Paillaugue : "J’aimerai faire toute ma carrière dans un club"

  • Top 14 - Benoît Paillaugue (Montpellier) contre Clermont
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TOP 14 - Convalescent, le numéro neuf ne fera pas partie du groupe héraultais qui affrontera Toulon à Bastia vendredi. Mais son retour est espéré pour la première journée de Top14, à Castres (24 août). Cadre héraultais, il se livre en exclusivité sur différents sujets : sa blessure, les leçons de la saison passée, l’apport de Xavier Garbajosa, ses ambitions et son envie de prolonger au MHR.

Rugbyrama : Pourquoi avez-vous été opéré du genou au début de l’été ?

Benoît Paillaugue : A la fin du championnat, j’ai disputé les dernières rencontres avec une grosse douleur au genou. Nous avons laissé passer quelques semaines de repos pour voir si cela elle allait diminuer, avant que je passe un IRM. Il s’est avéré que j’avais un "cyclope" (syndrome du cyclope, NDLR), une sorte de kyste inflammatoire qui m’empêchait de tendre le genou. J’ai donc subi une intervention chirurgicale pour que je sois bien à la rentrée. Du coup, ma préparation s’est complètement décalée par rapport à celle des autres…

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

B.P. : J’avais bien repris, j’étais super bien revenu, mon genou allait bien… Et là, je me suis fait une petite inflammation du tendon d’Achille, car j’ai voulu reprendre assez vite pour refaire mon retard. Et c’est pour cela qu’actuellement, je m’entraîne quasiment pas avec le groupe, je travaille dans mon coin. J’espère être désormais opérationnel pour le début du Top14.

Vous disiez à la fin du championnat n’avoir jamais été autant fatigué mentalement et physiquement qu’à l’issue de cette saison. Avez-vous eu le temps de vous régénérer cet été ?

B.P. : Alors, ça pour avoir coupé, j’ai coupé ! Au-delà de la blessure, j’ai totalement coupé avec le sport, pour reposer le corps et la tête. Tout va bien désormais. J’ai, et nous avons tous digéré cette saison, qui a été très éprouvante physiquement et surtout mentalement pour tout le monde, je pense. L’équipe espère désormais repartir dès le début du championnat qui s’annonce très difficile. C’est une autre aventure qui s’offre à nous, avec un nouvel entraîneur (Xavier Garbajosa, manager) et une autre façon de travailler. Il faut l’apprendre et l’assimiler au plus vite, même si cela risque de prendre un peu de temps. Pour les avoir vus travailler d’un œil un peu décalé, je trouve que les mecs ont vraiment bien bossé. J’espère que ça va porter ses fruits physiquement dans quelques semaines.

Top 14 - Benoit Paillaugue (Montpellier) face au Racing 92
Top 14 - Benoit Paillaugue (Montpellier) face au Racing 92

Justement, pour l’avoir observé avec un peu plus de hauteur que vos coéquipiers, comment définiriez-vous la méthode Garbajosa ?

B.P. : C’est un changement qui s’effectue en douceur car Xavier ne veut pas tout changer. Et je pense qu’il a raison de souhaiter conserver cette base solide qu’on a su créer depuis quelques années maintenant. Tout n’était pas à jeter, bien au contraire car il y avait de très bonnes choses. Et je pense qu’il voudra apporter sa patte au fur et à mesure du temps, mais pas tout de suite. Il va certainement vouloir amener plus de mouvement dans notre jeu comme il a pu le faire avec La Rochelle. Et le groupe devra s’en imprégner.

Qu’est ce qui vous a marqué dans son fonctionnement ou ses attitudes ?

B.P. : C’est un jeune entraîneur qui n’a pas arrêté sa carrière il y a si longtemps que cela et je pense qu’il est encore un peu joueur dans son esprit. Il participe par exemple beaucoup aux entraînements où il se positionne souvent à l’ouverture pour jouer avec nous. Il a peut-être encore cette proximité entraîneur/joueur. Et pour l’instant, d’après ce que je peux voir en plus par rapport aux autres joueurs, ça méthode a l’air de bien fonctionner. Et le courant passe bien avec le groupe. C’est un bon début.

