ASM - LOU : une aura à partager ?

Clermont contre Lyon, c’est un peu la Sous-Préfecture contre la Préfecture depuis la fusion des deux régions. Sur le terrain c’est autre chose. Et si 170 kilomètres et deux heures de route séparent la cité d’Arvernis de celle de Lugdunum, il est difficile de parler de derby. Comme Brive évolue cette saison en Pro D2, c’est un peu un derby de consolation pour les supporters. Pour Jo Favre, président des Jaud’Alpins, association de supporters de l’ASM basée dans le Rhône, à Ampuis, ce serait un peu surfait.

"C’est un nouveau derby s’il est vendu comme ça par les médias avec le rapprochement de l’Auvergne et de la région Rhône Alpes. Après le derby avec Brive voici le derby de l’AURA avec Lyon... C’est vrai que l’on est un peu cousin… Il y a moins de 200 kilomètres entre les deux villes et il faudra du temps pour un vrai derby. Cela se fera peut-être comme à l’époque des duels ASM-Brive, deux bastions séparés par 160 kilomètres. Mais Bayonne-Biarritz, ça c’est un vrai derby… "

Il n’y a pas l’historique que l’on peut avoir avec Brive. Dans la tête des supporters, le vrai derby c’est ASM-CAB. Mais on est content de faire un petit derby avec le LOU…

Il n’y a pas encore la rivalité que l’on connait avec Brive pour l’ASM ou avec Grenoble pour Lyon mais en revanche l’évolution du LOU, symbole de ce rugby des très grandes villes, interpelle. "Quand on pense au niveau régional avec l’AURA oui c’est un derby mais il n’y a pas l’historique que l’on peut avoir avec Brive rappelle Thierry Fraisse le président de l’Interclubs des supporters de l’ASM. Sportivement il y a un lien fort avec Pierre Mignoni qui a laissé une trace à l’ASM et des joueurs qui vont d’un club à l’autre. Cela peut l’être sauf si Brive remonte. Il faudra battre les Lyonnais pour obtenir le leadership de la région mais dans la tête des supporters, le vrai derby c’est ASM-CAB. Mais on est content de faire un petit derby avec le LOU… "

L’engouement prend peu à peu du côté des supporters Lyonnais mais il y a encore du travail pour ce club qui réunit tous les paramètres pour devenir une place forte du Top 14. "A Gerland, il y a plus de spectateurs que de supporters, beaucoup de partenaires qui viennent échanger les cartes de visites avoue Jo Favre, le président des Jaud’Alpins. C’est vrai que l’accueil à Gerland est super et autour du stade aussi c’est agréable. Mais ce n’est pas encore l’ambiance du Michelin. "

Pierre Mignoni et sa colonie d’ex-clermontois veulent faire un coup au Michelin

Le LOU a une histoire assez fraîche en Top 14 mais sa montée en puissance ne demande qu’à s’exprimer après sa demi-finale jouée sur son sol l’an dernier au Parc OL. Depuis plusieurs années, Lyon, 5e budget du championnat, se construit sur tous les plans avec notamment l’apport d’anciens joueurs de l’ASM. Bonnaire, Attoub, Privat, Tii Paulo, Nalaga sont partis en fin de carrière et les Buttin, Goujon, Ric, Nakaitaci et Chaume, tous formés à Clermont ont pris le relais. Dans l’autre sens, Xavier Sadourny, entraîneur des arrières de l’ASM connait bien le LOU pour y avoir joué et entraîné de 2006 à 2013. Comme Rémy Grosso, un pur produit lyonnais.

Signe du changement de dimension du LOU, ce ne sont plus des joueurs asémistes en mal de temps de jeu ou sur la fin qui signent mais des joueurs au sommet de leur carrière comme Nakaitaci ou Chaume. Le fait que le club rhodanien vienne chasser sur les terres auvergnates n’a pas plu du côté des Jaune et Bleu.

Lyon séduit et a les moyens pour cela. Depuis l’arrivée de Pierre Mignoni, l’ancien demi de mêlée clermontois, le LOU a aussi passé un cap. Jusqu’à représenter une menace sportive et économique pour l’ASM ? "Le LOU c’est pas mal, ils ont un bon entraîneur et Mourad doit le regretter… explique Jo Favre. Mignoni prend des joueurs du RCT revanchards et les fait avancer. Je ne pense pas que Lyon soit une menace pour l’ASM car la culture rugby à Clermont est solidement ancrée. Le LOU c’est sérieux, avec de bonnes bases et des dirigeants qui tiennent la route pour implanter le club dans la ville. Cela a longtemps été irrégulier au niveau des résultats et on dirait que la mayonnaise prend. Il n’y a plus l’effet de surprise par-contre. "

Avant cette rencontre, les Clermontois se méfient des Lyonnais, déjà vainqueurs à l’Usap et au Racing, en l’absence de Lopez, Slimani, Vahaamahina, Iturria, Laidlaw et Yato retenus en sélections. L’ASM reste bien armée même sans sa charnière type et pourrait compter sur les retours de Jedrasiak, de Lamerat, de Fofana ou de Samuel Ezeala qui a fait son retour avec les Espoirs samedi dernier.

Pour Penaud et Parra, cela serait un peu juste. En novembre 2016, dans le même contexte, les Lyonnais avait failli décrocher le match nul et même l’emporter (Défaite 16-13). Sans un Parra XXL (drop à la 80e) et une solidarité collective exemplaire, les Clermontois auraient chuté. "Forcément, il y a une belle équipe et avec les internationaux absents de notre côté, je pense que Pierre Mignoni a coché ce match sur son calendrier depuis longtemps explique Thierry Fraisse, le président de l’Interclubs. Les Lyonnais viennent faire un coup au Michelin c’est sûr. "

Avant de parler de derby, il faudra encore quelques matches couperets et épiques, quelques petites polémiques aussi pour créer une rivalité solide entre l’ASM et le LOU comme cela peut l’être avec Toulon, Toulouse ou encore le Racing. Cela pourrait commencer dimanche.