Hans-Peter Wild : "Si nous avons besoin un jour du meilleur joueur du monde, nous l'aurons"

  • Hans-Peter Wild
    Hans-Peter Wild
  • Heyneke Meyer
    Heyneke Meyer
  • Julien Dupuy, l'entraîneur des arrières du Stade français
    Julien Dupuy, l'entraîneur des arrières du Stade français
  • Beauden Barrett lors de France / Nouvelle-Zélande
    Beauden Barrett lors de France / Nouvelle-Zélande
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Propriétaire du Stade français depuis le 14 juin 2017, Hans-Peter Wild est un personnage discret. Pas franchement le genre à courir les rendez-vous médiatiques. Ce samedi, avant la rencontre capitale dans la perspective du maintien face au Stade toulousain, il a toutefois accepté de se confier.

A l'hôtel Molitor, dans le très chic XVIe arrondissement de Paris, à quelques encablures de Jean-Bouin, l'homme est ponctuel et souriant, la poignée de main tout en douceur. Ce qui ne l'empêche pas de fixer son regard dans le vôtre avec force. En préambule, il apporte un précision : "Tous les journaux français écrivent que je suis entrepreneur allemand. C'est faux, je suis un entrepreneur suisse." Et il y tient, le Docteur Wild. Tout comme il souhaite que les questions lui soient posées en français, "Mais je répondrai en anglais", précise-il dans la foulée. En vrac, il évoque la situation sportive de son club, l'arrivée d'Heyneke Meyer officialisée mardi dernier, le recrutement pour la saison prochaine et les projets à venir.

Heyneke Meyer
Heyneke Meyer

Rugbyrama : Vous avez acheté le club il y a huit mois. Vous attendiez-vous à ce que cette première année soit si difficile ?

Hans-Peter Wild : Bonne question. J'ai toujours dit que cette saison serait une saison de transition. Parce que nous avons perdu dix joueurs de caractère à l'intersaison. Je reste persuadé que nous avons un bon squad mais le réservoir n'est pas assez profond. Les numéros 1 sont bons, les numéros 2 un peu moins et les numéros 3 encore un peu moins. Ce groupe manque d'homogénéité, en clair. Je savais que ce serait difficile. Mais nous ne serons pas relégués. Nous n'irons pas en deuxième division. J'ai confiance.

Qu'allez-vous changer, dans les mois à venir ?

H-P.W : Nous avons beaucoup de jeunes à fort potentiel et n'avons pas encore pris le temps de développer leurs capacités. Nous allons nous y atteler. J'ai également regretté que notre équipe joue sur un bon tempo pendant une heure puis s'écroule physiquement, après ça. Foutu ! (il le dit en français)

Etes-vous agacé par la situation ?

H-P.W : Non. Je n'ai pas le temps d'être agacé.

Il y a eu beaucoup d'épisodes imprévus, cette saison : le licenciement de Raisuqe, le départ de Greg Cooper... Avez-vous regretté , à un moment donné, d'avoir racheté le Stade français ?

H-P.W : Pas du tout. On ne peut changer ce qui s'est passé. La fille de Greg était très malade. Il a dû rentrer chez lui et je le comprends. Le problème, c'est que Greg ne parlait pas français et n'avait donc pas de lien direct avec les joueurs. Nous changerons donc ça. Quand Heyneke Meyer va arriver, Meyer Bosman (trois-quarts centre sud-africain du Stade français) sera ses yeux et ses oreilles. Il traduira tout. Il sera partout à ses côtés, au moins pour les trois premiers mois.

#COMMUNIQUÉ: Josaia Raisuqe et Waisea Nayacalevu, qui font actuellement l’objet d’une mesure de... >https://t.co/PVkwUblR8u #SFParis pic.twitter.com/kIZga8WaE1

— Stade Français Paris (@SFParisRugby) August 18, 2017

Comment avez-vous rencontré Heyneke Meyer ?

H-P.W : J'étais en Afrique du Sud pour une dizaine de jours. Là-bas, j'ai rendu visite aux Stormers, aux Sharks, aux Bulls... Là-bas, quelqu'un m'a dit que Heyneke Meyer était disponible et qu'il souhaitait me rencontrer. J'ai passé une journée à ses côtés, il m'a présenté un projet et j'ai été très impressionné. J'ai appelé Hubert Patricot (le président), qui nous a rejoint. Nous avons passé la journée suivante tous les trois. Heyneke est un grand coach, peut-être l'un des meilleurs coachs de la planète. Nous avons embauché la bonne personne.

Viendra-t-il avec son staff ? Continuerez-vous avec Julien Dupuy et Olivier Azam ?

