Belleau : "Je suis revenu aux sources de ce qui m'a fait aimer ce sport, prendre du plaisir"

  • Top 14 - Anthony Belleau (RCT-Toulon) contre Lyon
    Top 14 - Anthony Belleau (RCT-Toulon) contre Lyon
  • Top 14 - Gabin Villière et Anthony Belleau (Toulon) contre le Stade français
    Top 14 - Gabin Villière et Anthony Belleau (Toulon) contre le Stade français
  • Anthony Belleau (RCT) face à Clermont en Top 14 - 22/12/2019
    Anthony Belleau (RCT) face à Clermont en Top 14 - 22/12/2019
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TOP 14 - S'il est apparu moins incisif lors de l'exercice 2018-2019, Anthony Belleau retrouve son meilleur niveau depuis le début de saison. Deuxième meilleur réalisateur du Top 14 et attaquant retrouvé, l'international français (23 ans, 12 sélections) est longuement revenu sur sa nouvelle façon d'appréhender le rugby, avant d'évoquer la forme du RCT et le virage du Tournoi des 6 Nations.

Rugbyrama : Anthony, vous avez énormément joué depuis le début de saison (977 minutes en Top14). Comment vous sentez-vous ?

Anthony Belleau : Vraiment bien ! J'ai pu enchaîner les rencontres, ce qui veut dire que le staff doit me considérer en bonne forme. Puis jouer quand l'équipe fonctionne comme c'est le cas en ce moment, c'est agréable. Il y a vraiment une bonne atmosphère au sein du groupe. Personnellement je n'ai aucun souci physique, je prends du plaisir et tout est réuni pour que je me sente bien.

Vous sortiez d'un exercice 2018-2019 moins probant que les précédents. Comment avez-vous réussi à sortir la tête de l'eau ?

A.B. : C'est évident que je me sens beaucoup mieux que la saison dernière. J'ai choisi de m'appuyer sur mes erreurs passées. J'ai appris qu'il fallait accepter que tout ne se passe pas de la manière envisagée. Il faut évidemment respecter un certain cadre, mais il faut également savoir en sortir. Il m'a fallu en prendre conscience pour rejouer "naturellement".

Quel a été le déclic ?

A.B. : Je suis revenu aux sources de ce qui m'a fait aimer ce sport : prendre du plaisir sur le terrain. Je me prenais trop la tête, et revoir ma façon de percevoir le rugby m'a beaucoup apporté. Il me reste encore beaucoup de travail, mais j'ai toujours aimé me challenger et je suis content d'avoir su rebondir après une saison compliquée.

Aviez-vous perdu le plaisir de jouer ?

A.B. : Le plaisir non, mais peut-être une part d'insouciance. Quand j'ai commencé à jouer en pro ça se passait parfaitement, je ne me posais pas de question. Mais quand j'ai dû enchaîner je voulais toujours mieux faire. À ne rien vouloir laisser au hasard je pense que je suis allé contre nature. Je cherchais à apporter quelque chose de plus à mon jeu et j'ai perdu ma spontanéité. Je tentais moins de choses et prenais moins de plaisir. C'était pareil face aux perches.

C'est-à-dire ?

A.B. : J'ai voulu changer certains détails pour m'améliorer. Je voulais faire plus de ceci, moins de cela, en me disant que ça allait m'aider. Et finalement je me suis rendu compte que j'avais toujours botté de manière naturelle et qu'il fallait y revenir. J'ai trouvé les clés en redevenant moi-même.

On dit de vous que depuis le début de saison vous êtes devenu l'un des leaders au sein du RCT. Comment l'expliquez-vous ?

A.B. : Je ne cherche pas à intervenir tout le temps, mais par moment si je pense que telle ou telle chose peut être bénéfique pour l'équipe je n'hésite plus à le dire. Je pense que ça s'est fait naturellement : je suis à Toulon depuis longtemps et comme il y a eu de nombreux départs de mecs expérimentés, c'était à nous de prendre la relève.

