Clerc : "J'ai eu la chance de vivre cette carrière"

  • Vincent Clerc - Toulon
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  • Vincent Clerc (Toulon)
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Alors qu'il a annoncé sa fin de carrière il y a quelques jours, Vincent Clerc a accepté de se livrer sur les raisons de son choix et de revenir sur les temps forts de sa carrière. Après la séance du jour, il s'est assis en tribune du centre d’entraînement de Toulon.

Rugbyrama : Vincent, vous avez annoncé votre décision d'arrêter votre carrière au terme de la saison. C'est une décision de longue date ou finalement assez récente ?

Vincent Clerc : Je ne m'étais pas trop posé la question avant, notamment sur le début de saison où je vivais au jour le jour avec l'envie de retrouver des sensations. C'est vrai que depuis quelques mois, je me sens bien physiquement que j'ai pu enchaîner quelques matchs, les préparateurs physiques me disent que je suis bien... mais à un moment, il faut savoir dire stop. Après ce que j'ai vécu la saison passée (ruptures des deux tendons d'Achille), j'aurais pu m'arrêter sur une blessure et ça aurait été dur. Là, je me dis que c'est le moment de finir bien dans tous les domaines et qu'il faut passer à autre chose.

Est-ce que le fait d'avoir égalé le record du nombre d'essai en championnat (100) à jouer finalement, en vous disant que cet objectif était atteint ?

V.C. : Même sans ça, j'aurais pris du plaisir, et la décision aurait été la même. Je ne courrais pas après ce record, c'est bien qu'il soit arrivé mais ce n'était pas un objectif.

Vincent Clerc (Toulon)
Vincent Clerc (Toulon)

Vous sentez-vous libéré depuis cette annonce et prêt à vivre pleinement les dernières semaines de votre carrière de joueur ?

V. C. : Oui c'est un peu ça. Même si j'avais ça en tête depuis quelques semaines, c'était important de le verbaliser. Ce n'est pas évident, car ça veut dire qu'on a fait le choix et que ce sera réel dans quelques temps. Même si je suis dans cet état d'esprit, que je profite des mecs, je savoure, mais je m’entraîne avec la même implication. Il y a tout de même un peu de nostalgie, de retrouver les gars, le ballon et le terrain tous les jours... ça fait 17 ans que je vis ça.

Appréhendez-vous le mois de juillet, celui de la reprise habituelle où vous n'allez pas chausser les crampons ?

V. C. : Pour avoir pas mal d'amis qui ont arrêté ces derniers temps, je sais qu'il y aura des marques à trouver et un peu de flottement, car les terrains et la compétition vont me manquer. C'est une certitude. Ça arrivera en septembre, octobre certainement.

Avoir anticipé l'après carrière m'a aidé

L'après carrière, c'est quelque chose que vous avez déjà anticipé. Cela vous a aidé également dans votre décision ?

V. C. : Cela m'a permis de faire cette dernière saison en étant à 100 % dans le rugby. Savoir que je pouvais enchaîner sur quelque chose de concret après m'a donné une liberté d'esprit et de ne pas avoir à penser à la reconversion. C'est un luxe que j'apprécie. Je sais que je vais rejoindre des associés qui sont des amis et me plonger dans un autre univers avec des objectifs, c'est aussi excitant de se plonger dans ces aventures que j'ai créé en amont et que je vais pleinement toucher du doigt. Il y a une structure dans l'événementiel - marketing sportif, une autre dans le sport et une dernière dans les médias.

Est-ce qu'on vous retrouvera comme consultant dans les médias,notamment pour la prochaine coupe du Monde ?

V. C. : Je ne sais pas encore. C'est vrai que j'ai envie de rester lié au rugby et au terrain. Pas trop proche dans un premier temps, car je veux prendre un peu de recul, mais c'est vrai que ces rôles sont intéressants car ils permettent de rester dans ce milieu. Ça me plairait oui.

Vincent Clerc (Toulon)
Vincent Clerc (Toulon)

Le costume d'entraineur, vous tente-t-il ?

V.C. : A haut niveau, ce n'est pas vraiment dans ma nature pour l'instant. Ça voulait également dire : repartir dans le même cycle, et même encore pire, c'est très chronophage. Je préfère être dans la transmission entre génération, c'est un des facteurs de réussite à mon sens, et moi ça m'a beaucoup aidé.

Toutes les premières fois d'une carrière ont une saveur particulière

Quand vous-vous replongez 17 ans en arrière, au début, comment envisagiez-vous votre carrière ?

