Billetterie, animations en tribune… les groupes de supporters offrent "un service clé en main"

Par Maxime Gil
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  • Durant la saison, les supporters d'Albi avaient manifesté leur mécontentement contre leurs dirigeants - 21 avril 2017
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TOP 14 / PRO D2 - En France, plus de 50 associations de supporters existent, à travers le Top 14 et le Pro D2. Chacune avec plus ou moins d’adhérents et sa propre philosophie, elles ont toutes le même objectif : soutenir leur équipe favorite. De la mini-entreprise en termes de gestion à la petite nouvelle qui se lance, en passant par les passionnés de peinture, petit tour des stades.

Il peut être jeune ou âgé, chauvin ou beau joueur, dédaigneux ou humble, "gueulard" ou sage... Il n’existe pas de prototype du supporter de rugby. Alors certes, on ne parle dans le mundillo rugbystique que de supporter. Pas d’ambiguïté avec les termes d’Ultras et d’hooligans, propres au football. C’est certain, il n’y a pas un stade Vélodrome version rugby ou une Bombonera de l’ovalie. Mais cela n’empêche pas la passion et la fierté du supporter. Une passion débordante, sans jamais de frasque, qui s’organise généralement grâce aux groupes de supporters. En Top 14 et Pro D2, on en compte à minima un par club. Mais au total, c’est une colonie d’une bonne cinquantaine d’associations qui sont présentes un peu partout dans l’Hexagone.

Rétrocessions financières des clubs

C’est à Toulon que l’on trouve les trois plus importants groupes de supporters français. Les Z’Acrau du RCT caracolent en tête avec 1092 adhérents (!), devant les Fils de Besagne (650) et les Bulls (450). Pas de guerre en tribunes à Mayol car "chacun a sa philosophie", explique Manu Bielechi, président des Z’Acrau du RCT, mais bien une reconnaissance différente de la part de Mourad Boudjellal et de la direction du RCT, selon le nombre d’abonnés au club présents dans chaque association. Avec 525 abonnés parmi son millier d’adhérents, l’association obtient ainsi un quota de places réservées à leurs adhérents, le nombre étant établi au prorata. "Le RCT regarde le nombre d’abonnés au club. Nous, nous avons 5% du nombre d’abonnés total. Donc nous obtiendrons 5% des places pour un match au Vélodrome à Marseille par exemple."

Une billetterie (payante, évidemment) en avant-première, c’est l’atout charme des différentes associations toulonnaises. Manu Bielechi poursuit : "On propose un service clé en main. Pour la billetterie, nos adhérents n’ont qu’à commander leurs places par SMS, on s’occupe de tout et ils viennent la récupérer quand ils veulent à notre siège. Pour l’abonnement, c’est pareil. On s’occupe de toutes les modalités." Et tout cela sans compter les déplacements, repas ou animations en tribune organisés. Côté finances, le club varois donne un coup de pouce, indéniable pour mettre en oeuvre toutes ces actions : "Il y a une rétrocession du RCT et, de notre côté, on s’engage à en reverser une partie dans les animations (création de drapeaux, tifos feuilles...)."

Les supporters de Toulon
Les supporters de Toulon
On est obligé de prendre des jours de congés pour gérer (Thierry Fraisse, président de l'Interclubs de l'ASM)

Du côté du Michelin de Clermont, les dispositions sont assez similaires. Mais l’ASM n’a qu’un seul interlocuteur : l’Interclubs. "À son arrivée à la présidence, René Fontès (président de 2004 à 2013, ndlr) a été surpris de voir 8 amicales de supporters", raconte Thierry Fraisse, président de l’Interclubs. Résultat, le groupement des associations de supporters clermontoises voit le jour en 2006. Au-delà de la gestion des places comme à Toulon, la mutualisation des moyens a permis de mettre en place, depuis la saison dernière, des déplacements en autocars au prix de 15€. Et ce, qu’importe la distance ! Là aussi, l’effort financier de la part de l’ASM n’est pas des moindre, laissant une partie des revenus billetterie à l’Interclubs.

Parmi les plus importants déplacements à mettre à l’actif de ce groupement, celui organisé pour la finale de coupe d’Europe 2013 à Dublin restera dans les annales : 20… avions avaient été affrétés pour l’occasion ! "Dans ces moments là, on est obligé de prendre des jours de congés pour gérer. J’ai de la chance d’avoir un employeur conciliant (rires)", raconte Thierry Fraisse, également président du plus important groupe de supporters clermontois, le XV au Charbon (320 adhérents). Si aujourd’hui l’Interclubs regroupe 14 associations, tout fusionner pour ne faire qu’une grosse entité n’est pas dans les petits papiers. "Chaque club doit garder ses spécificités (actions menées, catégorie sociale des adhérents…)."

