Le Stade Français trahi par ses ouvreurs

On ne peut pas dire que le Stade Français ait manqué son derby. Au contraire, même. Avec cette équipe expérimentale composée comme ils ont pu, les entraîneurs Olivier Azam et Julien Dupuy avaient trouvé une forme d’équilibre intéressante pour défier le Racing 92 sur sa pelouse synthétique. Avec Sekou Macalou replacé en troisième ligne centre, et le formidable voltigeur Hugues Pyle en seconde ligne, Paris avait aligné un paquet d’avants capable de mieux se déplacer que celui de l’adversaire. Et la tactique a parfaitement fonctionné. A la mi-temps, le Stade Français menait (7-14). L’avance aurait même pu être plus grande, si Hugues Pyle, plutôt que d’adresser une passe impossible à Morne Steyn, avait gardé le ballon pour lui pour aller seul à dam.

La sirène venait de retentir, et à la suite d’une récupération de balle, le seconde ligne avait percé. Mais sa transmission acrobatique pour Steyn a fait un en avant. Avec quatorze points d’avance, le Stade Français aurait pou voir venir. Avec seulement sept points, il était toujours à portée de tir du Racing 92. Et ce maigre avantage a été avalé par le Racing 92 en seconde période, à la suite de deux fautes majeurs de Morné Steyn, rentré en première mi-temps à la place de Romain Martial blessé, et de Jules Plisson, replacé à l’arrière après la rentrée du Sud-Africain. Ce dernier s’est manqué le premier. On jouait la 53ème minute de jeu, et le Stade Français venait de défendre pendant cinq minutes plusieurs mêlées à cinq mètres de sa ligne, avant de récupérer la gonfle.

On se disait alors que l’exploit pour eux était possible. Mais à la suite de la mêlée consécutive à leur récupération, Morné Steyn, plutôt que d’envoyer le ballon en tribune, s’est essayé à un long coup de pied. Touche pas trouvée et relance du Racing, et le Stade Français, qui s’était abimé dans une débauche d’énergie énorme, a craqué logiquement sur cette action. A la 71ème minute, Jules Plisson s’est manqué à son tour. Alors qu’il avait déjà essuyé un vilain raffut de Marc Andreu sur sa ligne - essai refusé à la suite d’en avant de Boris Palu - il a manqué un nouveau placage sur le même Andreu malgré une position plutôt favorable, en arrivant en travers.

Andreu l’a repoussé avant de faire la toupie pour contourner toute la défense du Stade Français qui revenait dans le grand champ. Voilà qui ont fait quatorze points évitables, pour une petit défaite de six points, qui ont même écarté le Stade Français du bonus défensif. Un manque de rigueur rédhibitoire.

Par Cyprien Guillaume