V. C. : L'envie de découvrir le haut niveau est arrivée très tard chez moi. Jusqu'à 17-18 ans, je n'ambitionnais pas d'être pro. Puis tout c'est décanté en quelques mois, en passant de Reichel à la Pro D2 avec Grenoble puis finalement Toulouse. Tout est allé vite, sans calcul. J'ai toujours été passionné d’entraînements et de rugby, et quand c'est arrivé j'ai continué à être toujours dans cette optique. J'ai eu la chance de vivre cette carrière et d'être dans le plaisir. Ça n'a jamais été une contrainte de m’entraîner, de me relever de blessures... au contraire. Il s'agissait de défis, de prouver. C'est ça le résumé de ma carrière. Montrer que j'étais capable de jouer, d'évoluer en Pro D2, puis d'aller à Toulouse, car certains disaient que je ne pouvais pas, que j'étais capable de me relever de blessures...

Qu'est-ce qui vous a permis de rester au haut niveau durant toutes ces années ?

V. C. : Mon tempérament et la façon dont j'ai été éduqué sur le plan rugbystique, notamment à Toulouse, avec cette remise en question permanente, l'humilité et la volonté d'aller chercher toujours plus loin et ne jamais se croire arrivé.Je n'ai jamais pris le temps de savourer ce qui a pu arriver, comme les titres, et je voulais continuer d'aller vers l'avant. Ça a été un moteur de ne jamais se satisfaire de ce que j'avais.

Vincent Clerc (Toulon)
Vincent Clerc (Toulon)

Quel souvenir garderez-vous précieusement de votre carrière ?

V. C. : Toutes les premières fois ont une saveur particulière. La première fois que je suis rentré dans le groupe avec Grenoble avec des joueurs que j’idolâtrais depuis tellement longtemps... puis la première à Toulouse, le premier titre, la première avec l'équipe de France à Marseille (contre l'Afrique du Sud). Il y a une émotion indéfinissable dans toutes ces premières.

Guy Novès a un rôle prépondérant dans votre carrière et votre vie. Comment percevez-vous votre relation ?

V. C. : Guy, ça a été presque 14 ans de ma vie à Toulouse. C'est sûrement la personne la plus représentative pour moi dans le rugby. Notre relation s'est construite dans un premier temps dans le rugby, après ça s'est développé personnellement, mais je pense qu'on va avoir une autre relation maintenant qu'il n'est plus dans le rugby et moi également. On a construit quelque chose de très fort, comme il l'a fait avec beaucoup de joueurs, c'est quelqu'un de paternaliste. Il ne laisse pas indifférent.

L'essai de Croke Park a été un tournant

Parmi les 170 essais inscrits dans votre carrière, en championnat, coupe d'Europe et sélection, s'il ne devait en rester qu'un, ce serait lequel ?

V. C. : (hésitation) Ce n'est pas évident, mais je crois que celui de Croke Park (lors du Tournoi 2007, il inscrit l'essai de la victoire face à l'Irlande à la dernière minute) a été un tournant dans ma carrière. Je pense que ça me permet de faire la coupe du Monde derrière, car ce n'était pas gagné encore. Ça m'a également donné l'occasion de m'installer un peu plus en équipe de France. Je pense avoir franchi une étape à ce moment-là.

"J'ai décidé de mettre un terme à ma carrière. J'ai vécu un rêve de gamin. Je suis prêt, j'ai envie d'aller chercher encore un titre" ? .
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— Vincent Clerc (@VincentClerc) April 17, 2018

Et si l'on devait garder qu'un match ?

V.C. : Les matchs face aux Blacks. Le quart de finale de coupe du Monde à Cardiff, restera quelque chose de puissant, dans un des plus beaux stades du monde. Il y avait beaucoup de choses, cette compétition organisée en partie en France, ce maillot, puis toutes ces choses qui se sont improvisées et ce que ça a donné par la suite. Puis les Blacks, on les bat un fois sur 15 ou 20 matches, donc quand on y arrive dans un moment clé d'une compétition, c'est très fort comme sentiment.

Je n'ai jamais pu revoir les images de la Coupe du monde (2011)

A l'inverse, le plus mauvais souvenir ?

V. C. : La finale de la Coupe du Monde face aux Blacks (2011). Je n'ai jamais pu revoir les images. Je n'ai pas envie. Ça viendra peut-être plus tard. Je n'ai jamais voulu y repenser car ça restera une énorme frustration. Par le scenario, et même si sur l'ensemble de la compétition on ne le mérite peut-être pas ou moins qu'eux, sur la finale on le mérite. Être champion du monde, c'est tellement rare, ça demande tellement d'efforts... On ne nous l'a pas volé, mais on aurait du avoir la chance de la gagner.

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