Szarzewski : "Le jour où je n’aurai plus de douleurs, c’est que je serai mort"

  • Top 14 - Dimitri Szarzewski (Racing 92)
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  • Champions Cup - Dimitri Szarzewski (Racing 92) marque un essai contre le Munster
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  • Top 14 - Dimitri Szarzewski et Yannick Nyanga (Racing 92) contre le Stade Français
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  • Top 14 - Jordan Joseph (Racing 92) contre Pau
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Dimitri Szarzewski en termine avec une longue période d’indisponibilité, démarrée après la demi-finale de Champions Cup face au Munster (27-22). Dans un long entretien qu’il nous a accordé, le capitaine du Racing 92 évoque cette période de souffrance, au sens propre comme au figuré.

Rugbyrama : Vous revenez à la compétition après 7 mois d’absence. Pourquoi était-ce si long ?

Dimitri Szarzewski : J’ai pris le temps de revenir parce que j’avais de grosses douleurs, que ce soit aux cervicales, à l’épaule ou au biceps. Je ne voulais pas faire n’importe quoi non plus avec mon corps. Surtout, je ne pouvais pas revenir plus tôt. C’était tout simplement impossible dans le rugby d’aujourd’hui où il faut être très prêt physiquement pour pouvoir s’engager, ce que je ne pouvais pas faire jusqu’à présent. Cela va beaucoup mieux désormais. Maintenant, des douleurs, j’en aurai tout le temps. Le jour où je n’en aurai plus, c’est que je serai mort.

À ce point ?

D.S. : Bien-sûr ! Le rugby est un sport de combat et de collisions. Forcément, avec les années, il y a des traumatismes et ça fait mal. Tous les joueurs ont des petits bobos et on arrive à surmonter ces douleurs, tant ce que cela reste supportable. Quand cela dépasse un certain degré, on peut passer outre sur un match ou deux mais pas sur une saison. C’est pour cela qu’il faut savoir écouter son corps, chose que je n’ai pas toujours fait quand j’étais plus jeune.

Champions Cup - Dimitri Szarzewski (Racing 92) marque un essai contre le Munster
Champions Cup - Dimitri Szarzewski (Racing 92) marque un essai contre le Munster

Ces dernières années, vous avez subi des opérations à la cheville, aux cervicales, à l’épaule et au biceps. Vous avez appris à composer avec ces périodes de repos forcé…

D.S. : (Il coupe) Ce n’est justement pas du repos. Tout le monde pense qu’on peut se reposer durant ces moments-là mais cela ne dure en fait qu’un laps du temps très court, durant la cicatrisation et la consolidation. Et encore, on peut toujours travailler d’autres parties du corps. Mais quand on est blessé, le but est de revenir le plus vite possible à son meilleur niveau. Cela demande énormément d’énergie et de travail car, quand on ne s’entraîne pas comme d’habitude, on se désentraîne et on prend du retard. Il faut donc le rattraper, ce qui passe par de longues journées, entre la rééducation, les soins et le renforcement.

J’aurais aimé être aux côté de Yannick (Nyanga, ndlr) pour le soutenir pour son dernier match

En grand acharné du travail physique que vous êtes, les mises à l’arrêt forcées doivent être vécues comme des punitions…

D.S. : Je me sens frustré car j’ai besoin de ça pour me sentir bien. J’ai aussi besoin de m’entraîner pour me rassurer et prendre de la confiance. Quand je ne peux pas le faire, où moins, c’est difficile à vivre.

Qu’est-ce qui a été le plus dur à accepter durant votre indisponibilité ? Manquer les phases finales ou ne pas être sur le terrain avec votre ami Yannick Nyanga pour son dernier match ?

D.S. : J’aurais forcément aimé être aux côtés de Yannick pour le soutenir et vivre de belles émotions. D’autant plus pour des matchs de phases finales, avec une finale de coupe d’Europe et une demie de Top 14. C’est dur mais c’est aussi arrivé à d’autres donc on essaie de relativiser et de positiver pour aller de l’avant.

Top 14 - Dimitri Szarzewski et Yannick Nyanga (Racing 92) contre le Stade Français
Top 14 - Dimitri Szarzewski et Yannick Nyanga (Racing 92) contre le Stade Français

N’est-ce pas étrange pour vous de le voir dans les bureaux et plus sur les terrains ?

D.S. : Honnêtement non, car j’étais persuadé qu’il resterait dans le monde du rugby après sa carrière de joueur et que ce rôle était fait pour lui. J’aurais évidemment aimé jouer un peu plus avec lui mais c’est comme ça. Je peux quand même le voir tous les jours au Racing 92, ce qui est sympa.

J’ai envie de bien terminer ma carrière et si possible sur le terrain

Cela fait un petit moment que vous avez repris l’entraînement avec le reste du groupe. Comment avez-vous vécu ces dernières semaines ?

D.S. : Cela fait plus de deux mois que j’ai repris le terrain et avant cela, j’ai fait la préparation physique. Il était important de ne pas trop couper avec le rugby pour ne pas perdre les repères. Cela m’a permis de vivre avec le groupe au quotidien et de garder la cohésion. Je suis parti avec le groupe en stage en Géorgie cet été et j’ai participé à toutes les réunions au club. J’ai aussi pu garder ce rôle essentiel à mes yeux de transmission auprès des plus jeunes. Je m’investis d’ailleurs cette année auprès des Cadets/Gaudermen du Racing, que j’entraîne. Je passe du temps avec eux deux à trois fois par semaine et je vais au match quand je peux. Entre ça et ma rééducation, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer.

À l’image de beaucoup de papas dans le monde amateur, vous entraînez donc votre fils…

D.S. : Cela me fait plaisir de pouvoir plus de temps avec lui et de transmettre ce que j’ai appris au rugby. Arrivé à 14-15 ans, cela commence à être sérieux avec trois entraînements dans la semaine et le match le week-end. Cela en fait, du temps passé sur le terrain, et il est sûr que c’est très agréable de pouvoir partager sa passion avec son fils. À la maison, cela parle beaucoup rugby !

Top 14 - Jordan Joseph (Racing 92) contre Pau
Top 14 - Jordan Joseph (Racing 92) contre Pau

N’avez-vous pas pris un coup de vieux en voyant débarquer dans le vestiaire du Racing 92 Jordan Joseph, qui a 17 ans de moins que vous et seulement 4 de plus que votre fils ?

D.S. : Si, forcément, mais c’est la relève qui pousse et c’est une bonne chose. Cela montre bien que notre vivier en France est extraordinaire et c’est encore une fois à nous, les anciens, de partager et transmettre ce qu’on a appris. Notre rôle est très important envers ces jeunes joueurs, de bien les "éduquer" de façon à ce qu’ils transmettent à leur tour nos traditions, nos valeurs et notre savoir dans quelques années.

Avant de raccrocher, il vous reste encore quelques mois en tant que joueur de rugby professionnel. Comment abordez-vous cette saison qui démarre pour vous samedi à Grenoble ?

D.S. : Je l’attaque comme si c’était la dernière et avec beaucoup d’appétit ! J’ai aussi envie de bien terminer ma carrière et si possible sur le terrain. Gagner un titre serait la plus belle des sorties. Je dois avouer que ce qui m’anime est de remporter la coupe d’Europe avec le Racing. Ce serait tout simplement extraordinaire et un beau cadeau de départ pour moi.

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