Moyano : "Je n'ai aucun problème à ce que Matera soit mon capitaine"

  • Top 14 - Ramiro Moyano (Toulon)
    Top 14 - Ramiro Moyano (Toulon)
  • Ramiro Moyano (Argentine)
    Ramiro Moyano (Argentine)
  • Ramiro Moyano aux côtés de Gabin Villière mais sous la pression d'Hidalgo-Clyne
    Ramiro Moyano aux côtés de Gabin Villière mais sous la pression d'Hidalgo-Clyne
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Revenu du Rugby Championship début décembre, où il n'a que très peu joué, Ramiro Moyano (30 ans, 36 sélections) est heureux d'avoir retrouvé la rade. Diego Maradona, la polémique autour de Guido Petti et Pablo Matera mais également ses ambitions personnelles, l'ailier/arrière du RCT s'est confié à Rugbyrama.

Ramiro, pouvez-vous nous racontez votre début de saison, durant lequel vous avez connu une blessure prématurée, avant de partir deux mois en sélection...

C'était un peu étrange. Je n'ai joué qu'un seul match avec le RCT, à cause de ma blessure aux ischios. Et dès le moment où je pouvais à nouveau jouer, j'ai été appelé par les Pumas. J'ai aimé savoir qu'on me faisait confiance, et en même temps j'avais si peu joué à Toulon, j'étais déçu de laisser l'équipe... J'aurais aimé jouer plus, mais c'est ainsi.

Durant le Rugby Championship, l'Argentine a battu la Nouvelle-Zélande pour la première fois de son histoire, avant de faire deux matchs nuls contre l'Australie. Vous n'étiez pas de ces matchs, mais qu'est-ce que cela représente pour un joueur argentin ?

C'était hyper important pour nous : la majeure partie de l'équipe n'avait pas joué depuis sept mois à cause de la crise sanitaire, et nous voulions montrer un bon visage. Ainsi, savoir qu'on allait retrouver la compétition face à la Nouvelle-Zélande et l'Australie était un challenge immense. Alors vaincre les Blacks représentait quelque chose d'immense, de fantastique pour tout le rugby argentin. Tout le monde était fier, heureux, c'était dingue. Concernant l'Australie, nous étions chez eux, et parvenir à les regarder droit dans les yeux nous a rendu fiers. C'est un immense accomplissement.

Personnellement, vous n'avez joué qu'une rencontre, contre les All Blacks (défaite 38-0), comment l'expliquez-vous ?

Je n'en sais rien, on ne m'a pas franchement expliqué... Seul, j'ai déduit que la première équipe qui a joué a battu les Blacks, donc que le staff a choisi de faire confiance aux mecs... J'ai bien eu la chance de jouer le deuxième match contre la Nouvelle-Zélande, mais ça s'est moins bien passé, donc ils se sont appuyés sur une équipe "type".

Vous êtes davantage arrière, mais vous avez évolué à l'aile avec l'Argentine. C'est également le cas ces derniers mois avec Toulon. Quel poste préférez-vous aujourd'hui ?

Je peux jouer aux deux postes sans le moindre problème. Maintenant si je dois donner ma préférence, je choisirais l'arrière. Je me sens plus à l'aise. Mais depuis deux ans je suis davantage utilisé à l'aile, et ça me va parfaitement.

Ramiro Moyano (Argentine)
Ramiro Moyano (Argentine)

Sortons un peu du rugby : Diego Maradona est décédé durant le Rugby Championship, et l'hommage rendu par les Pumas a été jugé insuffisant par de nombreux Argentins. Avez-vous compris ce reproche ?

Maradona était très important pour nous, les joueurs de rugby. Il est régulièrement venu nous accompagner, rigoler avec nous et nous nous sentions proches de Diego. Ç'a vraiment touché le groupe, et tout le monde était très affecté. Nous avons tenté de donner énormément sur le terrain pour lui rendre hommage, mais les Argentins ont jugé que c'était insuffisant... Alors on a reçu beaucoup de critiques, et nous nous sommes excusés, tout en essayant de mieux honorer sa mémoire sur le terrain lors des rencontres suivantes...

Comment peut-on demander à un joueur de rendre un hommage "visible", alors que les émotions sont, par définition, très personnelles ?

C'est irrationnel, je suis d'accord avec vous... Ce que tu ressens n'a rien à voir avec la façon dont tu l'exprimes, dont tu te comportes. Selon moi tu n'as pas à pleurer plus fort pour montrer que tu es plus affecté que ton voisin. Sur le terrain, nous avons tenté de rendre hommage à Maradona, mais nous avons perdu : il n'empêche que nous sommes vraiment touchés par son décès ! C'est ainsi. Quand on joue, on joue pour nous, et en ce sens le décès de Diego a été très inspirant pour le groupe, même si cela ne s'est pas ressenti sur le résultat... Et finalement, si les gens ne nous ont pas cru, ce n'est pas notre problème.

