L'antisèche : le Racing rit, Collazo perd son pari

Le match :

Patrice Collazo, l’entraîneur rochelais, avait choisi d’aligner une composition de départ en laissant des cadres importants sur le banc : Botia, Atonio, Bourgarit, James, Priso. L’objectif de l’entraîneur en chef du club maritime était de coller au score le plus longtemps possible et de faire la différence avec son banc XXL. Force est de constater que le pari a été perdu par le staff rochelais. Malgré une première action intéressante et l’opportunité ratée de Lamb d’ouvrir le compteur des Jaune et Noir, le Racing 92 a tout de suite mis la main sur le ballon.

Se nourrissant des erreurs des visiteurs, comme sur le premier essai de Nyanga à la suite d’un en-avant grossier de Murimurivalu, les Franciliens ont occupé le terrain à la perfection en première période et le choix tactique de jouer avec deux ouvreurs (Carter et Lambie) a parfaitement fonctionné. Sans vitesse, ni certitude dans son jeu, les Rochelais retournaient même au vestiaire avec un troisième essai encaissé par l’intermédiaire de Lambie (19-0).

Probablement bien secoués durant la pause, les Rochelais revenaient sur le terrain avec des intentions bien différentes. Amosa remettait d’abord La Rochelle dans le match, tout en puissance, après une belle action de Rattez (19-5, 49ème). À la 50ème minute, Patrice Collazo faisait rentrer sa première ligne remplaçante de gala : Priso, Bourgarit et Atonio.

Pourtant, derrière au score et obligé de faire le jeu pour revenir dans la rencontre, La Rochelle n’a pas réussi à mettre du rythme malgré l’apport de ses remplaçants (tous rentrés avant la 60ème minute). Les locaux s’appliquaient dans le second acte à bien défendre et à procéder en contre. Le match aurait même pu être plié si Carter n’avait pas failli devant les perches (2 sur 5). Une défaillance tout de suite sanctionnée par Jordaan avec un essai relançant la fin de match (12-19, 73ème). Dans les dernières minutes, après une nouvelle pénalité ratée de Carter, les Rochelais récupéraient le ballon alors que le Racing 92 poussait pour inscrire un dernier essai. La dernière munition était néanmoins vendangée par Brock James à quelques mètres de l’en-but, permettant au Racing 92 d’enchainer une cinquième victoire consécutive et de prendre la deuxième place du Top 14.

Facteur X : Yannick Nyanga

Le capitaine du Racing 92 a réalisé une grande première période. En vue offensivement, notamment en se montrant très disponible, le troisième ligne du Racing a posé de gros problèmes à la défense maritime. C’est lui qui permet aux Franciliens de débloquer leur compteur, avec une course tranchante. Sur le deuxième essai de son équipe, il permet à ses coéquipiers d’être dans l’avancée avec une très grosse percussion sur le demi d’ouverture Ryan Lamb. Après la pause, l’ancien joueur du Stade toulousain s’est largement montré défensivement, à l’image de son équipe.

L’action du match : Brock James à la dernière seconde

Après un bon conteste de Botia, les Rochelais obtiennent une dernière munition pour décrocher un match nul, assez inespéré sur l’ensemble du match. Sur la touche, l’international français Geoffrey Doumayrou perce la défense francilienne et trouve Botia. Dans l’avancée, le jeu rebondit et Brock James, rentré en cours de match, décide de jouer un petit jeu au pied rasant. Si le choix avait été payant quelques minutes auparavant sur l’essai de Jordaan, il est ici difficilement compréhensible. Avec un peu de patience, La Rochelle semblait en mesure d’inscrire l’essai décisif de ce match.

La question : Patrice Collazo a-t-il bien fait de laisser ses cadres sur le banc ?

Le coup n’est, au final, pas passé loin d’être payant. En choisissant de laisser ses cadres sur le banc, Patrice Collazo avait fait le pari d’une fin de match rocambolesque. Sans l’approximation de ses joueurs sur l’ensemble du match, le coach rochelais aurait pu réussir son coup de poker. Pourtant, cette option a largement déréglé le jeu de son équipe en première période. En étant menés 19 à 0, les coéquipiers de Jason Eaton partaient de trop loin pour décrocher un résultat dans la U Arena du Racing 92. Les locaux avaient eux décidé d’aligner un XV type au début du match, un choix payant à l’heure des comptes.

Paul Arnould.