Duputs revient de loin

  • Pro D2 - Arnaud Duputs (Bayonne)
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TOP 14 - Absent des terrains depuis un an et quatre mois, Arnaud Duputs aurait pu ne jamais rejouer au rugby. Face à des commotions à répétition, il a pris son temps, est parti en Afrique du Sud et effectuera son retour ce soir face au Stade Français.

495 jours qu’il attendait cela. Rechausser ses crampons, rejoindre le couloir de Jean Dauger, entendre, à l’intérieur de cette cage métallique, la Peña Baiona retentir, puis pénétrer dans l’arène. Le 6 avril 2018, au cours d’un match avec les espoirs de l’Aviron face à Clermont - deux semaines après sa dernière apparition chez les professionnels à la maison - Duputs quittait la pelouse sonné par une nouvelle commotion. "Après celle-ci, j’ai eu des symptômes post-commotionnels qui sont restés" explique le garçon de 24 ans. Les deux premières semaines, il est dérangé par des maux de tête, au repos. Puis pendant un petit moment, le flanker ressent des douleurs à la tête pendant les efforts. "Et des symptômes visuels jusqu’à janvier 2019" poursuit-il.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Arnaud Duputs est un mec du type généreux sur le terrain. Le genre de joueur "plaqueur-gratteur" qui n'hésite pas lorsqu’il faut mettre la tête dans les zones obscures. Son surnom lorsqu’il était avec les espoirs ? Jean II, en référence au guerrier casqué Monribot. Avant sa blessure, il comptabilisait alors 17 feuilles de matchs avec les professionnels (9 titularisations) et était un des meilleurs Bayonnais au cours d’une saison tourmentée.

Pense-t-il s’être trop donné, à ce moment, sur le terrain ? "Non, répond-il. Je pense que quand tu fais une commotion, tu es plus sujet à en faire. Avec les espoirs, j’ai beaucoup joué et j’en ai enchaîné pas mal. En tout cas, ça oblige à être vigilant. Ça effraie un peu parce que même les plus grands spécialistes ne savent pas grand-chose sur les conséquences à long terme. Mais j’ai pris le temps pendant un an pour récupérer au maximum et ne pas forcer les choses afin de limiter les conséquences, plus tard."

Pro D2 - Duputs
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3 mois chez les Sharks, le titre à distance

Pendant toute cette attente, Duputs s’est, dans un premier temps, entraîné en marge du groupe. Il y avait du travail physique, oui, mais sans contact. "Ce n’est pas facile de venir aux entraînements quand tu n’es pas prêt à rejouer et que tu ne connais pas ta marge de progression concède le jeune homme passé par l’école de rugby du BTS. Tu ne sais jamais quand tu vas pouvoir reprendre la course. Il y a eu des périodes de haut et de bas." Du coup, pour casser cette routine et changer d’air, il s’est envolé en février dernier pour l’Afrique du Sud, chez les Sharks.

L’objectif ? Prendre de l’avance dans la préparation physique et découvrir une autre culture. "J’ai toujours voulu le faire, argumente-t-il. Ce fut l’occasion et j’ai pu profiter de cette année merdique pour me faire une expérience." À Durban, il remarqua une philosophie de travail différente. "Au niveau des jeunes, il y a beaucoup de concurrence, donc les mecs arrivent tout le temps 15 minutes avant l’entraînement et à chaque fois toute l’équipe reste faire des skills à la fin. Ils sont très travailleurs. Ils participent beaucoup aux réunions vidéo."

Le tout, pendant que son équipe triomphait en finale de Pro D2, à Pau. Duputs, alors en vacances dans une zone sans réseau, ne l’apprendra que trois jours plus tard. À ce sujet, il ne cache pas ce sentiment qui l’a animé. "J’étais très content pour le club et les copains. Mais ça a été dur de se dire que tu as loupé la mauvaise saison."

Pro D2 - Duputs (Bayonne)
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Je m’étais préparé à ne plus jouer

Finalement, le troisième ligne aile a retrouvé le quotidien d’un rugbyman professionnel, à la reprise début juillet, avec tous ses coéquipiers. Que se serait-il passé, s’il n’avait pas eu l’accord du corps médical ? "Je m’étais préparé, dans tous les cas, à ne plus jouer. Je me disais que si ça devait s’arrêter, ce n’était pas catastrophique puisque j’ai fait des études. Je pensais à ça pour dédramatiser la situation" confie ce diplômé d’un DUT génie industriel et maintenance et d’une licence professionnelle écologie industrielle.

Ce soir, il foulera à nouveau la pelouse de Jean-Dauger face au Stade Français. "J’attends ça depuis plus d’un an. Finalement, j’ai la chance de pouvoir rejouer. Ça n’a pas été facile toute la saison, mais je pense qu’il y a des situations pire que la mienne, donc le premier but sera de reprendre du plaisir." Y aura-t-il une dose d’appréhension, pour ce garçon qui, tout compte fait, revient de loin ? "J’essaye de ne pas y penser. Peut-être que l’inconscient parlera, mais je ne l’espère pas. Je vais partir pour jouer comme je le faisais avant, puis on verra vendredi."

Pablo Ordas

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