La force tranquille de Nariashvili

Par Rugbyrama
  • Mikheil Nariashvili et Joe Tomane (Montpellier) - avril 2017
    Mikheil Nariashvili et Joe Tomane (Montpellier) - avril 2017
  • Kelian Galletier - Montpellier
    Kelian Galletier - Montpellier
  • Misha Nariashvili - Montpellier
    Misha Nariashvili - Montpellier
  • Mamuka Gorgodze (Toulon)
    Mamuka Gorgodze (Toulon)
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Après sept saisons passées sous les couleurs du MHR, le Géorgien Mikheil Nariashvili est aujourd’hui un symbole du club. Discret et fort à la fois. À l’image de la personnalité et du talent du pilier, qui s’offre sa première finale de Top 14 samedi. L’héritier de Mamuka Gorgodze, présenté par son aîné.

Juillet 2010, la terre tremble en salle de musculation. Mamuka Gorgodze présent au MHR à ce moment, s’en souvient encore : "À l’époque, j’avais entendu dire que "Misha" était en France pour faire des essais. Je ne le connaissais pas mais j’ai alors demandé au staff s’il pouvait venir à Montpellier. Il a ensuite passé des tests au club et je me souviens qu’il avait "arrêté" une machine mesurant la force (battant ainsi le record de Gorgodze) Après ses essais, ils ont décidé de le garder."

Quelle bonne idée ! Car du haut de ses vingt ans, Mikheil Nariashvili n’est pas seulement un phénomène physique : "Je n’avais jamais vu un mec aussi intelligent à son arrivée. Je parle "d’intelligence" pour apprendre la langue et s’adapter. Je ne me souviens pas avoir eu besoin de lui traduire une chose. Il a très vite appris le français seul en faisant beaucoup d’efforts. Moi, comme d’autres Géorgiens, j’ai mis du temps pour m’intégrer et parler français car nous sommes timides. Il l’est lui aussi, mais a été à ma connaissance le plus rapide de mes compatriotes sur ces deux points."

Kelian Galletier - Montpellier
Kelian Galletier - Montpellier

Le natif de Tbilissi formé à l’AIA Kutaisi intègre dans la foulée le centre de formation héraultais. Et son adaptation éclair va se poursuivre sur le pré. Dès sa première saison, il devient champion de France avec les juniors Reichel aux côtés de Kélian Galletier. Pendant que son aîné, Mamuka Gorgodze, tombe lui les armes à la main en finale (2011).

Dans le top 3 des piliers gauches du Top 14

L’année d’après, les deux hommes se retrouvent en équipe première où Nariashvili sera lancé dans les grands bains du Top 14 et de la H Cup (12 matchs et 3 titularisations). Surprenant de précocité et de robustesse, il gagne sa place de numéro un à gauche de la mêlée. Six ans après, "Misha" ne l’a toujours pas quittée (157 matchs et 119 titularisations). Sans bruit, il a grandi : "Avant, les gens pouvaient se dire que je parlais bien de lui car il était Géorgien et que nous avions grandi ensemble à Montpellier. Mais maintenant qu’il est reconnu par tout le monde, je peux dire ce que je pense. Je ne dis pas que c’est un "monstre". Mais à mon avis, il a sa place parmi les trois meilleurs piliers gauches du championnat."

Misha Nariashvili - Montpellier
Misha Nariashvili - Montpellier

Impressionnant de régularité, rarement blessé malgré des allers-retours incessants en sélection (51 capes), l’intéressé est le patron de la mêlée des Cistes. Dominateur en demi-finale face au Lou, il aura un rôle essentiel à jouer contre le Castrais Daniel Kotze : "Depuis mon départ (2014), j’ai continué à regarder les matchs de Montpellier. Et je me souviens, qu’à plusieurs reprises lorsque l’équipe n’était pas très bien, c’est "Misha" qui sonnait la révolte en mêlée et "retournait" le match. Je ne dis pas qu’il a été le sauveur, mais un fort pourcentage lui revenait dans cette réussite. C’est un joueur clé."

Sa "star" de l’ombre, devenu "l’étranger" du MHR (toujours en activité) le plus capé : "Je me considère comme un enfant du club, car j’ai tout vécu dans cette équipe et cette ville. Ici, j’ai commencé à vivre pour la première fois tout seul, sans ma famille et mes amis dans un pays étranger. C’était une aventure difficile au départ, devenue extraordinaire", explique "Misha".

Nous parlons plus ensemble qu’avec nos femmes

Son secret ? "Le travail, encore le travail et l’intelligence. Il bosse énormément depuis ses débuts et ne doit sa réussite qu’à lui-même." En trois saisons (2011-2014) passées sous les couleurs bleu et blanc, les deux compatriotes ont noué une amitié forte, quasi fraternelle : "On se voyait tous les jours, presque tout le temps. Ces années passées à ses côtés ont été les meilleures sur le plan amical et sportif." Et le lien qui les unit ne s’est jamais rompu en quatre années de séparation selon Nariashvili : "Je suis venu à Montpellier grâce à Mamuka. Pour ça et d’autres choses, je ne le remercierai jamais assez. Il m’a beaucoup donné et apporté. J’ai toujours une pensée pour lui et les souvenirs des moments passés ensemble ici. Nous n’avons plus la même couleur de maillot, mais notre amitié reste forte et sincère." Gorgodze confirme : "Nous sommes toujours des amis très proches avec Misha et Davit (Kubriashvili). Nos familles se connaissent très bien et on s’appelle tous les deux jours. Je crois que nous parlons plus ensemble qu’avec nos femmes (sourire)…"

Mamuka Gorgodze (Toulon)
Mamuka Gorgodze (Toulon)

Samedi, le discret Lélo de 28 ans (1,86 m et 118 kg ; sous contrat jusqu’en 2022), aimé par tous les vestiaires qu’il a côtoyés à Montpellier pour sa simplicité et sa grande humilité, sera en pleine lumière pour le plus grand bonheur de Gorgodze : "Je suis déjà très heureux pour Montpellier, même si j’aurais préféré les retrouver en finale avec mon club, Toulon. Je n’oublierai jamais mes neuf très belles années là-bas. Et je suis bien entendu très content pour "Misha" et mes amis." Un conseil à l’héritier ? "Il n’a besoin d’aucun conseil. Il veut tellement bien faire ! Je n’ai qu’à lui souhaiter une bonne finale." Mikheil Nariashvili, la force tranquille des Cistes, déterminé à achever au Stade de France l’histoire démarrée par son aîné sept ans plus tôt.

Par Julien Louis.

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