La Yellow Army
La Yellow Army

Tifos géants en Pro D2

En Pro D2, ce type de questions ne se pose pas. Généralement, les clubs de deuxième division ne comptent qu’un à deux clubs de supporters. Mais cela n’empêche pas l’antichambre du rugby français d’avoir dans ses rangs la 4e association la plus importante de France. Elle est du côté de Béziers où Rugbiterre regroupe 369 adhérents, devançant Les Amis du rugby (Castres, 341 adhérents) et une des associations biarrotes, Aupa BO (340 adhérents). Fondé lorsque l'ASBH a été reléguée en Fédérale 1 en 2008-2009, le club des supporters a grandi en même temps que l'équipe. Comme bien souvent.

Depuis près de 10 ans, on s’attelle d’avantage dans la sous-préfecture de l’Hérault à colorer le stade de la Méditerranée plus qu’à organiser des déplacements. "Avec les horaires du vendredi soir, c’est compliqué d’organiser des bus de supporters. Généralement, on fait 5/6 déplacements dans la saison, surtout en fonction de la distance, qui mobilisent plus de 400 personnes. Par contre, on se consacre énormément à faire des animations à domicile. Et cela va du simple stand maquillage à la création de tifos géants à la main. Sur les 4 dernières saisons, 5 tifos ont été confectionnés", détaille Sébastien Arnault, président de Rugbiterre.

Les supporters de Béziers - 17 février 2017
Les supporters de Béziers - 17 février 2017

Charte de respect pour les adhérents

Une ferveur indéniable qui prend également dans un coin de France où peu auraient cru au développement du rugby, ne serait-ce qu’il y a 5 ou 10 ans. À Vannes, le stade de la Rabine n’a pas désempli de la saison. Pour leur arrivée en Pro D2, les Vannetais se sont déplacés en masse au stade, l’affluence moyenne avoisinant les 6000 personnes dans le Morbihan. Pour rassembler le peuple breton sous une même bannière, Erminig Glas a vu le jour. Fondée par Dany Van-Eenoo, supporter qui "n’[a] raté aucun match la dernière année de Fédérale 1" et un ami, l’association a été montée "main dans la main" avec le RC Vannes.

Étant excentré sur la carte des clubs de Pro D2, difficile d’organiser des déplacements, même si les Vannetais ont pu compter sur L'hermine bleue (version francisée du nom) du côté de Mont-de-Marsan ou d'Agen. Erminig Glas préfère tout de même se construire dans son stade, autour de la grosse caisse et de son joueur de cornemuse. Mais surtout, autour de sa charte "pour assurer le respect à tous les niveaux (buteurs, arbitres…)."

Les supporters de Vannes
Les supporters de Vannes
Nous étions pour manifester pour mettre Jean-Jacques Castanet face à ses responsabilités (Pierre Combes, Comité d'animation d'Albi)

À Albi, une convention a également été signée. Mais entre le Comité d'animation et le club. En cause, une saison 2016-2017 très compliquée dans les rapports avec la direction du SCA. Même s'il souhaite "tirer un trait sur le passé", Pierre Combes, membre du conseil d'administration du Comité, reste marqué : "Avant, nous avions la gestion des buvettes et de la bodga. Puis le club nous a retiré les buvettes et nous avons du délocaliser la bodéga." Et puis, les relations se sont davantage tendues avec le déclin du sportif. Le Comité a alors tenté de réagir, sans virulence : "On a essayé d'encadrer les mécontentements. Il y avait des carences trop importantes de la part du président, donc nous étions pour manifester, dans l'esprit, pour mettre Jean-Jacques Castanet (l'ancien président d'Albi, ndlr) face à ses responsabilités."

Au final, après quelques remous dus à une histoire de banderoles en tribunes et de propos sur un forum, Pierre Combes et tous les bénévoles ont obtenu gain de cause avec la démission de l'homme fort albigeois, remplacé par Alain Roumégoux. "C'est une victoire trop amère vu le résultat final (Albi est relégué en Fédérale 1 Élite, ndlr) pour s'en réjouir." L'objectif est désormais simple : "Récupérer les supporters découragés". Car bien qu'étant acteur non négligeable de la vie d'un club, tant dans les périodes fastes que troubles, les groupes de supporters sont là avant tout pour porter haut les couleurs de leur bannière.

Durant la saison, les supporters d'Albi avaient manifesté leur mécontentement contre leurs dirigeants - 21 avril 2017
Durant la saison, les supporters d'Albi avaient manifesté leur mécontentement contre leurs dirigeants - 21 avril 2017
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