Dakuwaqa : "Devant c'est Parisse qui me conseille, et au centre c'est Nonu... Vous imaginez ?"

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    Top 14 - Masivesi Dakuwaqa (Toulon) contre le Stade français
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TOP 14 - Après avoir brillé à l'aile et en troisième ligne, c'est désormais au poste de premier centre que Masivesi Dakuwaqa a été aligné par Patrice Collazo contre le Stade français. Une polyvalence et des performances toujours plus convaincantes, qui rendent le Fidjien (26 ans) indispensable sur la rade.

Masivesi, on a le sentiment que Toulon propose un rugby de plus en plus léché depuis deux rencontres. Qu'est-ce qui a changé selon vous ?

L'équipe joue de mieux en mieux, c'est évident, et c'est pour beaucoup lié au fait que nous trouvons désormais des solutions collectives. Ce ne sont plus seulement les individualités qui font la différence, mais l'équipe. Ensuite, le groupe a appris de ses erreurs, et parvient à ne plus les reproduire d'une semaine sur l'autre, ce qui n'était pas forcément le cas jusqu'alors. Chaque match est plein d'enseignements, et on sent vraiment que les choses sont en train de s'aligner.

Si les avants dominent leur sujet depuis le début de saison, on a l'impression que les trois-quarts sont également en train de se régler depuis quelques semaines...

C'est encore un travail d'équipe, car c'est la puissance de nos avants qui nous permet de mettre de la vitesse, de trouver des espaces et de finir le boulot. Les "gros" sont le moteur d'une équipe de rugby, et comme les nôtres sont dominateurs, nous avons le devoir de finir les coups, de marquer des essais. Puis la confiance est dans nos rangs actuellement, ce qui rend tout plus facile.

C'est un cercle vertueux...

Chaque rencontre nous permet de monter en puissance, car on refuse de reproduire les mêmes maladresses d'un match sur l'autre. Et c'est ce qui nous a permis de réaliser des performances très satisfaisantes contre le Stade français et le Racing 92. On tente de créer un bon mix chaque semaine, et désormais on espère que ça ne va aller que dans le sens de la progression jusqu'à la fin de saison.

Pourtant, vous allez être privés de vos internationaux pendant un mois et demi. Comment allez-vous faire ?

Par définition, les internationaux sont les meilleurs joueurs à leur poste, mais croyez-moi : ceux qui vont leur succéder sont d'excellents joueurs. Il va falloir s'adapter collectivement. Les joueurs qui restent vont avoir davantage de temps de jeu, et nous sommes conscients qu'il faudra se hisser au niveau, pour ne pas ruiner les efforts produits depuis le début de saison.

Toulon va perdre des joueurs à des postes clés, comme la charnière, ou la troisième ligne. Les joueurs polyvalents vont donc avoir un rôle majeur ces prochaines semaines, n'est-ce pas ?

Sans le moindre doute. Le staff va compter sur les joueurs capables d'évoluer à plusieurs postes pour permettre à l'équipe de rester performante. En ce qui me concerne, je suis heureux de pouvoir évoluer un peu de partout sur le terrain : ça aide le staff à composer son XV de départ, et c'est important à mes yeux. J'espère qu'en l'absence de nos internationaux, nous allons parvenir à entretenir cette dynamique de victoires.

Selon vous, un joueur qui évolue à plusieurs postes peut-il être aussi performant qu'un ultra-spécialiste ?

Ça dépend de chaque joueur, mais j'ai la conviction qu'un bon centre peut être un bon ailier, et un bon troisième ligne un super deuxième ligne. Je prends l'exemple de "Ice" Toeava : il peut jouer ouvreur, centre et arrière, et il excelle à chaque rencontre. Qu'importe le poste où il sera aligné, le staff sait qu'il sera bon. Alors certains joueurs ont besoin d'enchaîner à un seul poste, pour le connaître par cœur, mais nous avons la chance d'avoir beaucoup de mecs polyvalents, qui évoluent au même niveau à plusieurs endroits sur le terrain. Ça permet de mieux connaître les attentes qui incombent à chaque poste, et ça évite qu'on se retrouve sans solution dans la saison.

Personnellement, après avoir évolué à l'aile et en troisième ligne, vous avez démarré au poste de premier centre ce week-end contre le Stade français...

