L’antagonisme Mola – Urios

  • Ugo Mola a de l'ambition pour la saison à venir
    Ugo Mola a de l'ambition pour la saison à venir
  • Champions Cup - Ugo Mola (Toulouse)
    Champions Cup - Ugo Mola (Toulouse)
  • Christophe Urios (Castres)
    Christophe Urios (Castres)
  • Le groupe d'Oyonnax autour écoute la causerie de Christope Urios
    Le groupe d'Oyonnax autour écoute la causerie de Christope Urios
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TOP 14 - Le choc de samedi Castres – Toulouse, décisif pour la qualification, met aussi en lumière deux méthodes, deux organisations et deux hommes avec Christophe Urios et Ugo Mola. Deux personnalités du rugby français qui ne s’apprécient guère.

Mettons tout de suite les pieds dans le plat en disant tout haut ce qui se murmure tout bas. Oui, les entraîneurs Christophe Urios et Ugo Mola ne s’aiment pas beaucoup et ils sont très peu loquaces sur le sujet. Mais les personnalités, très terroir de l’un et un peu plus fantasque de l’autre, international qui plus est quand le premier ne l’a pas été, n’auraient rien arrangé entre ces deux anciens coéquipiers du CO entre 1997 et 1999. Coach adjoint chez les Marine et Blanc entre 2002 et 2005, Urios (53 ans aujourd’hui) a entraîné Mola (45 ans).

Enfin, Urios n’a pas été conservé en tant que coach en 2005 et Mola est devenu entraîneur adjoint de Laurent Seigne en suivant. Il suffit de rajouter un soupçon de communication maladroite et de vie privée par-dessus tout ça pour rendre la relation encore tendue entre ces deux forts caractères, bien des années plus tard.

Au-delà de cette inimitié de deux des meilleurs entraîneurs hexagonaux, il faut surtout reconnaître qu’ils prônent un rugby différent. Mola n’a pas pris de gants pour le souligner après la défaite du barrage de la saison passée ou plus récemment évoquant un voisin "éloigné sur l'état d'esprit ou sur la conception du jeu." Le CO à la sauce Urios doit avant tout gagner. Quitte à faire déjouer l’adversaire. Le plan est clinique, l’investissement doit être total, la guerre des rucks une obligation, la pression au pied une constance et le réalisme offensif, une conséquence.

Champions Cup - Ugo Mola (Toulouse)
Champions Cup - Ugo Mola (Toulouse)

Critiqué sur son jeu manquant de panache, Urios préfère la gagne. Et pourtant, après les 36 points inscrits contre Perpignan cette saison, il a devancé les questions en zone mixte d’un "pour une équipe qui ne joue pas bien, ils étaient beaux ces cinq essais, non?" Non loin du Capitole, on se targue du célèbre "jeu de mains, jeu de Toulousains." Mais les Stadistes ne sont jamais aussi performants que dans le désordre (travaillé des heures durant aux entraînements) faisant suite aux pertes de balles adverses.

Assumer l’héritage Guy Novès

Fort de sa méthode éprouvée, Urios a réussi le pari de réussir chez lui. Le truculent entraîneur va quitter les rives de l’Agout pour celles de la Gironde avec au moins un titre de champion de France 2018, sans jamais avoir eu le plus gros budget, compensé tout de même par une masse salariale très bien exploitée avec un effectif riche. Bien qu’entouré de spécialistes, le Montpelliérain de naissance compte plutôt sur une garde rapprochée, dont Frédéric Charrier pour les trois-quarts est le fidèle bras droit.

Pour Mola, il a surtout été question d’assumer l’héritage Guy Novès. Avec un staff et des joueurs d’un certain âge qu’il n’avait pas choisis, il a d’abord dû composer. Le tout, avec une présidence en transition. Une fois le staff et l’effectif recomposés, celui qui a connu Mazamet, le CO et Albi pour premières expériences de coach, a pu imposer ses vues tout en respectant la signature rugbystique du club de la Ville rose. Avec un président Lacroix au soutien, un Régis Sonnes en binôme et l’apport des Bouilhou, Poitrenaud, Servat ou Thuery, Mola peut compter sur un staff à l’anglaise. Et tout cela a rejailli sur une jeunesse décomplexée à qui on ne faisait plus trop confiance avant son arrivée.

Christophe Urios (Castres)
Christophe Urios (Castres)

Avec ces deux personnages charismatiques, il est aussi question de communication(s). Urios, qui ne se cache pas d’aimer les plaisirs de la table est un "bon client", glissant toujours une petite phrase humoristique, piquante ou qui porte à réflexion. Quand Mola va réfuter l’idée d’un derby entre Castres et Toulouse, Urios insiste "beaucoup sur la petite ville contre la grande ville. Pour moi c'est le vrai rugby. Ce match, c'est une opposition de styles, que ce soit sur le jeu, le management ou l'histoire des clubs. J’en joue et je me régale de préparer ce match. Je suis dans mon élément."

Le management, son ADN

Pourtant, sa gouaille et sa voix forte ne sauraient cacher une communication interne à l’ancienne. Christophe Urios dont le regard ne triche pas sait très bien quoi dire, quand le dire et surtout à qui. Et même à ne pas faire dans la langue de bois (rare de nos jours) ou reconnaître publiquement ses mauvais choix (encore plus rare !). Mola et sa barbe de plusieurs jours, ses réactions de joie de bord de touche ou sa participation au cercle des joueurs après les matches semble avoir une com’ plus dans l’air du temps. Dès qu’il s’agit de parler de l’autre, cela devient plus compliqué. Le Tarnais va nous faire les yeux noirs quand le Haut-Garonnais va louer "le travail accompli par le staff du CO".

Il est en tout cas un dessein que ces deux boss ont en commun. Celui de responsabiliser leurs hommes. A Bourgoin puis à Oyonnax, Urios a créé des relais, des capitaines de vie et de jeu avec lesquels des points de performances sont organisés afin d’évoquer les objectifs en cours de saison. Le manager aux lunettes stylées apprécie s’appuyer sur des effectifs hétéroclites où se mêlent jeunes talents, joueurs d’expérience, étrangers de caractère et personnalités revanchardes. Le management et tenir son vestiaire constituent son ADN.

Le groupe d'Oyonnax autour écoute la causerie de Christope Urios
Le groupe d'Oyonnax autour écoute la causerie de Christope Urios

Dans le vestiaire rouge et noir, Mola s’appuie aussi sur ses cadres et a toujours fait en sorte que les joueurs s’approprient le projet. En soit les dépositaires. Bref, quand bien même leurs antagonismes, ces deux grands entraîneurs ont fait de l’humain leur raison d’entraîner.

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