H-P.W : Nous garderons toutes les personnes motivées pour travailler avec nous. Mais je ne veux que des gens motivés à 100 %, sinon ce n'est pas la peine ! Tout le monde devra être aligné avec la position de Heyneke. Il n'y aura pas les Français d'un côté, les étrangers de l'autre... Et de ce que je sais, Olivier Azam et Julien Dupuy sont très concernés. Mais il va falloir travailler dur ! Cette saison, nous avons dû nous séparer de préparateurs physiques parce que les joueurs ne travaillaient pas suffisamment ! Cela doit changer...

Julien Dupuy, l'entraîneur des arrières du Stade français
Julien Dupuy, l'entraîneur des arrières du Stade français

Avez-vous eu peur d'engager un coach étranger ?

H-P.W : Hubert (Patricot) a regardé partout. Mais j'ai lu dans la presse que nous avions regardé du côté de Gonzalo Quesada et c'est totalement faux. Il n'y a eu aucun contact. Écoutez moi bien : je voulais l'un des meilleurs coachs au monde et je l'ai trouvé.Nous ne sommes pas un club parmi tant d'autres. Nous sommes le Stade français, un club avec une magnifique réputation à travers le monde. Vous n'avez pas besoin de convaincre quelqu'un de rejoindre le Stade français. Tout le monde veut y venir.

Que ferez-vous si l'équipe est reléguée ?

H-P.W : Nous continuerons sur la même voie. Mais je peux vous assurer que nous ne serons pas relégués.

Les gens disent que votre squad n'est pas assez large, pas assez bon...

H-P.W : Il est assez large mais pas assez bon. Sur cinquante joueurs, quinze ne sont pas assez bons. Il en reste donc trente-cinq. S'ils s'entraînent et sont en forme, ce sera suffisant.

De grands noms vont-ils arriver ?

H-P.W : On a déjà signé plusieurs joueurs. D'autres suivront peut-être.

Beauden Barrett lors de France / Nouvelle-Zélande
Beauden Barrett lors de France / Nouvelle-Zélande

Il y eut des rumeurs dans la presse australienne sur la possible venue du meilleur joueur du monde, Beauden Barrett, en Top 14. Etes-vous candidat ?

H-P.W : Il est aussi l'un des moins chers... (rires) Tous les joueurs veulent venir en France pour gagner plus d'argent. J'ai lu que trois clubs étaient candidats pour Barrett. Je ne sais pas si c'est vrai. Mais si nous avons besoin un jour du meilleur joueur du monde, nous l'aurons. Mais en ce moment, nous ne faisons pas la course... Et avant le Mondial japonais, nous ne pouvons pas faire grand chose...

Hubert Patricot habite à Londres, vous en Suisse et Robert Mohr vient seulement de s'installer à Paris. Quelques joueurs regrettent qu'il n'y ait pas d'autorité au quotidien, au Stade français...

H-P.W : Heyneke vivra à Paris et sera toujours là. Et puis, vous savez, avec les moyens de communication modernes, la présence n'est pas si importante que ça. Si vous avez une équipe relayant l'idée générale, il n'y a aucun problème.

Quid de l'identité du club ?

H-P.W : Nous avons le nom de la capitale française et la responsabilité d'être digne de ce nom. Le maire de Paris (Anne Hidalgo) est derrière l'équipe, la ville aussi. J'espère que nous ferons de ce club quelque chose de solide, de constant. Max (Guazzini) l'a ressuscité et élevé, puis il y eut la banqueroute. Thomas (Savare) a été champion de France puis son père n'a plus voulu que l'entreprise familiale y mette de l'argent. Maintenant, nous espérons placer ce club à un niveau de performance constant. Je veux que les supporters soient à nouveau fiers de ce club, de cette identité. Je veux qu'il y ait 20 000 personnes à Jean Bouin, pas 8000 comme c'est le cas actuellement.

Quid du salary cap ? Comment vivez-vous avec ça ?

H-P.W : 10 millions d'euros pour une masse salariale, c'est énorme. Mais toutes les équipes doivent jouer au même jeu, avec les mêmes règles. A Paris, nous serons totalement transparents par rapport à ça. Et puis vous savez, le succès ne s'achète pas. Vous pouvez payer 220 millions d'euros pour neymar et sortir en huitième de la Ligue des Champions...

Vous vous êtes dernièrement désengagé du rugby allemand. Pourquoi ?

H-P.W : J'ai perdu beaucoup d'argent dans le rugby allemand. En France, la fédération est professionnelle. En Allemagne, elle est méga amateur et ne veut pas changer. Depuis six mois, j'attends une proposition qui ne vient pas. Il y a une réunion bientôt. On verra. Mais s'ils ne deviennent pas pros, je ne poursuivrai pas. J'ai déjà dépensé vingt millions d'euros dans ce projet. Je n'en mettrai pas vint de plus, pour rien. [...] Le rugby allemand, c'est la pagaille. Le Stade français, c'est le fun.

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