"Urda", c'est Maradona !

Vu comme ça, Benjamin Urdapilleta (32 ans, 10 sélections) n'a rien à faire dans le rugby pro. Du haut de son 1,76 m et campé sur 80 kilos selon les organisateurs, 76 selon la police, le demi d'ouverture du Castres olympique est un homme lambda au milieu des titans du Top 14. Face à Montpellier, qui empile les douze tonnes, cette impression est d'ailleurs multipliée par dix. Mais il faut croire qu'au printemps 2018, il y a encore de la place pour les bipèdes dits normaux. A la condition, toutefois, que ceux-ci aient été touchés par la main de Dieu... Benjamin Urdapilleta ? Il est à l'heure actuelle le meilleur ouvreur du Top 14, une intelligence rare au service d'un jeu au pied millimétré et d'une grinta toute latine, toute argentine serions nous même tentés de dire.

Au Stade de France, samedi soir, le meneur de jeu a une nouvelle fois prouvé l'étendue de son talent. Auteur de dix-neuf points au pied et d'un solide 87 % de réussite face aux perches (cinq pénalités, deux transformations, un drop manqué), Benjamin Urdapilleta a surclassé son vis à vis Aaron Cruden, pourtant considéré comme l'un des meilleurs demi d'ouverture de la planète.

Boudé par les sélectionneurs argentins !

Menant le jeu de son équipe avec pertinence, formant avec Rory Kockott la charnière la plus "bankable" du championnat de France, Benjamin Urdapilleta a également poussé, à Saint-Denis, le dévouement jusqu'au sacrifice, stoppant plusieurs fois les Golgoths Louis Picamoles et Paul Willemse, se jetant dans leurs jambes comme si sa vie en dépendait. Arrivé à Castres il y a trois ans dans les bagages de Christophe Urios en provenance d'Oyonnax, ce petit homme que s'est toujours évertué de bouder la sélection argentine a donc une nouvelle fois prouvé qu'il était un immense joueur. Urda, c'est Maradona !