Sa préparation physique est-elle si intense que cela ?

B.P. : En effet, ils ont beaucoup couru. Au début, il y a eu très peu de ballon et énormément de foncier. Surtout avant et pendant le stage. Et progressivement, le ballon a été incorporé car les matchs amicaux sont vite arrivés. Je pense qu’il va falloir désormais un peu de temps pour digérer cette grosse charge de travail et que les choses rentrent ensuite dans l’ordre dans notre rugby. Peut-être qu’en faisant faire beaucoup de travail physique et de sprints à l’équipe, il a voulu préparer l’équipe à garder beaucoup plus le ballon et à avoir un volume de jeu un peu plus important. Même si je trouve que celui qu’on avait avec Vern était déjà élevé… Peut-être qu’il voudra qu’on prenne plus de risques dans notre camp, je ne sais pas. Mais l’intelligence qu’il a, c’est de ne pas précipiter les choses.

On sent de la prudence dans vos propos. Vous avez-peur que les supporters pensent que le MHR va vite jouer comme Toulouse ou La Rochelle ?

B.P. : Il faut jouer avec nos forces. Montpellier, pour résumer, on sait ce que c’est : très costaud devant et des pattes derrière. Mais nous ne sommes pas Toulouse ou La Rochelle pour relancer de notre en-but ou faire du jeu… Bref, nous n’avons peut-être pas encore l’effectif pour à l’heure actuelle. Il faut donc y aller en douceur. Et ce n’est pas parce-que Xavier Garbajosa a entraîné La Rochelle, que le MHR va devenir immédiatement l’équipe la plus joueuse du championnat. Ça serait se tromper. Mais cela viendra peut-être au fur et à mesure des entraînements et surtout, de la confiance qu’on prendra. Il faut d’abord gagner des matchs…

Le début de saison, raté l’an dernier face à Castres à domicile, sera donc encore une fois décisif…

B.P. : Vous savez, pour pratiquer un rugby très offensif, il faut être en confiance. Et elle ne vient qu’avec les succès. Donc, gagnons d’abord nos matchs, en nous montrant beaucoup plus réguliers que ce qu’on a pu l’être l’an dernier et peut-être que le reste suivra.

Top 14 - Benoit Paillaugue (Montpellier)
Top 14 - Benoit Paillaugue (Montpellier)

Comment analysez-vous les deux succès poussifs du MHR en amicaux, face à Brive et Agen, avec des secteurs comme la conquête et la défense en difficulté ?

B.P : Par expérience, les matchs amicaux ne sont jamais des bonnes rencontres de rugby. Il faut retrouver le rythme de passer de la défense à l’attaque, de plaquer… Des choses que tu ne retrouveras jamais au travers des entraînements. Ces tests sont toujours très brouillons. Après, c’est certain qu’il va falloir bosser, car actuellement nous ne sommes pas prêts sur la défense et surtout, la discipline, qui reste notre gros "péché mignon". Il va falloir se dépêcher sur pas mal de choses…

Ce dernier test face à Toulon en Corse (Bastia) revêt donc tout de même plus d’importance que les précédents…

B.P. : C’est une évidence qu’il va falloir être beaucoup plus rigoureux et se rapprocher du niveau du Top14. C’est l’occasion de gommer les deux choses que je viens de citer, qui seront très importantes pour le début du championnat à Castres (24 août à 18h), face à une grosse équipe du championnat.

Personnellement, vous sortez de la saison où vous avez eu le plus de responsabilités de votre carrière, avec notamment le capitanat par intérim… Cela vous-a-il plu ?

