Bru : "Sur ces deux réceptions, nous allons vraiment préparer notre avenir"

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TOP 14 - Après trois déplacements et deux défaites concédées chez des gros bras du championnat, l’Aviron reçoit tour à tour Montpellier, puis Toulon. Lundi soir, le manager de l’Aviron Yannick Bru a pris le temps de revenir sur les dernières sorties de ses joueurs, avant de basculer sur cette double réception capitale pour son équipe.

Quelle analyse faites-vous de la défaite à Bordeaux, samedi soir ?

Ça reste une défaite lourde face à un ténor du championnat, mais qui n'a rien à voir avec la démission qu’on avait connue à Lyon. Nous nous inclinons 43-19 en étant menés 22-0 à la pause et en ayant encaissé des essais trop faciles à une ou deux passes sur des exploits personnels de l’UBB ou des grosses erreurs individuelles de notre côté. Sur ce match, certains de nos joueurs ont appris des choses, mais c’est surtout une rencontre sur laquelle nous pouvons travailler, à la différence de celle de Lyon où il n’y avait rien à analyser car c’était une soumission collective. Là, on peut débriefer, il y a du contenu puisque nous avons quand même marqué trois essais. Nous avons été copieusement dominés par moments, mais il y a d’autres instants où nous avons existé, ce qui n’avait pas été le cas à Lyon. Les deux performances sont totalement incomparables et je pense que ce déplacement à Chaban, dans notre progression, va nous servir. Tout ça montre l’ampleur du chantier, les progrès qu’on doit accomplir, les efforts à réaliser pour certains, afin de se hausser au niveau des individualités d’une grosse écurie comme Bordeaux.

Vous avez encaissé 105 points entre les voyages à Lyon et Bordeaux et vous êtes l'avant-dernière défense du Top 14. Est-ce de nature à vous inquiéter ?

La donnée brute, comptable, peut être affolante. Maintenant, ce qui est important, c’est le débriefing que l’on fait derrière et l’analyse du rapport de force. On sait que sur ces deux rencontres, nous avions lancé ou relancé des joueurs parce que nous n’avons pas deux XV différents totalement compétitifs. À chaque fois, nous avions pris le parti de faire reposer certains joueurs, d’en réintégrer d’autres. Je sais que nous ne nous sommes pas déplacés sur ces deux matchs avec tous nos ingrédients. Malheureusement, vu la profondeur de notre effectif et vu l’intensité des matchs que l’on doit disputer, ce sont des souffrances que l’on doit accepter.

Vous aviez souligné, après le déplacement à Lyon, les nombreux plaquages manqués. Il y en a encore eu beaucoup à Bordeaux. Est-ce un problème d'attitude ?

À Lyon, ça l’a été. Nous étions presque à 30 % de plaquages manqués. Tuisova a marqué quatre essais à lui tout seul. À Bordeaux, je pense que ça a été davantage des problèmes d’organisation collective, avec des failles dans notre rideau défensif que l’on doit corriger. Il y a, évidemment, des plaquages ratés face à des joueurs comme Jalibert. Il nous a fait beaucoup de mal. Mais bon, c’est un pur talent et je pense que des crochets intérieurs, il en mettra à d’autres adversaires. Sur cette rencontre face à l’UBB, nous sommes à 20 % de plaquages manqués. C’est très au-dessus de l’acceptable, mais je maintiens que les deux performances n’ont rien à voir et sont incomparables.

Bordeaux corrige Bayonne ?

Le film du match > https://t.co/61gXzyYS7Z pic.twitter.com/4zykvZ6aeC

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) November 7, 2020

Après trois déplacements, vous recevez deux fois, avec, comme d’habitude à domicile, l'obligation de capitaliser…

Nous avons joué sept rencontres, nous nous sommes déplacés cinq fois et avons reçu deux fois. Nous avons quand même été bien servis par le calendrier. Naturellement, nous allons enchaîner deux matchs à domicile pour rétablir l’équilibre. L’ensemble du staff, nous savons que ces deux rencontres sont très importantes pour basculer vers un futur positif pour notre groupe. Sur ces deux réceptions, nous allons vraiment préparer notre avenir. Nous sommes face à nos responsabilités.

Selon vous, le retour de joueurs importants comme Ducat ou Lafage va-t-il permettre d'insuffler une nouvelle dynamique ?

Je pense que ça va rajouter des forces, oui. Il y a Ducat, Lafage, mais aussi Ulugia, Perese, Mikautadze... On cite des joueurs qui ont participé au match à Bordeaux et qui ont démontré le besoin d’enchaîner. Ils ont eu des carences physiques qui sont normales au regard de leur indisponibilité. Ce sont des personnes importantes du groupe qui vont nous apporter de la confiance, des options de rotation avec plus de qualité, de l’émulation. Ils ont besoin de retrouver du rythme et de la confiance. Ce match à Bordeaux a servi à ça, j’assume complètement.

John Ulugia et Izaia Perese postulent-ils pour ce weekend ?

Aptes, ils le sont. Maintenant, avec les mesures de précaution et de quarantaine, comme l’un et l’autre sont arrivés d’Australie la semaine dernière, on verra si on prend le pari de les aligner.

Comment moins subir face à la densité physique du MHR ?

