Lyon, nouveau bastion du rugby ?

  • Toby Carter Arnold, Thibaut Regard (Lyon LOU)
    Toby Carter Arnold, Thibaut Regard (Lyon LOU)
  • Patrick Celma (Crédit Photo : LOU Rugby)
    Patrick Celma (Crédit Photo : LOU Rugby)
  • Pierre Mignoni
    Pierre Mignoni
  • Pierre Mignoni
    Pierre Mignoni
  • Etienne Oosthuizen, Toa Halafihi et Rudolffe Wulf (Lyon) contre le Stade Français
    Etienne Oosthuizen, Toa Halafihi et Rudolffe Wulf (Lyon) contre le Stade Français
  • Lyon vs Racing 92
    Lyon vs Racing 92
  • Kendrick Lynn - Lyon
    Kendrick Lynn - Lyon
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Épicentre naturel de la superpuissance du rugby français que constituera la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, le Lou cumule tous les atouts pour se hisser à la hauteur de son prestigieux passé. De quoi refaire de Lyon un bastion du rugby français ? C’est là le sens du travail entrepris par Pierre Mignoni, en tout cas...

Les grandes équipes ne meurent jamais, c’est bien connu. Même si, dans le cas de Lyon, la renaissance aura duré pas moins de 43 ans, la dernière qualification du Lou pour les phases finales d’un championnat d’élite remontant à 1975… Drôle de hasard, d’ailleurs, puisque les derniers (et seuls) titres remportés par le club lyonnais remontent à un doublé réussi en 1932 et 1933 ! Il faut croire que l’histoire aime à ce titre se répéter, puisque le Lou des années trente s’était bâti sur un apport massif de joueurs catalans (qui quittaient alors leurs terres où ils étaient suspectés de professionnalismes et accusés de pratiquer un jeu trop dur, critiqué par les instances anglo-saxonnes), tandis que celui de l’ère moderne s’est affirmé après un exode parti de la super-puissance des années 2010, le RC Toulon…

Partant de ce constat, faudra-t-il attendre un nouveau cycle et l’année 2061 pour que le rugby s’enflamme de nouveau dans la capitale des Gaules, sur fond d’immigration massive de talents ? Au vrai, on serait aujourd’hui prêt à jurer du contraire, tant la deuxième ville de France semble aujourd’hui présenter d’atouts, nouvelle tête de gondole d’un des vaisseaux de guerre du rugby français, à savoir la Ligue Auvergne-Rhone-Alpes.

Patrick Celma (Crédit Photo : LOU Rugby)
Patrick Celma (Crédit Photo : LOU Rugby)

"La Ligue sera opérationnelle au premier juillet, mais elle s’annonce comme la troisième de France derrière l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine, avec 295 clubs et 54000 licenciés, annonce son futur président Patrick Celma. Elle sera également la plus étendue, puisqu’elle va du Cantal aux confis de la Suisse… La saison dernière en Top 14, nous avions Clermont qui a connu une mauvaise saison mais se trouve "remplacée" par Lyon au stade des demi-finales, également Oyonnax qui a perdu sa place en élite au profit d’une autre équipe régionale. On espère que l’ASM retrouvera une place en phases finales la saison prochaine, bien sûr, tout comme on espère que Grenoble parviendra à se maintenir et Oyonnax à remonter. d’autant plus qu’avec Aurillac et potentiellement Bourg-en-Bresse, nous serons aussi bien représentés en Pro D2, ainsi qu’en Fédérale."

Mignoni, la pierre angulaire

Un maillage aussi large que dense à tous les échelons des rugbys, dont l’épicentre naturel demeure Lyon, à la confluence du Rhône et de la Saône, à une portée de drop de Gerland et du siège social de GL Events, propriétaire du Lou. Un club logiquement appelé à prendre une dimension supplémentaire, ce dont le président de la Ligue Aura se réjouit à double titre.

Pierre Mignoni
Pierre Mignoni

"Pour moi, c’est un peu particulier, puisque je suis l’ancien président de l’Association du Lou, qui est et restera mon club, sourit Celma. C’est assez extraordinaire, car on n’aurait jamais imaginé en début de saison que le Lou puisse terminer dans les six. Alors, le voir en demi-finale, c’est exceptionnel, et tout le crédit en revient à Pierre Mignoni. Il a amené au club une autre rigueur, un autre sérieux. Et en tant qu’ancien président de l’Association, je peux vous assurer qu’il a été un des premiers à s’intéresser à ce que nous faisions au niveau de la formation, à s’impliquer pour la rendre plus efficace."

