Impétueux mais pas présomptueux, Béthune s'affirme à Agen

  • Quentin Béthune avec Agen, en Pro D2 (2016-17)
    Quentin Béthune avec Agen, en Pro D2 (2016-17)
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TOP 14 - Il est parti pour être une des révélations d'Agen cette saison : à 22 ans, l'espoir du club Quentin Béthune s'affirme au poste de pilier gauche. Doté de belles qualités et avec un caractère bien trempé, il revient sur son début de saison.

Au coup d'envoi de la saison, ceux qui le connaissaient vraiment se comptaient parmi les suiveurs assidus du Pro D2. En Top 14, Quentin Béthune était seulement passé en coup de vent : deux apparitions en 2015/2016 pour 49 minutes de jeu. Lui même dit que "ça ne compte pas".

Mais après une saison à fourbir ses armes en Pro D2, le pilier gauche qui vient de fêter ses 22 ans, a cette fois su se présenter en un éclair. La France du rugby l'a découvert comme titulaire du poste dans son club formateur : déjà cinq apparitions pour 235 minutes de jeu et des premières étoiles dans Midi-Olympique. Surtout, elle a découvert un joueur qui n'était pas du genre à baisser les yeux. Première scène pour le laisser entendre : le 2 septembre face au Racing et un face à face tendu avec Cedate Gomes Sa.

Respecter un adversaire, c'est aussi montrer qu'on ne se laissera pas faire.

"J'ai du respect pour ces adversaires, pour les plus anciens, éclaire Béthune. Parce que je suis conscient que ces joueurs là nous montrent la voie. Mais les respecter ça veut dire aussi montrer qu'on ne se laissera pas faire. C'était le premier match à domicile, on n'allait pas accepter de se faire marcher dessus. On est le promu, l'équipe à battre. On sait qu'il sera difficile de gagner à l'extérieur. On veut quand même montrer qu'on est là."

Contre Toulouse le week-end dernier, c'est Florian Fritz qu'il a défié. Béthune rembobine : "J'ai le ballon quand il y a pénalité contre nous. Quand l'arbitre siffle, j'ai besoin de reprendre ma respiration. Je garde le ballon au lieu de le rendre. Florian Fritz me dit alors quelques mots d'amour qui ne me plaisent pas. Et j'ai un geste malheureux, comme si j'allais lui mettre un coup de tête. C'est stupide, il faut le reconnaître. J'aurais pu prendre un rouge et je n'aurais rien eu à dire. Mais le match se déroulait parfaitement et l'arbitre (M.Jonathan Dufort) a choisi de faire preuve de psychologie. J'ai trouvé ça bien. Et moi, ça va me servir : j'ai pris ça comme un avertissement". Il devra quand même s'en expliquer devant la commission de discipline

Nouveau monde

Malgré les erreurs, Béthune − tout comme Agen en ce début de saison − semble être à sa place en Top 14. Le gaucher en sourit presque. "Ces mecs que j'admirais, je suis désormais face à eux. C'était quand même impressionnant en ouverture du Top 14 d'être face à Du Plessis, Cruden. Puis la journée d'après, affronter Carter, Szarzewski. Après, quelque part, c'est une récompense. Je sais tout ce que j'ai réalisé pour en arriver là. J'ai travaillé... "

Il ne se raconte pas d'histoire : il se sait encore petit dans le monde du rugby de très haut niveau. Le sentiment laissé par ces premiers rounds en Top 14 ? "On nous l'avait dit et répété, que tout irait plus vite en Top 14, que ça taperait plus fort. On s'était préparé à ça. Mais en réalité, tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas se le représenter, admet-il. Contre La Rochelle, par exemple, j'ai compris… J'ai été impressionné par le jeu, par l'intensité que cette équipe était capable d'imposer, par la complémentarité entre avants et trois-quarts."

On leur rendait 48 kilos...

Et l'exercice de la mêlée a fini d'enfoncer le clou. "J'imaginais que ça serait peut être plus facile qu'en Pro D2 où on peut être confronté à davantage de triche, un peu plus de vice. Mais si c'est plus propre en Top 14, il faut le reconnaître, ça pousse plus fort… Contre La Rochelle, j'avais derrière moi Marchois. Devant nous, Atonio et Qovu. On leur rendait 48 kilos… Très concrètement après ce match, j'ai eu mal aux cervicales. Et j'ai souffert pendant quelques jours." Surtout, il a compris que la souffrance serait redondante. "Tous les matches ont été difficiles, avoue Béthune. J'ai eu face à moi Guillamon puis Gomes Sa – très fort avec un bon placement. Ensuite ce fut Atonio et une mêlée contre Boughanmi. Et contre Toulouse, j'ai été opposé à Van Dyk, très bien positionné. J'ai compris qu'il y aura très peu de piliers moyens en Top 14…"

Constat : Béthune et la mêlée agenaise, ne sont pas écrasés par les références. "Toulouse, ça aurait pu être mieux, relativise Béthune. On s'est fait chahuter avant de se montrer plus stables en fin de match. Mais vu la qualité de la mêlée toulousaine, c'était un bon test. Et c'est une leçon : en mêlée, rien n'est jamais pareil, rien n'est jamais acquis." Suivre cette ligne directrice, le meilleur moyen de ne pas se perdre.

Agen et son pilier gauche sont en phase d'apprentissage. Maintenant ce n'est pas synonyme de complexes ni de blocage. Béthune regarde à l'horizon : "Ce début de saison, ça motive, collectivement, individuellement. Il y a des efforts et des progrès à faire. Mais on voit qu'il y a un potentiel". Le SUA peut compter sur lui pour ne pas baisser la tête.

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