Caminati : "J’allais travailler avec des potes sur des chantiers"

  • Top 14 - Julien Caminati (Castres) contre Bordeaux
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  • Julien Caminati (Castres)
    Julien Caminati (Castres)
  • Julien Caminati (Castres) - juillet 2017
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  • Julien Caminati (Castres)
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Gêné par une blessure au scaphoïde et mis au frigo par Christophe Urios, Julien Caminati a vécu d’un peu loin la saison à rebondissements castraise. Avec le franc-parler qu’on lui connaît, le trois-quarts polyvalent évoque ces mois très particuliers et se projette sur la nouvelle saison qu’il espère bien meilleure.

Vous avez subi une opération chirurgicale au poignet le 23 mai dernier. Comment vous êtes-vous entretenu physiquement durant cette période de convalescence ?

Julien Caminati : Je suis resté à Castres durant les vacances et je me suis entraîné tout le mois de juin. Du fait de mon opération, je ne pouvais faire que du vélo et des abdos donc j’ai demandé au club de me prêter un wattbike. Je me levais à 6 heures du matin pour pédaler trois à quatre fois par semaine.

Pourquoi avoir choisi ce moment pour vous faire opérer ?

J.C. : Je me suis blessé en tout début de saison contre Lyon et cela m’a écarté trois mois. Je suis revenu mais j’ai très peu joué. Je me suis de nouveau fait mal contre l’UBB fin décembre et le chirugien m’avait conseillé de me faire opérer à ce moment-là en me précisant qu’on allait me mettre une plus grosse vis et qu’on me ferait une greffe d’os pour que cela tienne mieux. Avec le recul, vu que je n’ai pas joué de l’année, j’aurais dû le faire, mais sur le moment, je ne pouvais pas prendre le risque de me rendre de nouveau indisponible trois à quatre mois en sachant que j’étais en fin de contrat et que je n’avais rien dans les mains. Ma situation était compliquée donc j’ai serré les dents.

Dans quel état d’esprit étiez-vous avant que votre club vous propose une prolongation ?

J.C. : J’étais dans le doute car mon temps de jeu était très faible. J’ai fait cinq matchs en tant que titulaire avec les Espoirs, donc plus j’ai plus joué avec les jeunes qu’avec les pros ! C’était la première saison blanche de ma carrière. Vu mon âge (33 ans), je pouvais m’attendre à une mauvaise nouvelle. Mais Mauricio Reggiardo, qui a annoncé tôt dans la saison qu’il venait à Castres, a dit à mon agent qu’il voulait me garder à tout prix donc je ne me suis pas fais plus souci que cela.

Julien Caminati (Castres)
Julien Caminati (Castres)

Je voulais juste jouer un maximum pour ne pas être trop en position de faiblesse pour renégocier mon contrat et aussi parce que cela me faisait de la peine de coûter de l’argent au club pour rien. Au final, je n’ai pas joué et j’ai consenti à une baisse de salaire. Mais mon souhait était vraiment de terminer ma carrière à Castres.

Je pense avoir repris conscience des choses vraiment importantes pour un homme et un père de famille

Comment viviez-vous vos absences systématiques des feuilles de match ?

J.C. : On a de la chance de faire un super métier et de bien en vivre. Maintenant, c’est lassant de s’entraîner comme un fou en sachant qu’on ne jouera pas quoi qu’il arrive. En ce sens, Christophe Urios a été cool en me disant : "Tu te fais opérer dans un mois. Si tu t’entraînes à fond, cela va certainement repousser ton indisponibilité donc si tu veux ne plus venir aux entraînements, c’est ok pour moi".

J’ai accepté car, franchement, cela me cassait les c****** d’aller au club dans ces conditions. Donc je faisais mon job de relations publiques pendant les matchs mais je n’étais pas là la semaine et cela m’a fait du bien mentalement. Ne rien faire, c’est bien pendant une semaine mais pas beaucoup plus donc je me suis occupé. J’allais travailler avec des potes sur des chantiers en tant que maçon ou manœuvre.

Julien Caminati (Castres) - juillet 2017
Julien Caminati (Castres) - juillet 2017

Vraiment ?

Cela m’a fait du bien car le billet de 50 euros que je prenais pour avoir bossé toute la journée, je mettais trois semaines à le dépenser. J’ai pu reprendre la valeur de l’argent et voir autre chose, tout simplement. Après mon opération, je faisais des trucs que je pouvais faire à une main. Par exemple, j’ai aidé un ami à poser du carrelage, je mettais la colle, je faisais le ménage etc… Même si ce n’est pas beaucoup, faire la démarche de se lever tôt le matin, de rester debout toute la journée, de ne pas manger le midi…cela m’a fait du bien de galérer !

Vous amis n’hallucinaient pas de vous voir, vous, joueur de rugby professionnel, débarquer sur les chantiers pour donner un coup de main ?

J.C. : Mes amis proches n’en ont rien à faire que je sois rugbyman professionnel et c’est pour cela que je les aime ! Je suis quelqu’un de normal et je ne vaux pas mieux que qui que ce soit. J’ai également pu profiter plus de ma famille, aller chercher mes enfants à l’école, faire à manger... Durant cette période particulière, je me suis recentré sur les bases et je pense avoir repris conscience des choses vraiment importantes pour un homme et un père de famille.

J’ai envie de montrer que je ne suis pas qu’un bouffon qui fait rire les gens parce qu’il a serré la main de Macron avec un bob
Julien Caminati (Castres)
Julien Caminati (Castres)

Vous avez donc presque vécu de l’extérieur la fin de saison difficile du CO. Comment l’expliquer ?

J.C. : Ce serait trop facile pour moi de parler, vu que je n’étais pas aux entraînements. Ce qu’on voit, c’est qu’à Castres, quand on est trop dans le confort, c’est plus dur pour nous. Contrairement à l’an dernier, on avait toutes les cartes en mains. Je peux comprendre que c’était un peu compliqué avec Christophe (Urios) en fin de saison mais ce n’était pas lui qui était sur le terrain. Pour ma part, même si cela a parfois été très dur, je ne lui en veux pas une seconde car c’est le seul entraîneur avec Christophe Moni qui a pu me mettre le collier et me tenir avec la laisse. Il m’a inculqué plein de choses qui me serviront pour la fin de ma carrière, m’a fait me poser plein de questions sur ma vie en tant qu’homme et m’a fait devenir une meilleure personne.

Comment abordez-vous cette nouvelle saison, sous les ordres de Mauricio Reggiardo que vous connaissez de longue date ?

J.C. : Depuis 2004, à l’époque où j’étais en Espoirs à Castres et qu’on allait bringuer avec des coéquipiers dans son bar ! Lors de notre entretien, Mauricio m’a dit "Je vais te respecter. Si tu fais les choses bien, que tu t’y files et que tu es bon, tu joueras". J’ai aussi envie de montrer une autre image de moi. Je sais que ce sera compliqué mais je veux arrêter d’ouvrir ma grande gueule et que les gens me respectent un peu plus. Je ne veux pas que ma carrière se termine comme elle a commencé. Sans parler de sortir par la grande porte, je ne veux pas faire de connerie et qu’on entende parler de moi. J’ai envie de montrer que je ne suis pas qu’un bouffon qui fait rire les gens à la télé parce qu’il a serré la main à Macron avec un bob. C’est important pour moi de bien terminer. Si j’enterre mes démons et que je trouve la paix en moi, normalement, cela devrait bien se passer.

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