Comment avez-vous vécu la polémique autour des tweets racistes de Guido Petti, Pablo Matera et Santiago Socino ?

Au risque de ne pas être original, je vais dire comme mes coéquipiers : Guido, Pablo et Santiago ont fait des commentaires incompréhensibles. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait cela. Mais il faut également noter que c'était il y a 10-12 ans (N.D.L.R. en 2011), ils étaient très jeunes, et depuis ils ont énormément changé. D'une part ils se sont excusés, et avec les années, en plus d'être devenus de bons joueurs, je peux vous garantir que ce sont devenus de belles personnes. Je sais qu'ils ne sont pas racistes, et je n'ai aucun problème à ce que Pablo Matera soit mon capitaine. Je suis à 100% derrière lui, et je pense même qu'humainement c'est la meilleure personne de l'équipe. Ils ont fait une erreur de jeunesse, et ont changé depuis.

Pour finir sur les Pumas, on a appris au terme du tirage au sort qui a eu lieu mi-décembre que l'Argentine croiserait le fer avec le Japon et l'Angleterre lors de la prochaine Coupe du monde. Est-ce un bon tirage ?

Je ne sais pas si c'est un bon tirage, mais je pense que nous aurons vraiment notre mot à dire. Nous avons une équipe qui monte en puissance, avec des joueurs très talentueux et nous avons désormais une idée précise du parcours qui nous attendra en 2023. On va pouvoir analyser le jeu de l'Angleterre et du Japon, afin d'être prêts. Ensuite on mettra en place notre plan de jeu. Nous avons souvent joué contre les Anglais, c'est l'une des meilleures équipes du monde. Mais c'est un challenge à la hauteur du talent de notre équipe. On veut remporter tous les matchs. Concernant le Japon, c'est certainement l'équipe qui a le plus progressé depuis dix ans. Ils proposent un joli jeu, et on sait que le duel sera disputé. Il faudra bien travailler, optimiser le temps mais nous serons prêts. Personnellement, je suis convaincu que l'Argentine a les armes pour s'inviter sur le podium d'une Coupe du monde.

Vous avez finalement retrouvé Toulon, et inscrit votre premier essai de la saison contre Sale. Comment appréhende-t-on le fait de revenir en cours de compétition, après deux mois passés loin de l'équipe ?

J'étais si heureux de retrouver l'équipe, et pouvoir marquer d'entrée te permet de prouver à tout le monde que tu n'auras pas besoin de temps de réadaptation. J'ai ressenti de la joie chez les mecs, je me sens bien dans ce groupe. D'autant que ce n'est pas évident de réintégrer une équipe après plusieurs semaines : tu dois te remettre directement au niveau, ré-assimiler le plan de jeu et les choses qui ont pu évoluer. C'est du travail, mais je suis heureux d'avoir retrouvé Toulon.

Ramiro Moyano aux côtés de Gabin Villière mais sous la pression d'Hidalgo-Clyne
Ramiro Moyano aux côtés de Gabin Villière mais sous la pression d'Hidalgo-Clyne

Êtes-vous resté en contact avec le groupe pendant deux mois ?

Oui oui, via le groupe WhatsApp, on a discuté de manière constante. Afin de savoir ce qu'il se passait, de continuer à progresser en Français, d'avoir connaissance des nouveautés dans le plan de jeu. Et c'est ce qui m'a permis de rapidement me remettre à jour.

Ça fait désormais un peu plus d'un an que vous êtes joueur du RCT. Que pensez-vous de cette première expérience européenne ?

Rejoindre l'Europe a été l'une des meilleures décisions de ma vie. Le rugby à Toulon est vraiment un sujet de première importance, le championnat est de très haut-niveau, et j'évolue dans l'une des meilleures équipes du monde, avec plusieurs joueurs de classes internationales, qu'espérer de mieux ? Je suis vraiment fier et heureux de pouvoir jouer sous ces couleurs.

À la base vous aviez un contrat de six mois. Comment êtes-vous parvenus à convaincre les dirigeants de vous prolonger de deux saisons ?

La saison passée j'ai joué six ou sept matchs d'affilée, où j'ai été plutôt performant. Et quand le confinement nous est tombé dessus, je voulais rester, et les dirigeants voulaient que je fasse partie de l'équipe qu'ils étaient en train de construire. Tout le monde est tombé d'accord rapidement, et je considère qu'à mon âge (N.D.L.R. 30 ans) c'est une opportunité géniale d'être à Toulon pour encore deux saisons.

Quelles sont vos ambitions pour la suite de la saison ?

Remporter des trophées et devenir titulaire indiscutable, afin de jouer le plus de matchs possibles cette saison. À l'aile ? Ça ne me pose aucun problème, tant que c'est pour le bien de l'équipe.

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