Toulouse a joué l’ouverture avec son staff

  • Top 14 - Alan Basson Zondagh à l'entraînement du Stade toulousain entre Florian Verhaeghe et Pierre Pagès
    Top 14 - Alan Basson Zondagh à l'entraînement du Stade toulousain entre Florian Verhaeghe et Pierre Pagès
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TOP 14 – La tradition voulait que les membres du staff technique du Stade toulousain soient d’anciens de la maison. En intégrant AB Zondagh, voire à une moindre mesure le préparateur physique Allan Ryan, les champions de France font montre d’ouverture à l’heure de défendre leur titre.

Durant des années où il dominait le rugby de France, voire d’Europe, on disait du Stade toulousain qu’il avait vingt ans d’avance. Rattrapé par la concurrence, les Rouge et Noir du président Lacroix ont dû se réinventer, tout en gardant de fortes traditions, gages de succès. Cet été, l’une d’elles a sauté avec la réorganisation du staff de coaches. Avec les départs de William Servat pour le prochain encadrement des Bleus et de Jean Bouilhou vers Montauban, on n’a pas remplacé poste pour poste. Ainsi, Clément Poitrenaud a pris du galon pour épauler les trois-quarts, formant un trio avec Mola et Sonnes, quand Virgile Lacombe s’est vu confier l’encadrement des avants, sans oublier Laurent Thuéry. L’ancien arrière et surtout l’ancien talonneur ont donc confirmé la tradition du "avoir porté le maillot pour entraîner". La nouveauté a donc été autant dictée que voulue.

Ainsi, la première porte ouverte l’a été pour Alan-Basson Zondagh, alias "AB" (à prononcer à l’anglaise "Hey-Bi"). Déjà présent sur les bords de Garonne lors d’une pige en décembre 2018, les talents de ce jeune coach sud-africain de 33 ans ont forcé la direction stadiste à le garder sur la durée. La fonction est de développer les skills de l’équipe première, mais aussi de toutes les équipes du club avec un rôle transversal, tout en ayant son mot à dire sur les Espoirs. "Je suis impressionné de voir l’implication de chaque joueur à vouloir progresser individuellement avec les exercices que je leur propose," lance AB Zondagh.

"Même les Français, dont on dit à tort qu’ils sont moins concernés", complète celui que vous verrez des fois en fin d’entraînement une raquette de tennis à la main en train de canarder un joueur d’une cinquantaine de balles de tennis qu’il doit attraper et mettre dans une boite, pour augmenter acuité visuelle, réactivité et adresse. Alors quand c’est Joe Tekori qui s’y plie, fou-rires garantis à l’issue de la séance. "Parfois, poursuit ce coach à la casquette toujours vissée sur la tête, le rythme et la pression des compétitions font que l’on oublie de développer nos capacités rugbystiques personnelles. C’est pour ça que je suis là : pour continuer de progresser. Si le joueur était à 6/10 en début de saison, je veux qu’il ait au moins progressé à 8/10 d’ici juin. Ainsi, tout rejaillira sur l’équipe." Sa force de persuasion tient tant à sa méthode qu’à son abnégation et son sourire qui motive. Lui qui n’a jamais été pro et a connu un accident de surf qui l’a poussé dans cette voie du coaching évite la routine.

Un peu comme à la maison

Zondagh est donc entré comme une évidence. Mais une autre sorte d’ouverture a été réalisée avec l’arrivée du préparateur physique irlandais Allan Ryan avec le titre de directeur de la performance. Suite au départ d’Alex Marco à Toulon où il a remplacé Thibault Giroud, lui aussi appelé chez les Bleus, Ryan est devenu celui en charge de la prépa'. Comme il a pu le faire durant sept saisons chez les Anglais de Bath, voire avant aux London Irish et aux Wasps.

"J’apprends à découvrir Allan, glisse d’une voix douce le rugueux flanker international sud-africain Rynhardt Elstadt, mais AB que je connaissais est une personne avec des méthodes différentes qui vous permettent de progresser." Avec Zondagh donc, Kolbe, Van Dyk, Elstadt et aussi Tedder et Kok depuis cette intersaison, la colonie sud-af de la Ville rose s’est ainsi agrandie. "Cela nous donne un sentiment d’avoir une sorte de famille ici, nous qui sommes tant éloignés de nos familles en Afrique du Sud qui nous manquent."

Mais hors de question de penser en termes de clans. "C’est un immense honneur que ce club de classe mondiale m’ait fait confiance, quel que soit mon origine ou parcours, donc à moi d’apporter ma touche", clarifie AB Zondagh qui tient à s’exprimer déjà en français avec tous les joueurs de toutes les équipes du club dont il s’occupe, de 6 ans jusqu’aux pros !

L’atout de la langue dans des effectifs de plus en plus cosmopolites

En plus de leurs capacités techniques et humaines, ces deux coaches remplissent aussi un autre rôle. Celui de la langue. Avec 15 joueurs de l’effectif anglophones, même si le français est langue imposée, quelques mots, quelques conseils, quelques blagues dans la langue de Jonny Wilkinson sont des détails qui parfois peuvent aider au cœur des longues saisons que proposent le Top 14.

Enfin, Ugo Mola, le boss du sportif depuis 2015 voit plus loin avec ces recrues venues d’ailleurs. "Alors qu’on nous a souvent accusé de consanguinité s’agissant des coaches et des dirigeants, on prouve le contraire avec cette petite touche. Surtout, ça nous fait un regard extérieur et international hyper intéressant. Que ce soit sur le quotidien mais aussi sur le laboratoire virtuel qui nous fait réfléchir sans cesse au rugby de demain. Cet apport est quelque chose de prévu sur la durée. Ce n’est pas du one shot."

Évidemment, le Stade toulousain et ses 20 Brennus n’en sont toujours pas à imaginer un jour avoir un manager, un directeur du rugby ou autre coach principal n’ayant pas porté le rouge et le noir. Mais dans la mondialisation actuelle du rugby, la ville où les "Mémés aiment la castagne" ne veut pas passer à côté du moindre détail qui pourrait continuer de la faire gagner.

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