Serfontein : "Je m'en fous d'être une star, cela ne m'intéresse pas"

  • Jan Serfontein (Montpellier) contre le Racing 92
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  • Top 14 - Finn Russell (Racing 92) contre Montpellier
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  • Johan Goosen et Jan Serfontein (Montpellier)
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  • Champions Cup - Jan Serfontein (Montpellier)
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  • Top 14 - Montpellier célébrant sa victoire contre Clermont
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Publié le Mis à jour
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TOP14 – Héroïques à Clermont, les Héraultais ont arraché une qualification inespérée pour les barrages. Et affronteront Lyon samedi à Gerland (17h). Un adversaire, qu’ils ont terrassé en demi-finale l’an passé, mais qui les a battus à deux reprises cette saison. Un défi de taille pour Jan Serfontein et ses coéquipiers.

Très utilisé et régulier cette saison, le Sud-Africain s’impose comme une pièce maîtresse du MHR, sa "gare" de trie des ballons et l’un de ses défenseurs les plus acharnés. Et s’il est inhabituel de le voir s’exprimer dans les médias, il se livre cette fois-ci sans filtre.

Jamais, on n’aurait imaginé voir le placide et réservé Jan Serfontein, laisser exploser un jour ses émotions au grand jour, sans les contrôler sous le feu des projecteurs. Mais, à l’observer sauter de bras en bras tel un kangourou au coup de sifflet final samedi dernier à Clermont, on comprend qu’une fièvre rare s’est emparée de son esprit : "C’était la première fois depuis longtemps que je ressentais une sensation comme ça. Après le match je me suis rendu compte que les choses que nous avions réussi à construire sur les trois derniers mois, c’était vraiment quelque chose d’exceptionnel. On a construit une relation entre nous, un esprit dans l’équipe qui est très bon. Et ça m’a fait plaisir de jouer avec cette équipe. Après la défaite au Racing, on savait qu’il nous fallait gagner tous les matchs pour avoir une petite chance de se qualifier. C’est peut-être un miracle mais nous y avons toujours cru."

Top 14 - Finn Russell (Racing 92) contre Montpellier
Top 14 - Finn Russell (Racing 92) contre Montpellier

Leader de l’ombre exemplaire

Le Sud-Africain (28 matchs, 24 titularisations et six essais cette saison) est certainement avec Benoît Paillaugue, l’Héraultais qui symbolise le mieux ce nouveau Montpellier. Cette formation, souvent portée par la rage, les coups de gueule et le courage de son demi de mêlée, s’est forgée une âme dans d’extrêmes difficultés. Lui s’épanouit dans la lumière, là où le Springbok l’a fuit comme la peste.

Mais il brille à sa façon, par son travail de l’ombre incessant, sa constance et surtout, une qualité première qu’il partage avec son partenaire : le don de soi au service exclusif du collectif : "Je m’en fous d’être une star ! Cela ne m’intéresse pas. Pour moi, l’équipe est numéro un. Si elle gagne, je suis très heureux. Et si j’ai pu y contribuer en lui apportant mon aide, ça me plait. Une équipe a besoin de joueurs qui font beaucoup de travail sans être vus du public. Et je pense qu’en ce moment, il y a beaucoup d’éléments chez nous qui font ça. Je pense que cela a changé des choses dans l’équipe. On travaille désormais les uns pour les autres. C’est un nouvel état d’esprit."

Pourtant, l’intéressé à la gueule, le corps sculpté, le CV (35 sélections, 5 essais) et le talent pour être arrogant. Mais, cet éphèbe gentil et ultra poli, ressemble beaucoup plus au gendre idéal qu’à une starlette de la planète ovale.

Johan Goosen et Jan Serfontein (Montpellier)
Johan Goosen et Jan Serfontein (Montpellier)

Une maîtrise du français étonnante

Une question d’éducation avant tout : "Je suis comme ça chez moi aussi dans la vie de tous les jours. Je suis quelqu’un de discret. Mes parents m’ont appris qu’il fallait travailler dur et garder toujours les pieds sur terre. Il ne faut surtout pas être arrogant, passer toujours en second et ne jamais faire aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse."

