Bachelier : "Maintenant que je rejoue, je ne veux plus m’arrêter"

  • Top 14 - Lucas Bachelier (Perpignan) contre Agen
    Top 14 - Lucas Bachelier (Perpignan) contre Agen
  • Lucas Bachelier - Perpignan
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  • Lucas Bachelier de Perpignan contre SU Agen
    Lucas Bachelier de Perpignan contre SU Agen
  • David Marty va vivre son dernier match à Perpignan
    David Marty va vivre son dernier match à Perpignan
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TOP 14 - Dimanche dernier à Agen, Lucas Bachelier (23 ans) a disputé son premier match professionnel depuis janvier 2017. Après dix-neuf mois de galères et de blessures, le taiseux troisième ligne de l’Usap s’est confié. Rencontre avec ce pur produit du terroir catalan que le Top 14 ne devrait pas tarder à découvrir.

Il avait tout pour devenir la coqueluche des supporteurs sang et or. Aussi timide dans la vie que caractériel sur les terrains, Lucas Bachelier ressemble à l’archétype du rugbyman catalan. Dans la lignée des Marty, Perez et autres Vilaceca, qu’il confie avoir admiré, le troisième ligne de l’Usap a crevé l’écran il y a deux saisons, en Pro D2. Avant qu’une rupture des ligaments croisés et des complications au genou ne mettent un sérieux coup d’arrêt à sa jeune carrière. International français chez les jeunes, Lucas Bachelier a désormais fermé cette triste parenthèse, et n’aspire plus qu’à une seule chose : jouer.

Rugbyrama : Lucas, avant toute chose, qu’avez-vous ressenti dimanche dernier à Agen ?

Lucas Bachelier : Ça fait plaisir de rejouer au rugby. Cela faisait longtemps que je n’avais plus disputé un match officiel (Colomiers-Perpignan, 20 janvier 2017, NDLR). Mais au final, je n’ai pas eu plus d’émotions que ça, c’est comme si je m’étais blessé hier et que je reprenais aujourd’hui. Voilà, je suis content, j’ai eu l’occasion de jouer mais je ne me suis pas mis plus de pression. J’espère surtout que je vais enchaîner ce week-end et que le staff compte à nouveau sur moi.

Lucas Bachelier - Perpignan
Lucas Bachelier - Perpignan

Comment jugez-vous votre performance sur cette rencontre ?

L.B. : J’ai revu le match, et je n’ai pas fait une super rencontre, personnellement. C’était un match de reprise, je manquais de repères et de rythme. Je ne savais pas trop comment me gérer pour ne pas me cramer. Mais je me suis envoyé et j’ai fait ce que j’ai pu. Voilà, c’était ni un très bon, ni un mauvais match.

On vous a tout de même vu très réactif dans les rucks et les zones de combat…

L.B. : C’est ce qu’on me demande aussi un peu, de ralentir les rucks adverses et si possible de récupérer un ou deux ballons voire des pénalités. J’aime bien ce secteur de jeu et gratter dans le ballon.

Je préfère gratter un ballon plutôt que faire une percée de vingt mètres

Personnellement, vous avez aussi été au rendez-vous dans l’agressivité…

L.B. : Ce n’est pas parce que nous nous sommes troués dans l’agressivité contre Paris que j’ai voulu en faire trop à Agen. Je suis comme ça je pense, c’est ma façon d’être en effet et je ne surjoue pas. Je ne veux surtout pas pénaliser l’équipe avec des fautes bêtes et des excès de colère. Contre Agen, je me fais justement pénaliser au sol un peu bêtement, mais on va mettre ça sur le compte de la reprise et le trop-plein d’envie.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment définiriez-vous votre style de jeu ?

L.B. : J’aime particulièrement la défense, je suis moins à l’aise en attaque (rires). Il y a beaucoup de choses à travailler dans tous les domaines bien sûr, mais mes points forts sont concentrés sur l’aspect défensif du rugby. Techniquement, ce n’est pas la folie. Je ne ferai pas des passes sautées. Je préfère gratter un ballon plutôt que faire une percée de vingt mètres.

Revenons sur l’épisode qui a mis sous silence votre carrière pendant plus d’un an et demi. Que s’est-il passé depuis janvier 2017 ?

L.B. : Je me suis fait opérer du genou une première fois après une rupture des ligaments croisés. Au bout de huit mois, je devais reprendre mais il y a eu des complications et j’ai dû subir une deuxième intervention. C’était un peu long et assez compliqué à ce moment-là. Mais à partir de cet épisode, je suis revenu dans une préparation classique depuis quelques mois, et tout est rentré dans l’ordre aujourd’hui.