Top 14 - Gabin Villière et Anthony Belleau (Toulon) contre le Stade français
Top 14 - Gabin Villière et Anthony Belleau (Toulon) contre le Stade français

Depuis plusieurs semaines vous jouez davantage au centre qu'à l'ouverture. Ça vous plait-il ?

A.B. : Que ça me plaise ou non ce n'est pas la question. Depuis des mois, voire des années, on veut associer deux dix. C'est dans l'ère du temps. Personnellement j'ai souvent entendu parler d'un changement de poste, mais je préférais évoluer à l'ouverture. J'ai toujours été dix et c'est là que je me sens le plus à l'aise, mais cette fois c'était une demande du staff et c'aurait été irrespectueux et égoïste de refuser. Je m'adapte aux besoins de l'équipe, et je n'ai jamais enfilé le numéro 12 à reculons ! Force est de constater que la formule fonctionne.

Êtes-vous aujourd'hui un dix qui joue au centre, ou un centre ?

A.B. : C'est sûr que mon poste favori, là où j'aime jouer, c'est numéro 10. C'est mon souhait. Je savais que j'étais capable d'évoluer au centre, mais ce n'est pas là que je me sentais le plus confortable. Maintenant je veux aider et faire avancer l'équipe. Ça a pris un peu de temps pour prendre mes marques, mais maintenant ça va bien. En résumé Je ne me prends pas la tête, même si je préfère jouer en 10.

Prenez-vous du plaisir dans ce "nouveau" rôle ?

A.B. : Je connaissais un peu le poste et nous sommes en train de trouver des repères, alors évidemment que je prends de plus en plus de plaisir ! On a su enchaîner plusieurs bons résultats, l'équipe fonctionne bien et participer à ce bon fonctionnement me procure beaucoup de plaisir.

Anthony Belleau (RCT) face à Clermont en Top 14 - 22/12/2019
Anthony Belleau (RCT) face à Clermont en Top 14 - 22/12/2019

Le RCT a enchaîné 12 matchs sans revers (entretien réalisé le 20 janvier, N.D.L.R.). Comment expliquez-vous la forme retrouvée de Toulon après un exercice difficile ?

A.B. : Ce sont les premiers résultats de quelque chose qui se construit depuis un an et demi. Il fallait que les choses se mettent en place. Avec un peu de recul, c'est bien que ce groupe ait été dans le dur. C'était nouveau pour beaucoup de personnes. Dans un passé récent le club a connu énormément de succès et nous n'étions pas habitués à se retrouver au pied du mur. Ç'a été dur à encaisser, mais ça nous a fait grandir : on a appris à se remettre en question. On a également compris que nous étions tout autant vulnérables que les autres équipes. Il y a eu pleins de changements au sein du club et je pense que ça commence à payer. Maintenant ce n'est pas parce qu'on a réussi à ne pas perdre pendant trois mois que ça nous donne des trophées. Ça nous apporte du plaisir et de la confiance, et je pense que ça arrive peu souvent dans une carrière d'enchaîner comme cela, mais il faut désormais que ça dure. Quand on s'emballe, Patrice (N.D.L.R. Collazo) nous rappelle où nous étions il n'y a rien que six mois. Ça nous permet de garder les pieds sur terre.

Pendant plus d'un mois et demi vous allez être privés de nombreux internationaux. Comment allez-vous gérer ce virage ?

A.B. : On a la chance d'avoir un groupe complet et une véritable émulation. Certes certains joueurs vont nous laisser ponctuellement pour leur équipe nationale, mais on a confiance en tout le groupe. D'autant que la donne n'est pas nouvelle : nous avons déjà eu des blessés, il y a eu la Coupe du monde... À chaque fois on se dit : "il manque lui, il manque lui", mais ça n'a pas changé grand chose. C'est la vie d'une équipe ! Certains joueurs vont nous manquer, mais on a confiance en tout le groupe. Ce n'est pas parce qu'on enlève un, deux ou huit joueurs que le RCT est démuni. Cette période sera l'occasion de montrer que nous sommes une équipe soudée.

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