Pierre Mignoni
Pierre Mignoni

Un travail de fond qui demeure la dernière étape à franchir pour le Lou qu’il souhaite devenir le numéro un incontesté de la région, le club rhodanien se voyant pour l’heure largement devancé par ses voisins clermontois ou grenoblois, historiquement plus implantés. Car si les éclosions de Baptiste Couilloud, Félix Lambey, Thibaut Regard ou Dylan Cretin (tous purs produits de la formation lyonnaise) constituent un vrai motif de satisfaction, celles-ci constitue surtout l’arbre masquant une forêt d’insuffisances, sur lesquelles Pierre Mignoni souhaite depuis longtemps se pencher. "Pour moi, le Lou rugby, ce n’est pas qu’une équipe professionnelle, nousconfiait-il voilà quelques mois. On travaille depuis longtemps avec Philippe Buffevent sur le développement du club, pour que l’identité du Lou rugby dépasse le cadre juridique qui sépare la SASP et l’Association." Un travail voué à toucher ses fruits sur le long terme, ainsi qu’en témoigne le contrat paraphé courant septembre, liant Pierre et le Lou jusqu’en 2023...

Sur la formation, on n’évolue qu’à 60 % de moyens

Une perspective qui a conduit ce dernier à provoquer une réforme totale du système de formation, dans laquelle s’est inscrit le recrutement en tant que responsable de la filière "jeunes élite" de Laurent Mignot, ancien entraîneur de Bourg-en-Bresse (Fédérale 1) et surtout ex-directeur du centre de formation de Bourgoin-Jallieu, du temps où celui-ci faisait figure de référence. "On l’a dit et répété à tous nos éducateurs et entraîneurs : aujourd’hui, nous sommes dans un système où l’on ne fait pas assez, jurait Mignoni. Tout n’est pas à jeter, loin s’en faut, et il faut en féliciter les gens qui travaillent dans l’ombre depuis tant d’années, qui méritent beaucoup des respect et de considération. Mais de là à se dire que c’est suffisant et qu’il faut continuer comme cela, non. Il faut aller au-delà de ces frontières, et aller beaucoup plus loin. Pour moi, aujourd’hui, un club comme le Lou n’évolue qu’à 60 % de ses moyens en termes de formation et de développement. Et nous sommes justement en train de mettre en place des moyens pour aller plus loin."

Etienne Oosthuizen, Toa Halafihi et Rudolffe Wulf (Lyon) contre le Stade Français
Etienne Oosthuizen, Toa Halafihi et Rudolffe Wulf (Lyon) contre le Stade Français

Parmi ces moyens ? Le Lou va annoncer prochainement la création d’un centre d’hébergement pour ses jeunes d’une cinquantaine de chambres, quand la plupart des centres de formation actuels n’en comptent qu’une vingtaine. L’idée ? Aller plus loin en matière de pré-formation, secteur où le club lyonnais se veut précurseur. "Aujourd’hui, on ne veut rien s’interdire. On veut juste aller un peu plus loin dans le développement de nos jeunes, en allant justement au-delà des stagiaires du centre de formation ou d’une certaine tranche ou catégorie d’âge."

Jeunesse, dynamisme et attractivité

En attendant ? C’est par sa vitrine que le rugby lyonnais flambe, entre un stade Gerland rénové de la coque au pont pour accueillir les matchs du Lou, mais surtout une énorme représentation au plus haut niveau, entre les finales de Coupe d’Europe voilà deux ans, sans oublier la réception des All Blacks B ou des demi-finales cette saison. "C’est la Ligue qui a choisi le Groupama Stadium pour les demi-finales et la FFR qui l’a désigné pour recevoir les Blacks, mais cela montre en effet que notre région est attractive, sourit Patrick Celma. On espère que cela va perdurer d’autant qu’avec Saint-Étienne, notre Ligue aura deux villes concernées par la Coupe du monde 2023, ce qui annonce des moments plutôt sympathiques."

Lyon vs Racing 92
Lyon vs Racing 92

Et des lendemains qui chantent pour un club aussi attractif que jeune, porté par depuis cinq ans par un actionnaire des plus dynamiques, mais surtout dirigé par le cadet des présidents du Top 14 (Yann Roubert, 40 ans), ainsi que par le staff d’entraîneurs le plus jeune du championnat. Outre Pierre Mignoni (40 ans), les autres entraîneurs David Attoub (entraîneur de la mêlée, 37 ans), Karim Ghezal (responsable de la touche, 36 ans) et Kendrick Lynn (responsable des trois-quarts et des skills, 35 ans) occupent tous leur première fonction, dans la foulée de leur carrière de joueur. Une inexpérience, mais surtout une fraîcheur dont le club veut faire un atout.

Kendrick Lynn - Lyon
Kendrick Lynn - Lyon

"Il y a peut-être du hasard dans tout cela, mais surtout une grosse part de feeling, nous confiait Mignoni. Cela me convient car je marche beaucoup au ressenti, mais il faut encore une fois surtout féliciter notre président et notre actionnaire, qui n’hésitent pas à faire confiance. Ce qui est assez rare dans notre milieu par les temps qui courent…" Et payant, à l’évidence, la chance souriant comme de juste aux audacieux...

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