défensif, l'esprit d'équipe renaît sur la pelouse de l'AJ Bell Stadium. Accessoirement, pendant cette parenthèse européenne, le club à la caravelle s'attache les services de Jules Plisson. Le coup de poker va vite s'avérer un coup de maître.

Acte 2 : Plisson débarque, O'Gara se démarque, l'équipe embarque

D'aucuns ricanaient à l'annonce du transfert surprise de l'enfant du Stade Français sur les bords de l'Atlantique, à la mi-novembre. Deux mois plus tard, l'international aux 18 sélections ne fait plus rire personne. Décisif dès ses premières minutes sous le deuxième maillot de sa carrière, Plisson se fond alors dans le moule en un éclair. Quand certains coéquipiers sont encore en train d'assimiler le projet de jeu que le bras droit de Jono Gibbes, Ronan O'Gara, a emmené dans ses bagages après son double sacre en Super Rugby avec les Crusaders.

En coulisses, l'Irlandais piaffe d'impatience. La greffe commence à prendre, mais pas assez vite aux yeux du technicien. La Rochelle est de nouveau surprise à domicile, par Glasgow. ROG, pas du genre à mâcher ses mots, monte au créneau avant le match retour. Il veut voir des "Tarzans" sur la pelouse. En substance, ça donne ça : "Soit tu es sur le bateau, soit tu dégages !"

48h plus tard, à dix jours de Noël, ses hommes asphyxient le dernier finaliste du Pro 14 (7-14). Un succès au courage. Le système défensif cher à O'Gara fait son petit effet. "Normalement si on fait bien, je ne sais pas qui peut passer dans notre ligne de défense", dira d'ailleurs Uini Atonio par la suite. Car le Stade Rochelais confirme et termine l'année 2019 sur les chapeaux de roue. Avec, au passage, un point de bonus défensif décroché chez l'ogre girondin. Seul le Stade Toulousain, champion en titre, a réussi pareille performance cette saison sur la pelouse de l'Union-Bordeaux-Bègles.

Acte 3 : Un voyage tout bonus à Pau

Une semaine après les 40 points passés à Agen, la Section Paloise prend le même tarif. A la seule différence près que c'était sur sa propre pelouse (13-44). La Rochelle entame l'an 2020 avec une victoire à 5 points. Les cadres sont de retour à leur meilleur niveau. Tel Kévin Gourdon, aussi performant qu'à l'époque, pas si lointaine, où il était considéré comme un élément indétrônable dans le XV de départ des Bleus. Au Hameau, le dernier demi-finaliste du Top 14 signe sa première victoire à l'extérieur de l'exercice 2019-2020, en championnat. Une délivrance tant attendue. Cela s'est vu samedi dernier. La Rochelle a joué plus libéré.

Hasard du calendrier, ou pas, la déferlante offensive rochelaise est tombée sur le MHR de...Xavier Garbajosa, l'un des bâtisseurs du fameux jeu à la rochelaise qui avait quelque peu disparu des radars depuis son départ à l'intersaison. Par séquences, sur des combinaisons récitées à merveille, les Maritimes ont semblé franchir un nouveau cap dans leur étonnante progression hivernale. S'ils n'avaient pas flanché en fin de match, la copie aurait sans doute été la plus aboutie de la saison. D'où cette forme de déception ressentie par le capitaine Vito. Pour autant, le groupe assure en avoir encore sous le pied. A quand l'acte 4 ? Tout de jaune vêtu, Jules Plisson signerait sans doute volontiers pour faire un coup face à son club de toujours, dans une quinzaine de jours.

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