Pour Brive, face à Grenoble, ce n'est ni l'heure de la frustration, ni l'heure des regrets

  • Pro D2 - L'équipe de Brive en finale contre Bayonne
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  • Pro D2 - Saïd Hirèche (Brive) contre Bayonne
    Pro D2 - Saïd Hirèche (Brive) contre Bayonne
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TOP 14 - Après la désillusion de la finale perdue face à Bayonne dimanche dernier, Brive retrouve Grenoble sur sa route avec à la clé une accession en Top 14 en cas de succès. Les Corréziens vont devoir se montrer bien plus lucides qu'à Pau pour espérer s'ouvrir les portes du paradis. Décryptage avec Éric Blondeau sur les clés de ce rebond mental à aller chercher.

"Il faudra de la révolte et de la colère." Les mots sont ceux de Saïd Hirèche le capitaine de Brive quelques instants après le coup de pied gagnant du Bayonnais Martin Bustos Moyano et le coup de sifflet final de M.Descottes. Comme une sentence irrémédiable qui s'est muée en cruel coup reçu sur la tête par le valeureux troisième ligne et tous ses coéquipiers. Non, Brive ne sera pas champion de France Pro D2 et ne verra pas pour l'instant le Top 14. Sauf que la troupe corrézienne a encore une chance d'y parvenir ce dimanche dans son antre du stadium, là où elle demeure invaincue en seize rencontres cette saison. Ce sera face à Grenoble, 13ème de Top 14. Plus facile à dire qu'à faire nous direz-vous tant la rencontre arrive vite après la désillusion et que le scénario d'une finale perdue fut sans aucun doute difficile à digérer.

? Sevanaïa Galala : « On a une deuxième chance cette semaine et on va tout donner avec l’équipe. »

Karlen Asieshvili : « On s’est bien préparé et on arrive à se défaire de la pression. Notre équipe est à la fois jeune et expérimentée, nous ferons tout notre possible. »#CABFCG pic.twitter.com/JBov9FHJR4

— CABCLRUGBY (@CABCLRUGBY) June 1, 2019

"Si on fait le constat du match face à Bayonne, il est sûr que les Brivistes savent qu'ils ont laissé passer des occasions et qu'ils ont fait des fautes naïves. Ça engendre un mécanisme très simple dans le cerveau qui s'appelle la désillusion. Il y avait une illusion que le match était gagné" analyse Éric Blondeau. Spécialiste de la perfomance et de la prise de décision dans les forts enjeux, cet expert en gestion du stress a notamment travaillé auprès de Vern Cotter avec Clermont, le XV d'Écosse puis Montpellier.

La vaine colère

À la question de savoir donc quels mécanismes activer en vue de ce match d'accession et si la colère sera suffisante pour redresser la tête, Éric Blondeau réfute cette idée. "Déjà il faut que les joueurs prennent conscience qu'ils étaient dans une illusion. La désillusion amène une frustration et des regrets, des remords, des ressentiments, un esprit de revanche, et une colère. Sauf que cela n'a aucun sens car ces mécanismes sont orientés sur le passé. À titre personnel, je ne m'en servirai pas" prévient t-il, tout en poursuivant : "Faire cela, c'est se servir des événements du passé pour constuire un match. En face, Grenoble n'a rien demandé et à vrai dire Grenoble s'en fout. Construire une stratégie sur la frustration, le remords, le regret, le ressentiment, la colère, ça n'a aucun sens. Ça marche à l'entame d'un match notamment, on arrive à booster les mecs comme des malades pendant quelques minutes parce qu'on va puiser chez eux une sorte de combat mais en fait nous sommes sortis des rails et de la réalité." Il existerait donc un réel risque à ne vouloir pour les Corréziens se focaliser seulement sur la colère et la frustration.

Conférence de presse en cours avec So’otala Fa ´Aso ´O et Jeremy Davidson qui s’attend à ? « plus d’intensité et un niveau de jeu différent demain. Nous voulons rendre hommage à notre public qui nous soutient de la plus belle des manières à chaque match. »#CABFCG pic.twitter.com/7w12STxrvP

— CABCLRUGBY (@CABCLRUGBY) June 1, 2019

"C'est complètement insuffisant car selon moi on restera dans des dogmes et des règles. Qu'on s'en serve de manière ponctuelle, oui pour marquer une empreinte mais ça doit faire partie d'un plan de jeu et d'une stratégie qui doivent être beaucoup plus matures et plus intelligentes" soutient celui qui conseille également des diplomates, chefs d'entreprises et troupes d'élite du GIGN. En réalité , ce qui compte et là les Brivistes l'ont parfaitement saisi à la fin de la finale c'est le fait de "se remobiliser et de passer à autre chose" comme le délivraient Jeremy Davidson et François Da Ros dans les couloirs du Hameau.

Le "switch" ou le bouton de la bascule

Cela passe donc selon Éric Blondeau par la création d'un "switch, un des grands classiques de la préparation mentale. Factuellement le match de Bayonne est derrière. Il y a un stop mental à faire là-dessus déjà et se dire que ce qui s'est passé est passé. Cela nécessite d'avoir un vrai projet, une vraie vision. Car le résultat du match sera une conséquence. C'est plus une vision collective de l'enjeu qui va permettre d'avoir une vision individuelle pour chacun des joueurs" livre l'expert. Pour lui,

"chaque joueur va devoir se projeter individuellement pour créer une dynamique collective. La vision ce n'est pas un truc au-dessus d'une équipe qui flotte comme un nuage.Les joueurs doivent l'incarner individuellement pour répondre collectivement. C'est vraiment un travail individuel à faire sur du concret et de la réalité pour embrasser le match qui vient."

Pro D2 - Saïd Hirèche (Brive) contre Bayonne
Pro D2 - Saïd Hirèche (Brive) contre Bayonne

La réalisation d'une telle projection peut être notamment permise par le "retour aux fondamentaux. Ce que les joueurs du CABCL savent très bien faire et qu'ils ont négligé dans le match d'avant. La routine ne doit pas être changé et il ne faut rien remettre à zéro. Ce serait une ineptie. Il faut au contraire avoir une bonne routine pour avec beaucoup de clairvoyance avoir du discernement, de l'intelligence , de l'adaptabilité et de la créativité dans ce match-là." Car en fait comme le précise le spécialiste des situations traumatiques, "pour ce match-là rien ne va changer dans la routine si ce n'est l'équipe en face, le temps et l'enjeu. Seule l'instauration d'un micro-doute et le fait de "parer à toute éventualité" comme le déclarait Saïd Hirèche avant la finale peut ramener un surcroît de conscience dans les têtes brivistes. "L'idée c'est comment on s'adapte et on se prépare à la surprise. Si on crée des surprises et qu'on n'y est pas prêt, on perd en lucidité, en intelligence, en cohésion et en collectif" conclut Éric Blondeau. Surprendre, et ne pas être surpris, et si c'était l'une des clés pour les Brivistes à l'assaut d'une place en Top 14 ?

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