Promis, cette sagesse affichée ne se résume pas à de belles paroles. Elle n’est pas feinte. Jan Serfontein est un mec bien. Un leader caché de Montpellier, dont les paroles sont rares à l’inverse de ses actes. Il est par exemple avec Paul Willemse, le Sud-Africain du MHR qui parle le mieux français. Et a tenu à réaliser l’intégralité de notre entretien dans la langue de Molière, expressions comprises : "Nous sommes jeunes et on aimerait bien rester plus longtemps au club. Et pour cela, on doit s’y intégrer, comme dans la culture française. Pour que l’équipe puisse voir que tu es là pour le club et non pour toi-même. Il est donc essentiel de parler votre langue. Ce n’est pas toujours simple et c’est parfois même très difficile. Ça me demande beaucoup de discipline chez moi, cela me fait sortir de ma zone de confort… Mais si on veut être une vraie équipe, nous devons être unis. Et pour cela, on doit pouvoir se parler."

Champions Cup - Jan Serfontein (Montpellier)
Champions Cup - Jan Serfontein (Montpellier)
Nous avons faim de jouer et de gagner

Aux antipodes du mercenaire étranger, le centre n’est pas venu dans l’Hérault pour collectionner les billets. Il souhaite s’y installer sur la durée, bien au-delà de son contrat actuel (juin 2020): "J’aimerai vraiment rester à Montpellier. Et j’espère que les derniers trois mois vont se poursuivre l’année prochaine. On a le groupe pour le faire. A nous de conserver cet état d’esprit pour avancer."

Mais avant de se projeter, il reste une saison à achever et un nouveau défi à relever samedi à Lyon en barrage. Une question se pose alors. Les Cistes, qui restent sur huit succès lors des neuf derniers matchs, ne sont ils pas éreintés par la répétition de ces rendez-vous sous tension et l’accumulation des émotions ?

"Je ne pense pas que nous soyons épuisés mentalement ou physiquement, car notre état d’esprit est plus fort que l’an dernier et il nous porte. Cette saison, personne ne donnait une chance au groupe de se qualifier et pourtant, on se retrouve au bon endroit au bon moment. C’est une très bonne chose. Nous avons "faim" de jouer et de gagner. Je pense que vous pouvez désormais voir cela durant nos matchs. (…) L’année dernière, nous avons gagné toutes nos rencontres "facilement". Alors que cette saison, le groupe a dû se battre chaque week-end et surtout depuis trois mois, où nous jouons une sorte de phase finale. Cela nous a vraiment soudés."

Top 14 - Montpellier célébrant sa victoire contre Clermont
Top 14 - Montpellier célébrant sa victoire contre Clermont
Lyon reste le favori

Du coup, le MHR deviendrait-il le favori de ce choc face au troisième de la phase régulière du Top14, qu’il a écrasé sur ses terres en demi-finale l’an passé (40-14) ? "On a gagné l’année dernière mais ils nous ont battus deux fois cette saison, en nous passant plus de cinquante points chez eux (55-13 et 14-25 au GGL Stadium). Alors pour moi, Lyon reste le favori. Ils ont fait une très belle saison et terminent troisièmes. La rencontre se déroule en plus chez eux. Le Lou a de grands avant et un numéro dix (Wisniewski, NDLR), qui gère bien une rencontre. Leur ligne de trois-quarts est aussi costaud. Cette équipe est vraiment bien équilibrée et aime le défi physique. Mais nous sommes en train de vivre quelque chose de spéciale. Nous avons donc vraiment hâte de jouer samedi."

Les Cistes n’ont plus rien à voir avec cette somme d’individualités: "En début de saison, nous n’étions pas bons du tout. Et ça a basculé après la défaite de Perpignan. Avant cela, nous n’étions pas une vraie équipe. Et je pense que cela a beaucoup changé. Au fond, c’est grâce à l’Usap que nous en sommes là. S’il n’y avait pas eu ce match, je ne pense pas qu’on se serait qualifiés. (…)Aujourd’hui, nous sommes capables de nous adapter à l’adversaire selon les matchs et de jouer différente forme de jeu"

Le songe se poursuit et Jan Serfontein rêve en grand. Même s’il ne l’avouera jamais par humilité… Suivez le guide !

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