Gorgodze : "Dans ma vie et ma carrière, je n'ai jamais agressé personne"

  • Mamuka Gorgodze (Toulon)
    Mamuka Gorgodze (Toulon)
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TOP 14 - Absent en début de saison en raison d'une blessure au biceps, contractée lors de la première journée de championnat, Mamuka Gorgodze est revenu à la compétition au mois de décembre dernier. Nous l'avions sollicité à l'époque pour qu'il nous parle de son retour. Le Géorgien avait poliment refusé expliquant voulant d'abord enchaîner les matchs. Chose faite. Il a donc accepté de se livrer.

Rugbyrama : Comment vous sentez-vous après cette trêve ?

Mamuka Gorgodze : La coupure a fait du bien à tout le monde. C'est toujours bien de pouvoir se reposer, notamment pour ceux qui ont beaucoup joué. Depuis la reprise, nous avons fait un très gros travail, c'est très sérieux. Les gars sont motivés et plein d'énergie. Contre le Stade-Français, la victoire a fait du bien dans cette saison difficile. Sur le plan personnel je suis heureux de ce succès, surtout après mon carton. Je ne veux pas revenir là-dessus, il ne faut plus en parler, même si je ne comprends toujours pas.

Place désormais à Agen, un déplacement jamais simple à négocier...

M. G. : Chaque match est important, celui-ci d'autant plus. Nous jouons une belle équipe d'Agen, nous nous souvenons que l'an passé ça avait été très dur. Ça peut être piège d'autant plus cette année ou nous galérons à l 'extérieur. Mais c'est un match primordial. Nous avons beaucoup de respect pour Agen ce sera très dur, c'est aussi un match très important pour eux.

Vous avez été absent presque quatre mois. Comment avez-vous vécu cela ?

M. G. : La blessure a été un vrai coup dur. Longtemps pendant ma carrière, je n'ai pas été blessé. Puis, j'ai eu une première grosse blessure avec une désinsertion du pectoral (décembre 2017), j'ai mis trois mois à revenir. C'était le temps minimum et cela grâce au staff médical et les préparateurs physiques. Je suis bien revenu, même si après ce fut un peu compliqué avec Fabien (Galthié). Et malheureusement, en début de saison, je me fais cette blessure au biceps lors du premier match, dès la 5e minute de jeu. Mais maintenant je suis revenu et ça va.

Si tu penses à ta blessure, tu rechutes

Votre retour a été plus rapide que prévu. Quel est votre secret ?

M. G. : J'avais une énorme envie de revenir. Mais je ne joue pas les Rambo non plus. J'écoute mon corps. Dès que je sens que je vais bien, j'oublie immédiatement la blessure. Je pense que c'est le problème chez certains joueurs. Ils ont peur de se blesser à nouveau. Si tu penses ça, tu rechutes dans une ou deux semaines. J'y suis allé sans crainte, et puis si je me blesse à nouveau, c'est comme ça. Il ne faut pas y penser.

Durant la préparation puis sur le premier match, Patrice Collazo vous a fait confiance avant de vous réintégrer très vite à votre retour...

M. G. : Je pense que Patrice a confiance en moi et je le remercie pour cela. Nous avons un bon groupe, j'ai toujours envie de donner le maximum pour l'équipe, pour le coach, pour ce stade et ses supporters. C'est quelque chose qui revient souvent. Quand un joueur arrive, il vous parle du public de Toulon... Mais c'est vrai. Regardez en ce moment, malgré notre onzième place, il n'y a pas beaucoup d'équipes qui remplissent les stades comme ça avec un tel soutien. C'est aussi normal d'être critiqués. Cela marche dans les deux sens.

En 2017, vous avez pris votre retraite internationale. Ressentez-vous un manque à l'approche de la Coupe du Monde ?

M. G. : Forcément ça manque de jouer pour son pays, surtout quand tu vois les matchs de l'extérieur. Mais dans tous les boulots, il y a une fin. Il faut savoir la préparer. Je pense avoir bien fait d'arrêter. Lorsque j'ai pris cette décision, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à me blesser. Imaginez-vous je continue la sélection, tu pars en déplacement, il y a encore plus de risque de se blesser... Maintenant, la Géorgie a une bonne équipe avec des jeunes. Ce ne sera pas facile à la coupe du Monde dans un groupe très relevé. Mais une chose est sûre, cette équipe ne lâchera pas.

Faut pas la ramener avec son expérience

Il vous reste un an de contrat à Toulon. Comment envisagez-vous la suite ?

M. G. : J'ai encore une saison et après c'est terminé. Je rentre. Je veux finir sur une bonne note, avec une bonne image. C'est aussi pour cela que j'ai arrêté la sélection, pour être concentré sur une seule chose et donner le maximum, m’entraîner comme il faut. J'ai toujours autant d'appétit pour ce jeu. Tu peux être moins fort en muscu, te blesser plus souvent, physiquement moins courir... ça, ce n'est pas grave. Mais le jour où tu perds l'appétit et l'envie, là t'es mort. Moi, j'ai toujours faim et je veux jouer tous les matchs.

Vous êtes parmi les anciens du groupe toulonnais. Avez-vous un rôle particulier auprès des jeunes de plus en plus nombreux dans l'effectif ?

M. G. : Je n'aime pas quand les "grands" donnent la leçon. Ce n'est pas parce que tu as 30 ou 40 ans que tu es plus intelligent qu'un jeune. Moi j'apprends des plus jeunes. Il ne faut pas leur casser les... en leur disant quoi faire. Ils n'ont peut-être pas joué 200 ou 300 matchs en Top 14, mais ils ont l'envie ça sert à rien de leur mettre une pression. Après, il y a des entraîneurs, des capitaines pour leur faire passer des messages. Faut pas la ramener avec son expérience et penser qu'on est au-dessus. J'aime pas ça.

Vous avez parfois la réputation d'un joueur agressif. Cela vous touche que l'on vous résume à cela ?

M. G. : Je ne comprends pas cette image qu'on peut avoir de moi. Mais bon, si quelqu'un me frappe, je ne me roule pas par terre. C'est dommage car j'ai l'impression maintenant qu'on devient comme au foot. Quand ils te convoquent à Paris pour la commission de discipline ils te disent "quel exemple tu montres aux enfants ?"... Oui il faut de l'exemplarité. Il ne faut pas faire le con avec des fourchettes et des gestes dangereux. Mais si quelqu'un t'agresse, il ne faut pas non plus partir pleurer dans les médias. Il faut répondre. C'est aussi ça les valeurs du rugby. Si on me tape ou on me provoque pour la bagarre, qu'est-ce que je fais ? Je tombe ? Dans ma vie et ma carrière, je n'ai jamais agressé personne. J'ai toujours répondu. Même si avant je m'énervais plus vite et maintenant avec l'âge je suis plus calme (rires).

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