Je ne sais pas si Montpellier a plus de densité physique que l’UBB ou que le LOU. Le MHR est une équipe qui est dans une mutation depuis l’arrivée de Xavier Garbajosa, il y a deux saisons. Je pense que c’est une formation qui est en train d’élargir son registre et je ne sais pas si le Montpellier d’aujourd’hui mise tout sur la densité comme à une certaine époque.

Après un mois sans match à Jean-Dauger, nos joueurs préparent la réception du @MHR_officiel samedi à 17H45. #AupaBaiona pic.twitter.com/yrbcQQZens

— Aviron Bayonnais (@avironrugbypro) November 10, 2020

Montpellier, qui surfait sur une bonne dynamique, a eu son dernier match reporté. Vous étiez un peu dans le même cas avant votre voyage à Bordeaux. Ces semaines de coupure non voulues sont-elles bonnes ou mauvaises ?

Pour nous, je pense qu’elle a été mauvaise. J’ai vraiment enragé du report du match de Toulon. Je ne reviendrai pas sur cet épisode-là, mais ça a vraiment été une mauvaise chose. Après le match d’Agen, je souhaitais enchaîner, d’autant plus que nous sommes dans un championnat un petit peu gruyère. Maintenant, on a vu aussi, à l’image de La Rochelle ou du Stade Français, que des équipes n’ayant pas joué ont su transformer ça en beaucoup de fraîcheur.

Samedi, ce sera votre premier match sans public à domicile. Comment allez-vous l'appréhender ?

Nous avons eu un aperçu à l’UBB. C’est vrai que c’est très aseptisé, on a l’impression de participer à un entraînement dirigé. Il faut faire avec. Ce qui est certain, c’est que nous n'aurons pas ce supplément d’âme et d’énergie qui est apporté généralement par notre public de Dauger. J’ai une pensée pour tous les amoureux du rugby à Bayonne et tous nos soutiens qui ne pourront pas se déplacer. C’est un crève-cœur quand on voit ce stade en centre-ville qui va sonner creux. C’est comme ça… Nous sommes dans une saison où il faudra s’adapter en permanence.

Votre équipe a souvent été portée par ce public. Y a t-il des leviers à activer pour compenser ?

Non, il n’y en a pas. Nous savons que dans notre statut d’outsider, la passion qu’il y a autour de l’Aviron bayonnais est un élément important de nos performances à domicile. Nous savons également que c’est une pression supplémentaire de devoir jouer à domicile sans notre public. C’est comme ça, tout le monde est logé à la même enseigne. Il n’y a pas d’excuse à chercher derrière ça. On l’a vécu à Bordeaux, on sait à quoi s’attendre. On sera face à nos responsabilités et on sera jugé sur notre niveau intrinsèque.

Le manager @YannBru a un message pour tous nos supporters. https://t.co/HwV6xrN9k1

— Aviron Bayonnais (@avironrugbypro) November 10, 2020

Selon vous, les matchs à domicile et à l'extérieur, sans supporters, vont-ils devenir similaires ?

L’environnement est aseptisé et, dans ce sens-là, il y a une équité parfaite. Il n’y a pas une influence ou une atmosphère qui est hostile pour l’équipe qui se déplace. Je suis conscient que ça génère une pression supplémentaire pour l’équipe qui reçoit parce que la notion de classement britannique ne tient plus.

L’Aviron est, aujourd’hui, onzième du classement avec un championnat, comme vous dites, un peu gruyère. Le Top 14 connaît une année particulière, mais êtes-vous satisfait de ce premier tiers ?

Je pense que c’est trop tôt pour se prononcer là-dessus. Nous nous sommes déplacés cinq fois en sept matchs. Je ne sais pas si ça veut dire grand-chose avec ces nouvelles directives Covid et ces stades vides. Je crois que cette double réception de Montpellier et Toulon va clore un premier chapitre à l’issue duquel nous pourrons faire un bilan. Là, j’ai envie de vous dire que nous faisons un début qui me semble comparable à celui de la saison dernière. Notre dynamique de travail est très bonne, nos rotations dans l’effectif sont aussi cohérentes.

L’an dernier, vous aviez cependant connu un début canon. Vous estimez que les deux entames sont comparables car vous vous êtes plus déplacés ?

Oui et nous avons gagné deux fois à l'extérieur. Nous avons battu Clermont à domicile qui s’était imposé l’an dernier. A contrario, nous l'avions emporté face à La Rochelle qui, là, est venu gagner à Dauger. Nous avons gagné à Agen. Il y a une certaine corrélation entre nos performances. J’ai la sensation que nous sommes plus forts que l’année dernière, que le groupe a plus d’expérience et que l’apport des recrues est en train de se faire ressentir maintenant. Verdict, donc, dans quinze jours…

Offensivement, on sent vos joueurs parfois en difficulté, notamment face aux écuries comme Bordeaux ou La Rochelle qui mettent une grosse pression défensive. Partagez-vous ce constat ?

Oui, mais il y a peu d’équipes qui mettent des essais à La Rochelle et il n’y en a pas beaucoup qui en marquent à Bordeaux. Ce sont des formations qui construisent, avant tout, sur leur organisation défensive. Elles ont de la densité physique et un rythme important sur leurs montées défensives. Arriver à construire à la main ou au pied sous cette pression importante, trouver des solutions offensives face à ces équipes qui t'étouffent un petit peu, c’est le challenge qu’on doit relever. Je pense, malgré tout, que nous sommes en progrès. Certaines recrues commencent à nous apporter de vraies solutions, mais c’est encore un petit peu tôt pour tirer des enseignements.

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