Servat : "C'est une chance de participer à une rencontre comme celle-là"

Rugbyrama : La remobilisation du groupe après quinze jours de repos et en plein Tournoi a-t-elle été compliquée ?

William Servat : Notre groupe qui vit bien, nos joueurs sont très motivés par ce challenge qu'est le Top 14. Toutefois, nous avons une période compliquée avec les absents et notamment la blessure très récente de notre capitaine Julien Marchand. Nous avons tous une pensée pour lui dans ce moment difficile. J'espère sincèrement qu'il aura la possibilité de revenir plus fort pour participer à cette Coupe du Monde. Afin de le remplacer dans cette tâche, Joe Tekori et François Cros sont des joueurs déjà concernés par le capitanat. Après concertation avec le staff, nous avons également souhaiter responsabiliser encore davantage Jerome Kaino sur le week-end et pour la suite.

Dimanche, vous allez jouer sur une surface rapide, un terrain qui vous convient plutôt bien ?

W.S. : Il convient déjà bien au Racing, c'est un avantage pour eux. Mais nous avons des joueurs qui apprécient ce genre de revêtement et qui ont participé à des entraînements sur cette surface pour essayer de la maîtriser.

Après avoir remis les pieds sur un synthétique aux Saracens, je me suis dit que j'avais bien fait d'arrêter ma carrière (rires). Mais aujourd'hui, les terrains ont évolué et pour avoir foulé la pelouse de la Paris La Défense Arena lorsque nous en avons fait l'ouverture avec le Stade Toulousain, ce sont des matières qui favorisent la vitesse et le jeu, ce qui est intéressant.

Certains pointent du doigt l'atmosphère spéciale de cette enceinte, qu'en pensez vous ?

W.S. : Le rugby est un spectacle. C'est un sport, un plaisir, une passion. Avant de causer du tracas, c'est un sport que nous pratiquons parce que nous sommes passionnés. Réjouissons-nous de jouer dans une salle aussi sympa. Nous y avons joué dessus l'année passée et honnêtement, je pense que cette salle représente quelque chose. L'atmosphère y est différente, mais les joueurs refuseraient-ils de jouer au Millennium ? Je ne crois pas. Les matchs au Millennium font partie des plus grands souvenirs de joueur pour moi. C'est une chance de participer à une rencontre comme celle-la, il faut la saisir. Tout le monde sera très enthousiaste dimanche.

Les jeunes lancés dans le grand bain ont répondu présent jusqu'alors. Vous êtes leader du championnat, est-ce que ce match est une chance pour eux de se montrer car vous n'avez rien à perdre, ou est-il impératif de s'imposer au Racing ?

W.S. : Nous nous déplaçons pour essayer de gagner. Il y a quelques jeunes dans le groupe, mais le club essaie à chaque sortie d'obtenir un résultat. Je parlais de passion et de spectacle, mais la passion c'est aussi de gagner. En tant que compétiteur, en tant que joueur et en tant qu'entraîneur, nous avons tous envie de gagner.

Ce résultat passera par le comportement des jeunes et aussi des moins jeunes qui sont là pour diriger le bateau, accompagner ces jeunes forces qui peuvent nous aider à mettre un coup de collier.

Redoutez-vous cette période du Tournoi des 6 Nations ?

W.S. : C'est toujours une période particulière. L'an dernier, nous étions aussi bien placés et à la fin du Tournoi nous avons perdu de nombreuses places. Nous avions beaucoup moins d'internationaux que cette année. Même si ce week-end n'est pas réellement un doublon, nous pouvons le considérer comme tel. Effectivement, il nous manque beaucoup de monde. Nous avons trois joueurs du même poste qui sont en Équipe de France. Les choses ont été très claires dès le départ avec le sélectionneur, aucun joueur n'est libéré aujourd'hui. On espère surtout que ceux qui n'ont pas eu beaucoup de temps de jeu restent en bonne forme physique.

Les mauvais résultats des Bleus pèsent-ils sur les joueurs quand ils reviennent en club ?

W.S. : Ce sont des compétiteurs donc ça peut être embêtant pour eux. En tant qu'international, j'ai également vécu des périodes compliquées, tout n'a pas toujours été facile. J'ai joué avec Guilhem Guirado, c'est quelqu'un que j'ai beaucoup apprécié et qui a un gros caractère. Je n'ai pas à interférer dans les décisions des staffs, ce n'est pas le seul joueur sur le terrain, et même si la situation est pesante pour lui, je pense qu'il a largement les épaules pour être capitaine. Lorsque je jouais, nous n'aurions pas du nous qualifier pour une Coupe du Monde et finalement nous aurions largement du la gagner. Tout va très vite dans le rugby, dans un sens comme dans l'autre.

Le Top 14 prépare-t-il les joueurs au niveau international ?

W.S. : Sur les différentes Coupes du monde que nous avons disputées, j'ai l'impression qu'il préparait bien les joueurs, notamment en 1999, 2003, 2007 et 2011. 2015 est un petit peu compliquée, mais il n'y a qu'à regarder les joueurs étrangers plusieurs fois champions du monde qui ont émis le souhait de venir jouer chez nous, ils vous diront que c'est une belle compétition. La mêlée prend peut-être plus d'importance en France, quoique. Quand je vois les performances de la mêlée Néo-Zélandaise au dernier mondial, nous voyons qu'elle est devenue importante pour eux aussi. Je pense que le Top 14 est une compétition très difficile et prépare de grands joueurs.

Thomas Saint-Antonin