Sazy, Lorcery, Magois... Le XV de légende de La Rochelle d'Elissalde
La fidélité, c’est autour de ce mot pas du tout anodin que Jean-Pierre Elissalde a bâti son XV de légende du Stade Rochelais. Beaucoup d'anciens joueurs du club jaune et noir, mais aussi une des poutres actuelles, forment son équipe phare des "Maritimes".
D’abord, il y a la passion qui anime l’ancien demi de mêlée emblématique. Pour son club et pour sa ville. Comme un lien indéfectible. "J’ai formé cette équipe avec les joueurs qui ont été fidèles au club, c’est ce qu’il y a de plus important à mes yeux", défend conviction l’ancien joueur puis entraîneur du Stade Rochelais. D’autant plus que dans ce "XV de légende", beaucoup sont ceux qui ont connu la frustration de la relégation. Mais sans jamais perdre le cap et en croyant à des lendemains meilleurs, comme le rappelle Jean-Pierre : "il faut savoir que beaucoup de ces joueurs ont connu un Stade en souffrance". Alors qu’aujourd’hui, le plus souvent à guichets fermés devant un public fidèle contre vents et marées, la pelouse du Stade Marcel-Deflandre offre un rugby pétillant à souhait où le beau jeu respire à pleins poumons.
1. Jean Fourcade
Il jouait dans les années 60, une belle époque pour le Stade Rochelais car l’équipe avait intégré le top 8. Jean Fourcade avait connu une jeunesse difficile. Dans le rugby il avait compris qu'il fallait plus donner que recevoir, il savait protéger les siens et son équipe. Comme je le répète depuis le début de cet entretien, il portait en lui une fidélité inébranlable au club.
2. Jean-Claude Lorcery
C’était l’ancien. Quand je suis arrivé, c’est celui qui m’a fait "devenir un homme". Les gens pouvaient dire que c’était un bon capitaine, mais ce n’était pas seulement ça. J’ai souvent repris son expression : "Si j’avance suivez-moi, si je meurs vengez-moi, si je recule tuez-moi !". Et lui n'a jamais reculé. Il était à la fois dur mais bon, et très protecteur.
3. Christian Baron
Si tu parles avec des anciens, ils évoqueront souvent Lorcery et Baron. Christian Baron était un pilier droit qui avait une très bonne tenue en mêlée. De plus, il possédait la technicité d’un troisième ligne aile. Aujourd’hui on parlerait de lui comme d’ un pilier moderne. Du talent, mais toujours dans l’éducation stadiste.
4. René Le Bourhis
Le talent à l’état pur, l’athlète avant l’heure. En plus de cela il butait. Un deuxième ligne qui bute c’est rare, mais lui savait le faire. Il a été international, une sélection.
5. Romain Sazy
Il est encore en activité, d’ailleurs c’est le seul dans ce XV. Romain correspond tout à fait ce que j’ai dit précédemment : il est fidèle au club. Avant tout, il a des valeurs morales. En plus, il arrive toujours à avoir la confiance de ses entraîneurs, que ce soit hier avec Collazo ou aujourd’hui avec O’Gara et Gibbes.
6-7. Dominique Bontemps et David Joulin
Ils se ressemblent beaucoup, que ce soit en tant que joueurs, mais aussi en tant qu’hommes. Ce sont des taiseux, très discrets qui ne parlaient pas beaucoup. Sur le terrain, ils avaient une réputation de plaqueurs, des durs. Et ils avaient des corps d’athlétes eux aussi. Ils ont vingt ans de différence et ont été formés dans le même club : Rochefort.
8. Richard Cordazzo
Il a été formé au Stade aussi, et fut capitaine à son époque. Un type sérieux et appliqué, qui ne manquait pas d’adresse ballon en main. Il avait ce toucher de balle que certains possèdent et d’autres pas, cela dépend des profils. Un bon joueur de rugby.
9. Arnaud "Nono" Elissalde
Mon père, il est le symbole de tout ce que je dis depuis le début : la fidélité, l’honneur. C’est lui qui a imaginé ce concept de combat et de club. Il n’y avait pas de place pour l’égoïsme et l’autosuffisance à ce niveau-là. Je pense qu’il n’a pas la reconnaissance qu’il mériterait d’avoir. Pour moi, il a été le personnage le plus important du Stade Rochelais depuis l’après-guerre.
10. Jean-François Bouché
Un même esprit : un solide, un fidèle. C’était un gros défenseur, doublé d’un bon buteur.
11. Henri Magois
Henri, il avait du talent, il aurait pu avoir au moins 30 sélections en équipe de France s’il avait joué dans un club comme Toulouse. Mais il est toujours resté chez nous, c’est un incontournable du Stade Rochelais.
12. Laurent Bidart
C’est l’autre grand-père de Jean-Baptiste (Élissalde, fils de Jean-Pierre, ndlr). Lui, il possédait cette folie du jeu que l’on doit avoir dans une ligne de trois-quarts. J’avais beaucoup de sentiments pour Fourcade comme pour lui.
13. David Renard
Il pouvait jouer au centre aussi. S’il avait évolué à Clermont ou Grenoble dans ces années-là, David aurait eu un paquet de sélections avec le XV de France. C’était un joueur qui avait toute les qualités de fluidité et de rapidité. De plus, il était grand pour son poste.
14. Jean-Pierre Cottennec
Il était taillé pour jouer au rugby. Mon père l’avait repéré à l’époque où il faisait de l’athlétisme et courait le 150 mètres. Il l’avait vu remporter deux courses. C’est à partir de ce moment-là, qu’il l’a sollicité pour intégrer le Stade. C’était un athlète, mais pas simple à manœuvrer, dans le sens où s’il attrapait, il ne te lâchait plus.
15. Jean-Luc Vialaret
C’était l'image du gendre idéal. Adroit, toujours bien placé, il n’avait rien de trop. Mais il ne lui manquait rien. Un joueur de rêve pour un entraîneur en raison de sa régularité et de sa forte présence au sein du groupe.
Les remplaçants :
16. Pascal Piaud (talonneur, pilier droit)
17. Claude Olivier (talonneur)
18. Bernard Campet (deuxième ligne)
19. Jean-Pierre Ramade (deuxième ligne)
20. Lucien Raymond (troisième ligne)
21. Steve Bernard (demi de mêlée)
22. Jacques Larosse (arrière)
Jean-Pierre Elissalde terminera son propos en défendant : "Même dans le rugby d'aujourd'hui, cette équipe sans star serait très difficile à battre, vu les valeurs humaines qui étaient les siennes". Des valeurs essentielles et fondamentales à ses yeux qui sont le sel du rugby.
Par Léo Couffin
Crédits photos : Stade Rochelais
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?