La Rochelle : Mohr, du capitanat au tutorat

  • Robert Mohr (Directeur Sportif du Stade Français)
    Robert Mohr (Directeur Sportif du Stade Français)
  • Top 14 - Brock James (UBB)
    Top 14 - Brock James (UBB)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Quelques mois après son éviction du Stade Français, où il officiait comme directeur du développement sportif, Robert Mohr retrouve peu ou prou la même mission au sein de la maison Stade Rochelais. Comme une évidence pour l'ancien capitaine emblématique (2002-2012) du club à la caravelle, recruté notamment pour favoriser l'éclosion du centre de formation.

"Une pensée pour mon ami Robert Mohr ! Un garde-fou au respect des valeurs et de l'éthique sportive certainement trop encombrant pour certains..." Pierre Venayre n'a pas la gâchette facile sur Twitter. La dernière gazouille du directeur général du Stade Rochelais remonte au 11 janvier dernier, quelques heures après l'annonce de la mise à l'écart du technicien du Stade Français. Et elle résonne comme un symbole, un semestre plus tard. "Et pourquoi pas un retour dans son ciel jaune et noir ?", lui avait d'ailleurs répondu un supporter rochelais, à l'époque. Avait-il déjà cette idée derrière la tête, Pierre Venayre ? Toujours est-il que le retour du capitaine Mohr dans son fief est désormais réalité. Et c'était quasiment cousu de fil blanc.

"Capitaine plus qu'exemplaire dans son amour du maillot jaune et noir", comme le décrit Pierre Venayre, l'ex-deuxième ligne emblématique du club maritime partait avec une longueur d'avance pour enfiler le tout nouveau costume de responsable du développement. Tout sauf un hasard au sein d'une entité presque intégralement entre les mains d'anciens. De Vincent Merling à Pierre Venayre en personne, d'ailleurs. En passant par Arnaud Dorier, Romain Carmignani, Sébastien Boboul, Laurent Albinet et Alexandre Bares. Sans oublier Steven Sparks, fraîchement nommé responsable de l'école de rugby.

Une pensée pour mon ami Robert Mohr ! Un garde-fou au respect des valeurs et de l'éthique sportive certainement trop encombrant pour certains...

— Pierre Venayre (@PierreVenayre) January 11, 2019

L'éviction du Stade Français digérée

"Avec Pierre, on se connait depuis très très longtemps, abonde un Robert Mohr fier de revêtir de nouveau un survêt floqué à l'écusson du club à la caravelle. On a travaillé ensemble sur le projet "Grandir Ensemble", déjà. On avait beaucoup de contact, quand j'étais en Allemagne et au Stade Français. Il a échangé avec le directeur sportif Jono Gibbes sur les besoins du club à l'avenir. Après, j'ai vu Jono plusieurs fois parce que je voulais être sûr qu'on ait les mêmes idées." Douché par la tournure qu'a prise sa collaboration avec Heyneke Meyer au Stade Français, l'ancien capitaine rochelais entre 2002 et 2012 souhaitait des garanties avant de s'engager.

Pour autant, Robert Mohr assure ne ressentir aucune rancœur particulière envers le club parisien, propriété du Docteur Wild. Un homme à qui il "doit beaucoup", notamment pour son investissement pour le rugby allemand, et à qui il souhaite le meilleur sportivement. Sa brutale éviction début janvier ? La fin d'un cycle, tout simplement : "La seconde saison, ce qu'on voulait mettre en place ne me convenait plus. Le Stade Français ne partageait pas forcément mes avis et mes convictions. On avait tout simplement des idées différentes sur la construction d'un club compétitif et avec du succès. C'était mieux de se séparer."

"Robert Mohr, qu'on ne présente pas, fait son retour au Club ! Il sera en charge, avec Jono, du développement de la structure et organisation sportive, notamment le lien avec la formation. Il travaillera aussi sur le recrutement avec Jono et moi-même" Pierre Venayre #FievreSR

— Stade Rochelais (@staderochelais) June 12, 2019

Une mission à quatre bandes

"Mais on a surtout pas pris Robert pour lui trouver un point de chute, on a pris Robert parce que le Stade Rochelais avait besoin de lui pour continuer son développement sportif", tient toutefois à rappeler Pierre Venayre. Car derrière la dimension affective se cache une mission que le club maritime considère comme essentielle pour décrocher ce qui lui manque et regarder encore un peu plus les cadors du Top 14 dans les yeux. A savoir un titre. Et si le recrutement de Ronan O'Gara, qui rejoindra prochainement le staff, attire davantage le feu des projecteurs, celui de Robert Mohr n'en est pas moins prépondérant dans cette tâche. Dans l'ombre, l'ancien international allemand va jouer sur plusieurs tableaux.

Le Stade Rochelais a décliné son rôle en quatre piliers principaux, que l'on pourrait vulgariser ainsi : assurer le lien entre le centre de formation et l'équipe pro, professionnaliser la méthodologie de recrutement, favoriser la filière interne et renforcer la culture club. Voici la recette pour, en définitive, préparer un "plan de succession" et "faire un sorte qu'un maximum de jeunes du club deviennent professionnels." D'où le choix délibéré et assumé de ne faire appel qu'à trois recrues extérieures en cette intersaison : Brock James, Reda Wardi et Facundo Bosch.

Top 14 - Brock James (UBB)
Top 14 - Brock James (UBB)

Vers une relation père-fils avec le groupe ?

Très excité à l'idée de porter "cette grosse responsabilité", Robert Mohr s'attend à un challenge "beaucoup plus dur plus qu'il y a 17 ans", lors de ses premiers pas sous le maillot rochelais comme joueur. Rien à voir, dans l'absolu. Mais ses dix années de capitanat et de leader de vestiaire devraient l'épauler pour créer un lien presque intime avec le réservoir actuel. C'est son défi. "Dans un groupe de 40, il y a beaucoup de caractères différents. Il faut individualiser le discours. La vérité, c'est que c'est de plus en plus difficile avec les enjeux individuels qui augmentent. Je vais travailler beaucoup là-dessus, c'est passionnant", confie à Rugbyrama le nouveau responsable du développement.

A 41 ans, Robert Mohr s'apprête donc à se coiffer d'une casquette de père spirituel, en quelque sorte : "Pour être performant dans ce sport, il faut toujours créer une relation au-delà du contrat de travail. Mieux connaitre les joueurs. C'est le plus gros challenge du rugby à l'avenir, je trouve. C'est quelque chose qui n'est pas très exploité aujourd'hui." Il a déjà commencé, à vrai dire. Présent dès début mai à Newcastle lors la première finale européenne de l’histoire du Stade Rochelais, Robert Mohr l'était aussi à Bordeaux pas plus tard que le premier week-end de juin, pour les ½ finale de Top 14. Son rêve désormais, c'est de prendre la direction du Stade de France avec La Rochelle.

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