Stade Toulousain : retour sur terre

L’invincibilité toulousaine a volé en éclat dimanche au GGL Stadium. Après un match nul et trois succès consécutifs (à Grenoble, contre La Rochelle et le Racing92), les coéquipiers de Julien Marchand ont encaissé un cinglant 66-15 dans l’Hérault. Une soirée cauchemardesque : "Pas besoin dans dire beaucoup, on voit le score à la fin et il résume la partie. On n’a pas été présent, c’est comme ça. Nous avions une jeune équipe mais ce n’est pas une excuse, loin de là. Après, c’était la première fois qu’on jouait ensemble donc… On va rentrer à Toulouse en baissant la tête car ce soir il n’y a que ça à faire. Récupérer, car on connaît le match que nous avons le week-end prochain contre Castres. On connaît la difficulté qu’on va rencontrer à la maison", explique le talonneur.

Alors le pari tenté par les coachs toulousains était-il trop grand ? Cette équipe composée de six jeunes joueurs qui fêtaient leur première titularisation et dont la moyenne d’âge ne dépassait pas les 24 ans, n’a-t-elle pas été envoyée à "l’abattoir" ? Régis Sonnes, coach des trois-quarts, réfute : "Cette défaite peut être marquante pour eux, on va en discuter collectivement. Mais c’est aussi intéressant qu’ils puissent jouer. Il faut les mettre dans le bain, qu’ils prennent du temps de jeu et de l’expérience. Au final à Montpellier, ce n’était pas le meilleur moment pour les mettre. Mais, nous (les coachs, NDLR), dans notre décision, par rapport aux matchs passés et futures, c’était le moment. Les jeunes s’entraînent tous les jours, ils sont prêts et il faut donc les envoyer ! Ils étaient préparés et s’en doutaient."

Castres, le révélateur…

Un constat partagé par Julien Marchand : "Je ne sais pas si c’était un défi trop grand pour nous, il faudra le voir à la vidéo. Et d’ailleurs je ne pense pas qu’il y ait eu de souci sur l’envie." Pris sur l’entame, où ils ont multiplié les erreurs défensives par manque d’automatismes collectifs, les Toulousains ont ensuite vécu un supplice en infériorité numérique après le carton rouge de Faasalele : "On a eu du mal à attaquer ce match et après le carton rouge, cela devient difficile de maintenir l’intensité et les repères collectifs. C’est ce qui a manqué à l’équipe dans certains moments", poursuit l’entraîneur.

Au final, les visiteurs ont encaissé la bagatelle de dix essais mais Romain Ntamack préfère lui retenir l’état d’esprit affiché : "Quand tu prends une "valise" comme ça c’est difficile, mais je trouve qu’on a montré pas mal de caractère. Même si on prenait l’eau de tous les côtés, on essayait à chaque fois de rattraper les coups en restant solidaires en défense. Après, forcément, quand on a en face de nous des internationaux avec je ne sais combien de sélections à tous les postes et que nous, on aligne une équipe assez jeune, cela nous fait apprendre. Et nous aide aussi à grandir. On va s’en servir pour le week-end prochain afin d’avoir une source de motivation supplémentaire."

Le score est lourd, c’est vrai, mais je ne pense pas que cela va nous perturber plus que ça dans notre travail

Certes, mais un score si large interloque et amène forcément une question de fond : le groupe ne va-t-il pas être marqué par cette déroute, qui vient casser une dynamique positive avant un choc face à Castres samedi : "Non je ne pense pas. On sait les erreurs commises et on connaît sur quoi on doit axer notre progression. Le score est lourd, c’est vrai, mais je ne pense pas que cela va nous perturber plus que ça dans notre travail. C’est un petit coup dur mais nous allons rester motivés", poursuit le jeune numéro dix. Alors, cette "impasse", initialement faite à Montpellier pour préserver le groupe avant Castres (trois défaites face aux Tarnais l’an passé), laissera-t-elle des traces ? Au point d’avoir l’effet inverse de celui escompté… Ou restera-t-elle in fine un accident de parcours sans conséquence ? Réponse samedi à Ernest Wallon.

Julien LOUIS