Clermont et ses joueurs du Pacifique

Sans enlever l’apport très important de Morgan Parra, derrière un pack dominateur en deuxième mi-temps avec les charges de Fritz Lee et de Sitaleki Timani notamment, les trois-quarts sudistes de l’ASM, se sont mis en évidence. Avec les absences de Rémi Lamerat, de Rémy Grosso et le retour de Damian Penaud sur le banc, il n’y avait que Wesley Fofana derrière pour représenter les Bleus. Certains esprits chagrins diront que 10 joueurs étrangers dans le XV de départ (12 sur 23) c’est trop mais le nombre de joueurs formés au club, présents sur la pelouse était de 10 côté clermontois (5 côté lyonnais).

Avec la mise à disposition des internationaux pour le XV de France, le staff a recruté ces joueurs pour pallier à ces absences. Peter Betham et les trois recrues de l’intersaison sont là pour ça comme ils seront utilisés durant le Mondial au Japon. Et ils sont devenus plus que des remplaçants, mais pour certains comme Peter Betham et Isaia Toeava, des cadres, des papas de la ligne arrière. Arrivé l’été 2017, Peter Betham est le plus régulier. Il s’est acclimaté très rapidement pour sa première année à l’ASM, qui n’a pas été la plus facile… Utilisé à l’aile mais aussi au centre il a été la bonne pioche du recrutement. Fin, rapide, technique et polyvalent, il fait jouer les autres et a inscrit 7 essais en 28 matches la saison dernière et délivré plusieurs passes décisives. Dans ce début de saison, il a déjà inscrit 5 essais en Top 14 et 3 en Challenge Cup.

Isaia Toeava n’est pas en reste. Contre le LOU il a été encore proche de la perfection. Longtemps freiné par les blessures, l’ancien All Black a trouvé son rythme. Avec deux essais inscrits cette saison, il met aussi ses coéquipiers en orbite d’une superbe passe volleyée à Moala pour le premier essai et une sautée laser pour l’essai de Betham. Sur le second essai refusé à l’Australien, il est encore l’auteur d’une passe impeccable. Contre le Racing 92, il avait également distillé une merveille de passe au pied dans le dos de la défense pour l’essai de Penaud.

Ces deux joueurs sont devenus des joueurs clés pour Franck Azéma, comme Alivereti Raka (4 essais cette saison) qui n’a pas marqué contre le LOU mais a franchi à plusieurs reprises, monopolisé plusieurs défenseurs et joué vite la pénalité avant l’essai d’Alexandre Fischer, servi par Michael Simutoga le Néo-calédonien. Comme quoi, cela n’empêche pas les jeunes français de briller au haut niveau. Dans leur sillage, en attendant de voir un peu plus Apisai Naqalevu, George Moala et Tim Nanai-Williams prennent leurs marques. L’ancien centre des Auckland Blues a inscrit son deuxième doublé après celui inscrit contre le Stade français, bien servi par Toeava et Nanai-Williams.

En l’absence de Fernandez et de Lopez, l’option Tim Nanai-Williams en numéro 10 est devenue très intéressante. On savait le Samoan polyvalent mais on attendait de voir alors que Toeava avait endossé ce rôle avec succès notamment contre les Saracens la saison dernière. "Il a connu des à-peu-près sur le début du match, comme ces touches pas trouvées qui ne nous permettent pas de mettre notre jeu en place expliquait Franck Azéma. Mais il a tellement de talent et de classe à côté qu'il a fini par s'en sortir. Sur le un contre un il est imprenable. Puis il a trouvé de l'aisance avec les joueurs qu’il a autour et dès que tu lui laisses un intervalle, avec des ballons qui vont plus vite, il pèse. Je suis content que cette solution-là puisse nous aider et que l’on puisse compter sur lui à ce poste."

Je ne connaissais pas du tout Nanai-Williams en dix, je le vois évoluer à l’entraînement à l’aile et à l’arrière et il fait un gros match contre Lyon

Si ce ne fut pas le pied dans le jeu d’occupation, dans l’animation par contre, l’apport du Samoan, rodé aux joutes du rugby à VII, a été décisive. La rentrée de Parra a permis de le soulager dans le jeu au pied pour qu’il puisse s’exprimer totalement avec une ligne de trois-quarts en feu. "Morgan, Wesley, George, tous les joueurs de l’équipe l’ont aidé expliquait Toeava. Je ne suis pas surpris de sa performance, je le connais depuis très longtemps. Il a beaucoup de talent. C’est bien de le voir à ce niveau."

Ses appuis de joueur de VII ont donné le tournis et il a servi Moala sur un plateau pour son deuxième essai. "On sait que c’est un joueur de ballon, qui aime attaquer la ligne et faire jouer les autres à côté déclarait Morgan Parra. Il nous a fait énormément de bien, il débloque le compteur avec George et cette prise de balle à plat, sa vitesse et ses crochets. Je ne le connaissais pas du tout en dix, je le vois évoluer à l’entraînement à l’aile et à l’arrière et il a fait un gros match." Et dire que Peceli Yato n’était pas là, lui qui n’est pas le dernier pour mettre son équipe dans l’avancée... En attendant le retour de ses trois-quarts français et de Nick Abendanon, l’ASM peut compter sur sa colonie venue du Sud pour faire le spectacle derrière.