B.P. : Pour être honnête, ça me gonfle un peu qu’on remette beaucoup le fait que Montpellier soit remonté parce-que je suis revenu à ce moment-là. Ce n’est pas le cas. C’est parce-que tout le monde a pris conscience des choses. Moi, j’étais capitaine et cela a donc peut-être plus marqué les gens, mais je ne joue pas tout seul ! Mon discours est passé car les mecs avaient envie de faire quelque chose de bien et de se rattraper de ce début de saison raté. C’est un travail collectif et ce n’est pas donc parce-que Benoît est revenu ! Ça m’irrite, même si ça fait aussi plaisir. Mais ce n’est pas comme ça que ça s’est passé et de ce fait, je ne veux pas qu’on l’interprète de cette façon. Il y a eu des joueurs importants qui sont revenus à leur meilleur niveau et cela a fait la différence.

Et pour répondre à la question…

B.P. : Est-ce que le fait d’être capitaine m’a plu ? Oui. Si on me redonne cette responsabilité cette saison est-ce que je suis prêt à l’assumer ? Encore oui. Mais je ne courre pas après le capitanat. Je me répète : le capitaine du MHR, c’est Louis (Picamoles). Moi je reste son soldat. Si on me demande d’être capitaine en ce début de saison, je le ferais avec grand plaisir car cela m’a plu.

En avez-vous déjà discuté avec Xavier Garbajosa ?

B.P. : Non, car je suis très loin de tout ça et pas légitime aujourd’hui. Si je ne suis pas capitaine quand je reviens, c’est normal. Je n’ai pas fait les matchs de préparation, je me suis entraîné dans mon coin et je n’ai participé à presque aucune séance collective. Donc, ce n’est pas grave du tout si on ne me met pas capitaine à mon retour. Moi, ce que je veux, c’est revenir le plus vite possible à mon meilleur niveau.

Si on analyse le recrutement héraultais, c’est la première fois que le club ne recrute aucun numéro neuf de grand standing (Pienaar, White…) pour entrer en concurrence avec vous. Voyez-vous cela comme une nouvelle marque de confiance ?

B.P. : Est-ce que ce recrutement n’a pas aussi été fait dans l’urgence car Ruan (Pienaar) est parti ? Je ne sais pas et franchement je ne me pose pas cette question-là. Peut-être aussi que des joueurs ont été ciblés et qu’ils n’étaient pas disponibles. Franchement, je ne suis au courant de rien… Mais dans ma tête je ne pars pas numéro un. Je ne l’ai jamais pensé dans ma carrière et c’était aussi le cas aux yeux de tout le monde (sourire). Il y a des jeunes comme Enzo (Sanga), qui va prendre plus de responsabilités. Kahn (Fotualii) est là et il y a aussi le jeune géorgien (Aprasidze) qui va revenir et qui a de grosses qualités. Je suis aussi en fin de contrat… C’est comme ça cette année et je vais essayer de jouer ma carte à fond comme d’habitude. Je veux faire une grosse saison avec mon club car je veux que le MHR soit au plus haut.

Votre visée est de continuer à redorer l’image de Montpellier ?

B.P. : Effectivement. Je veux que cette équipe gagne, que son image soit bonne et qu’elle soit dans les objectifs quelle se doit d’être. C’est ça le plus important pour moi et mon cas personnel passe au second plan.

Est-ce le rôle de capitaine qui a changé le sens de vos priorités ?

B.P. : Quand tu es capitaine, tu as déjà plus de responsabilités collectives. Il faut que tu mettes en avant tes coéquipiers, qua tu t’appuies sur eux. Cela m’a peut-être un peu changé. Après, je vous rassure, j’ai toujours l’intention d’être numéro un. Je ne le cache pas, cela ne changera jamais. Mais j’ai vraiment envie que cette équipe soit heureuse de jouer ensemble. C’est ça que je recherche. Et mon obsession ultime, est qu’on gagne des titres.

Pour cela, êtes-vous prêt à prolonger l’aventure au MHR (fin de contrat en juin 2020) ?

B.P. : Si le club veut de moi, oui. Cela fait dix ans que je suis là et j’aimerai faire tout ma carrière dans un club. Car à mes yeux, la plus grosse partie de ma carrière professionnelle a été faite à Montpellier où je suis arrivé à vingt ans. Cela fera onze ans… Après, ça dépend de moi si je suis bon sur le terrain, mais pas seulement de moi non plus. Je ne maîtrise pas tout.

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