C'est certainement lié à mon passé de rugbyman à VII, mais j'aime l'idée de pouvoir jouer n'importe où sur le terrain. Puis vous avez vu les mecs qui m'entourent ? Si je descends en troisième ligne, c'est Parisse qui me conseille, et quand je passe au centre, ce sont tout simplement Nonu et Toeava... Vous imaginez ? C'est magnifique, j'apprends aux côtés de légendes de notre sport.

Continuez...

Ces mecs facilitent constamment mon boulot, me donnent des conseils par dizaine, m'expliquent mon rôle et tout est plus simple pour moi. Vous imaginez, Ma'a Nonu est le plus grand numéro 12 de l'histoire, et c'est lui qui me conseille pour comprendre les attentes du poste. Ma'a est le meilleur prof du monde, et je suis son élève (sourire). Je me réveille chaque matin en me disant que je suis un privilégié.

Avez-vous trouvé vos marques rapidement ?

Je me suis entraîné en premier centre plusieurs fois ces dernières semaines, donc j'avais déjà une idée de ce qui m'attendait. Alors quand le staff m'a confié le numéro 12, je savais que je serais prêt.

Après la rencontre, Patrice Collazo a confié en conférence de presse que vous ne connaissiez pas véritablement votre poste de référence. Est-ce vrai ?

Je crois bien qu'il a raison : d'ailleurs, Patrice, si tu as besoin de moi en 10, on peut essayer, je suis dispo (rires). Sur le terrain, il n'y a que quatre postes auxquels je ne pourrais jamais jouer : pilier droit, pilier gauche, talonneur et demi de mêlée. Et encore, je suis sûr que je pourrais rendre quelques services avec le numéro 2 dans le dos (rires).

Mais n'y a-t-il pas une position où vous vous sentez plus à l'aise sur le terrain ?

J'ai adoré jouer au centre ce week-end. Alors comme ça, je vous répondrais bien numéro 12. Maintenant, je sais que tout va très vite... On en reparle dans quelques semaines. Quoi qu'il arrive, j'aime l'idée de pouvoir démarrer un match n'importe où sur le terrain.

En septembre, vous nous aviez confié que jouer pour les Fidji à XV était un rêve. Avez-vous eu des nouvelles du sélectionneur ?

Et plus encore ! J'ai été convoqué par le sélectionneur pour jouer contre la France, mais comme la rencontre a été annulée... Le club avait accepté de me libérer, j'étais si excité... Ç'a été une déception, mais j'ai l'impression de m'en rapprocher. Désormais on va voir ce qu'il se passe, mais je travaille, et j'espère recevoir un nouveau coup de fil.

Concernant votre avenir, on dit que vous vous êtes engagé avec Montpellier. Pouvez-vous le confirmer ?

Je ne souhaite pas m'exprimer à ce sujet. Ce n'est pas le moment. Je parlerais quand il le faudra, mais aujourd'hui nous sommes dans la dernière ligne droite de la saison, et je n'ai pas envie de m'éparpiller. Je suis focus sur la fin de saison, c'est bien la seule chose qui compte.

Enfin, on aimerait comprendre quelque chose : la saison passée vous jouiez avec une paire de lunettes, afin de protéger votre œil valide, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Pourquoi ?

Car c'est injouable. Quand je joue avec des lunettes, je ne suis même pas à 60%, ça me perturbe. Je donne le meilleur, mais je veux donner 100%, et c'est possible uniquement sans les lunettes. Voilà, ce n'est pas grand chose, mais il n'y a qu'ainsi que je peux donner la pleine mesure de mon rugby (sourire).

Pour conclure, le RCT a officialisé le départ de Bryce Heem (pour raisons familiales majeures) après la rencontre contre Brive, souhaitez-vous lui dire quelques mots ?

Le groupe est très triste, mais la famille passe avant tout. Quoi qu'il arrive, Bryce est un grand joueur, mais surtout un mec incroyable. Pouvoir le côtoyer au quotidien a été quelque chose de génial, et je lui souhaite le meilleur pour la suite. J'espère que lui et sa famille se porteront bien, et j'aimerais avoir la chance de pouvoir le recroiser un jour.

Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti

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