Rougerie, ciao le monstre
Le trois-quart centre clermontois mettra un terme, samedi, à dix-neuf années d'une carrière hors-norme. Avec son départ, une petite page du rugby français se tourne. Et une grande page de l'histoire de son club.
Quand Aurélien Rougerie avait une nouvelle fois déjoué les pronostics, il y a dix-huit mois, en décidant de prolonger une saison encore une carrière déjà exceptionnelle, Franck Azéma avait ses mots à son encontre : "les bons joueurs subissent leur fin de carrière. Les grands joueurs la choisissent. Aurélien est un immense joueur".
Si il n'y avait qu'un essai à retenir de la Légende Rougerie, ça serait celui-ci.
— Team Jaune&Bleu (@TeamYellowArmy) May 1, 2018
2007, en demi-finale contre le Stade Toulousain au Vélodrome ?
??#ASM #Roro #Légende pic.twitter.com/xkc8te4C1N
Après avoir plusieurs fois laissé entrevoir son retrait, Rougerie avait donc choisi que cette saison 2017-2018 serait sa dernière. Pour de bon. Une sortie dont il pouvait choisir la temporalité, pas la manière. Le voir quitter la scène sur un match sans enjeu, sur une saison sans titre et sans sel laissera éternellement le goût amer du regret. Celui-ci ne doit pourtant en rien occulter ce parcours en tout point remarquable.
L'exception par les chiffres
L'exception vaut par les chiffres, déjà. Rougerie, ce sont dix-neuf années d'une carrière professionnelle exceptionnelle de longévité. Ce sont 134 essais et 673 points inscrits, toutes compétitions confondues ; 76 sélections et trois Coupes du monde avec l'équipe de France. Et 417 matchs professionnels avec Clermont, donc, son club de toujours pour lequel il signa sa première licence en 1988, à l'âge de 8 ans.
Il jouera son 418e (et dernier) ce samedi, face à Toulouse. Pour des adieux à son public qui s'annoncent grandioses et émouvants. Avant un repos bien mérité pour le corps. "Les lendemains de match, pour la levée du corps, ça coince, confiait-il déjà en début de saison. Je ne passe pas immédiatement de la position allongée à la position debout. Il faut en général une étape intermédiaire, par la position assise, le temps que le corps se dérouille un peu. De toute façon, je sais que les douleurs vont persister toute la journée. Je traîne mes guêtres dans toute la maison, avec un degré de productivité proche du zéro".
C'est (aussi) la réalité d'un rugby toujours plus dur, avec dix-neuf années émaillées de graves blessures qui lui ont martyrisé le corps. "Mais le joueur est aussi un mari et un papa. Le dimanche, sa femme et ses enfants ont envie de faire plein de choses avec lui. C'est frustrant pour tout le monde de rater ces moments en famille. C'est aussi pour cela qu'il sera bientôt temps d'arrêter". Ce sera chose faite, dans quelques jours. Et la tristesse du public clermontois, qui verra partir le plus beau joyau de son histoire, vaut bien la joie d'une famille.
Séance dédicaces pour les joueurs clermontois à la fin de l’entraînement. Beaucoup de monde autour d’Aurelien Rougerie. #Roro #YellowArmy pic.twitter.com/nCzbQOniuZ
— ASM Rugby (@ASMOfficiel) May 1, 2018
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