Je me devais de garder le sourire avec les autres

Avez-vous eu des doutes et des périodes difficiles pendant cette longue absence ?

L.B. : Tu ne le vis pas forcément bien, mais le truc c’est que tu le gardes pour toi. Je ne voulais pas empiéter sur l’équipe, je me devais de garder le sourire avec les autres. C’était mon rôle, je ne voulais pas leur apporter de mauvaises ondes. Donc oui, c’était long, compliqué, mais tu t’accroches comme tous les sportifs de haut niveau lorsqu’ils se blessent. Ça m’a appris à être patient.

Cette blessure est intervenue alors que vous aviez fait votre trou en Pro D2…

L.B. : Je ne sais pas si j’avais percé à ce moment-là, mais c’est vrai que j’avais réussi à enchaîner avec l’équipe première. C’était la première saison où je jouais vraiment et je commençais à être bien dans l’équipe. C’était un gros coup d’arrêt. Heureusement que le groupe était là et que les mecs m’ont soutenu.

Lucas Bachelier de Perpignan contre SU Agen
Lucas Bachelier de Perpignan contre SU Agen

Des coéquipiers qui ont vécu une saison dernière extraordinaire. Comment vivez-vous le fait de ne pas avoir pris part à la remontée du club en Top 14 ?

L.B. : Ça me fait un peu chier. C’est ce que j’avais dit, je voulais rester et faire partie de l’équipe qui ferait remonter le club en Top 14. C’était mon objectif. J’en ai fait partie, mais je n’étais pas acteur. J’étais leur supporteur numéro un. De l’intérieur, c’était quand même quelque chose d’exceptionnel. J’étais très content pour eux, j’ai fêté le titre avec tout le monde, mais j’ai très peu contribué. Ça, c’est assez frustrant malgré le bonheur que j’ai eu de voir l’Usap remonter.

Que représente pour vous le fait de jouer sous les couleurs de Perpignan ?

L.B. : Quand tu es catalan, ça fait toujours plaisir de jouer pour l’Usap. J’ai toujours une émotion de revenir à Aimé-Giral par exemple. Ça me fait quelque chose d’entrer sur ce stade, avec un public qu’il n’y a pas partout. Quand tu es bien ici, tu n’as pas envie d’en partir.

Perez, Vilaceca, Marty… Ce sont des bons exemples pour moi. Je me suis retrouvé en eux

Y a-t-il des joueurs qui vous ont marqué depuis toutes ces années au club ?

L.B. : De l’extérieur, quand je regardais l’Usap à la télé, c’était surtout la force du groupe que je voyais, il n’y avait pas d’individualités. Mais après, une fois que tu es au club et que tu te retrouves par t’entraîner avec Pedro (Jean-Pierre) Perez, Guillaume Vilaceca, David Marty, même Lifeimi Mafi l’an passé… Sur l’état d’esprit, ce sont des mecs irréprochables, qui s’engagent à 200% pour le club, sur le terrain et en dehors. Ce sont des bons exemples pour moi.

David Marty va vivre son dernier match à Perpignan
David Marty va vivre son dernier match à Perpignan

Marty, Perez, Vilaceca… On vous compare souvent à eux. Êtes-vous l’héritier de ce flambeau catalan au sein de l’Usap ?

L.B. : Je ne sais pas (rires). Quand tu les rencontres au début, ce sont des personnes qui ne te parlent pas beaucoup. Peut-être un peu comme moi c’est vrai. Mais après, tu apprends à les connaître et tu t’aperçois que ce sont surtout des gens très simples. Ils n’aiment pas forcément les strass et les paillettes. Ils ont de vraies valeurs, et je me suis retrouvé en eux. J’étais content qu’ils m’acceptent et m’encadrent sur le terrain.

Envisagez-vous comme eux, de réaliser la grande majorité voire la totalité de votre carrière à l’Usap ?

L.B. : Je n’y pense pas forcément. J’ai la chance de la faire ici, tant mieux. C’est le rêve de tous les mecs qui habitent ici. Mais on ne sait pas ce qu’il peut se passer après. Je n’ai pas pensé à partir, mais le club peut ne plus vouloir de moi. Ça arrive, on ne sait jamais. Aujourd’hui, je veux juste jouer au rugby. Nous sommes beaucoup en troisième ligne et il y a pas mal de concurrence. Et c’est à moi de prouver que je peux jouer avec eux. Mon objectif, c’est d’être dans cette rotation. Maintenant que je rejoue, je ne veux plus m’arrêter.

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