La Rochelle : mêlée de fer, touche amère

  • Top 14 - Dany Priso portant le ballon et Uini Atonio à son soutien (La Rochelle) contre Bordeaux
    Top 14 - Dany Priso portant le ballon et Uini Atonio à son soutien (La Rochelle) contre Bordeaux
Publié le
Partager :

TOP 14 - A quelques heures du barrage à Colombes face au Racing en Top14, le Stade Rochelais affiche un contraste saisissant en conquête. Avec une mêlée redoutable, mais une touche un brin friable cette saison.

"Sur certains matches, il nous a dit que si on faisait 100% en mêlée, on irait au resto. Je crois qu'il nous doit au moins quatre ou cinq restos. On approche de la fin et on n'a toujours pas mangé (rires). On commence à avoir faim." Le défi lancé par Grégory Patat n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Dany Priso a la verve facile quand il s'agit d'évoquer son domaine de prédilection. Indiscutable à son poste de pilier gauche, aussi bien en club que progressivement avec le XV de France, l'international français attend son entraîneur des avants au tournant. Et autant dire que si le pack maritime continue d'être aussi mordant avec ses adversaires qu'avec la barbaque, la note risque d'être salée.

Meilleur pack du Top 14 ?

Avec plus de 94% de propres mêlées conservées, le Stade Rochelais affiche de loin le meilleur ratio du Top 14. Et ne laisse que des miettes à ses adversaires. 11 ballons perdus en 259 introductions de Tawera Kerr-Barlow et autres, ce chiffre résume à lui seul la domination du huit de devant, dans ce registre. Et si celui de Clermont parvient avec davantage d'efficacité à contrarier les introductions averses avec 37 ballons récupérés, la Rochelle n'est pas non plus en reste. En moyenne, les hommes du club à la caravelle en piquent un par match, depuis le début du championnat. De là à en conclure que le pack jaune et noir est le plus performant du rugby français, il y a un pas que Dany Priso ne s'aventure pas à franchir totalement.

"Que les statistiques disent que l'on est les meilleurs ou je ne sais quoi...Du moment où tu gagnes les matches, c'est le plus important. Cela ne reste que des stats, ça fait pas gagner des titres", souffle celui qui a commencé ses premières joutes en mêlée fermée à 17 ans, en Corrèze. A la Rochelle en effet, tout le monde échangerait volontiers ce statut honorifique contre un premier Brennus. Chaque chose en son temps pour Jono Gibbes, qui compte beaucoup ce soir sur sa première ligne Priso-Orioli-Atonio aux deux tiers internationale. "Ils devront transmettre la mentalité à tout le pack, lance le directeur du rugby rochelais. Les combinaisons avec Dany et Uini, l'expérience des autres...On est capable de construire une mêlée vraiment forte. Elle donne des certitudes à l'équipe."

Le départ fracassant de Patrice Collazo, à l'intersaison dernière, aurait pu laisser craindre un certain essoufflement, ne serait-ce que temporaire, de l'efficacité rochelaise en mêlée fermée. Tant le fils spirituel du président Merling a fabriqué à la pelle de futurs internationaux, durant ses sept années passées à façonner une véritable forteresse. Finalement, pas un seul grain de sable n'est venu roder la machine. La transition avec Grégory Patat, son successeur chez les avants ? "Naturelle, tranche Dany Priso. On est tous adultes. On n'a pas fait tout ça pour se dire : "Il est parti, c'est fini". Soit on se lamente dessus, parce que l'on avait pour certains une relation très proche avec Patrice, et on passe pour des cons. Soit, par respect pour le coach qui est là et celui qui est parti, tu joues à fond. A un moment, il faut se prendre en main et savoir ce qu'on veut."

La touche souffre davantage de la transition

L'alignement rochelais en touche, sur la même longueur d'onde dans le discours, semble en revanche toujours courir derrière son meilleur niveau. Le départ de Jason Eaton, infatigable leader de touche, à la fois sauteur et contreur invétéré, n'y est pas étranger. Même si Romain Sazy, indispensable comme jamais cette saison, n'a pas trop à rougir de la comparaison, la touche rochelaise cherche clairement un second souffle. Le taux de réussite des Maritimes sur leurs lancers dépasse péniblement les 80% sur les 26 journées de la phase régulière du championnat. Il descend même à 72,8% quand le talonneur remplaçant entre en jeu. Quant aux prises en touche sur lancers adverses, la Rochelle en comptabilise 18. Soit deux fois moins qu'Agen.

Les Blacks font des erreurs, aussi...

Les dernières sorties illustrent parfaitement ces scories qui grippent la mécanique, dans ce secteur de jeu. Pas plus tard que samedi dernier, le Stade Rochelais, en étrillant l'Union-Bordeaux-Bègles (81-12), a toutefois égaré six ballons sur ses...huit lancers ! "Un non-match en touche", reconnaissait volontiers, grimace aux lèvres, le capitaine Sazy dès le coup de sifflet final. "Mais on a bossé par rapport à ça dès lundi", rassure "le Sheriff" comme l'appellent ses coéquipiers. A Lyon, il y a deux semaines, deux touches vendangées dans le money time, près de la ligne adverse, avaient par ailleurs empêché les Rochelais de pouvoir décrocher un bonus défensif qui aurait pu s'avérer très précieux dans la quête du Top 6.

S'ils n'en ont finalement pas eu besoin, de ce point, pour atteindre pour la deuxième fois de l'histoire du club les phases finales, les Rochelais seraient bien inspirés de régler la mire en barrage. Marc Andreu le sait mieux que personne à la Rochelle, lui l'ancien du clan ciel et blanc, le Racing dispose d'une "très, très bonne touche" comme rampe de lancement. "Ils arrivent aussi à se faire contrarier des fois en touche. Ils ne font pas que du 100% non plus", tempère un Romain Sazy conscient que le vent peut vite tourner. Dans le sillage d'un Dany Priso déterminé à dérocher le graal, et pragmatique au possible : "Les Blacks, ils sont champions, c'est cool. Mais regardez leur match s'ils ne font pas des erreurs aussi."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?