Soupçonné de favoritisme, le président Laporte se retrouve fragilisé

Par Rugbyrama
  • Bernard Laporte - décembre 2016
    Bernard Laporte - décembre 2016
  • Bernard Laporte, le président de la FFR
    Bernard Laporte, le président de la FFR
  • Bernard Laporte et Mohed Altrad
    Bernard Laporte et Mohed Altrad
  • Bernard Laporte
    Bernard Laporte
  • La Ministre Laura Flessel et Bernard Laporte
    La Ministre Laura Flessel et Bernard Laporte
  • Paul Goze, le président de la LNR
    Paul Goze, le président de la LNR
Publié le Mis à jour
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FFR - Elu en décembre 2016 à la tête de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte se retrouve moins d'un an plus tard fragilisé pour une affaire de favoritisme présumé au profit du club de Montpellier.

Bernard Laporte, l'ancien sélectionneur du XV de France, secrétaire d'Etat aux Sports et manager de Toulon, doit prouver à la Ministre des Sports Laura Flessel qu'il n'a pas intercédé auprès de la commission d'appel de la FFR pour réduire les peines infligées au Montpellier Hérault Rugby, dont le président Mohed Altrad est devenu son partenaire majeur.

  • D'où part l'affaire ?

Selon le JDD du 13 août, Laporte est intervenu pour que la commission d'appel de la FFR se prononce avec "bienveillance" sur plusieurs décisions de la commission de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR) concernant le MHR : les sanctions liées aux banderoles hostiles à la LNR déployées lors du match contre le Racing 92, le 22 avril, et les suspensions de ses joueurs Jacques et Jannie du Plessis.

Bernard Laporte, le président de la FFR
Bernard Laporte, le président de la FFR

Selon le JDD et L'Equipe, la commission d'appel de la FFR confirme le 29 juin le jugement de première instance (infligeant notamment à Montpellier une amende de 70.000 euros). Mais le lendemain, les peines à l'encontre du MHR sont réduites après la volte-face d'un des trois membres siégeant ce jour-là, qui modifie son vote.

Or, selon le JDD, BL Communication, société dirigée par Laporte, a signé à l'hiver avec Altrad, dirigeant d'un gros groupe de matériel pour le BTP, un contrat d'un an pour quatre prestations, pour un montant de 150.000 euros. Selon un article de ce contrat, publié par le journal, "BL Communication s'interdit toute déclaration ou tout comportement public susceptible de nuire à la réputation (d') Altrad". Lequel est devenu à la même période le premier sponsor à s'afficher sur le maillot des Bleus.

Bernard Laporte et Mohed Altrad
Bernard Laporte et Mohed Altrad
  • Y a-t-il eu pression ?

La démission d'un des trois membres de la commission présents lors de la séance du 29 juin accrédite cette thèse. Dans son édition de dimanche, le JDD publie la lettre que Philippe Peyramaure, le démissionnaire, a adressée à Jean-Daniel Simonet, président de la commission également présent ce jour-là. "J'ai été avisé que le président de la Fédération était intervenu pour demander que nous modifiions notre décision dans un sens beaucoup plus favorable à Montpellier", écrit cet avocat parisien désigné par la LNR pour siéger au sein de l'organe fédéral.

M. Peyramaure explique avoir le 30 juin "refusé de revoir (sa) position mais, étant minoritaire, (son) opposition n'a pu avoir d'effet". Joint lundi matin par l'AFP, le troisième membre de la commission impliqué, Me Robert Malterre, s'est dit encore "tenu à l'obligation de réserve". "Si je dois répondre à des questions, je répondrai", a répondu cet avocat palois, qui se dit "tranquille" mais déplore que "les choses partent dans tous les sens".

Bernard Laporte
Bernard Laporte
  • Que risque Laporte ?

Les révélations du JDD puis la démission de Peyramaure ont amené le ministère à réclamer des comptes au président de la FFR, qui n'a toujours pas réagi et n'avait pas lundi à la mi-journée répondu aux sollicitions de l'AFP. "Pour le moment il n'y a pas d'attaque, il n'y a pas de demande de justice, donc du coup on va laisser faire les choses en fonction de ce que le président me répondra", avait déclaré Laura Flessel samedi au micro de RMC Sports.

L'ancienne championne d'escrime pourrait décider de mobiliser l'Inspection générale de la Jeunesse et des sports. Mais le calendrier est délicat : la France est en pleine course pour organiser la Coupe du monde 2023, dont le pays hôte sera désigné le 15 novembre.

La Ministre Laura Flessel et Bernard Laporte
La Ministre Laura Flessel et Bernard Laporte

Pour aller plus loin, il faudrait qu'une plainte soit déposée. Agen pourrait-il déclencher une action? Le club du Lot-et-Garonne, sèchement battu samedi à l'Altrad Stadium (48-19), aurait dû affronter le MHR sur terrain neutre si la sanction initiale - une suspension de terrain conséquence d'une levée de sursis - n'avait pas été amoindrie. La question sera évoquée lors du conseil d'administration du SUA jeudi soir.

  • Que va faire la Ligue ?

La Ligue, autre victime présumée en ceci que son arbitrage aurait été floué, marche sur des oeufs et attend de voir "la version des principaux intéressés", selon une source interne à l'AFP qui affirme : "Il va y avoir d'autres démissions". "Si c'est avéré, c'est grave et choquant", avait déclaré son président Paul Goze, le 21 août, au sujet des liens présumés noués entre Laporte et Altrad.

Paul Goze, le président de la LNR
Paul Goze, le président de la LNR

La Ligue se défend en tout cas d'avoir incité Peyramaure, qu'elle a nommé au sein de la commission, à démissionner. L'avocat "n'est pas du tout membre de la Ligue", "il ne connaît pas Paul Goze" et "sa prise de position est personnelle", assure-t-on à l'AFP. Une prise de distance logique au vu de la période d'apaisement entre les deux institutions du rugby français, encore en guerre ouverte il y a quelques mois après l'élection de Laporte. Un répit de courte durée.

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