Habana : "Les joueurs préfèrent choisir leur sortie, moi je n'ai pas pu le faire"

  • Bryan Habana (Toulon)
    Bryan Habana (Toulon)
  • Bryan Habana
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  • Fabien Galthie Manager de Toulon
    Fabien Galthie Manager de Toulon
  • Bryan Habana et Matt Giteau (Toulon) - 24 juin 2016
    Bryan Habana et Matt Giteau (Toulon) - 24 juin 2016
  • Bryan Habana - Ailier de l'Afrique du Sud - Afrique du Sud-Etats-Unis - 7 octobre 2015
    Bryan Habana - Ailier de l'Afrique du Sud - Afrique du Sud-Etats-Unis - 7 octobre 2015
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Bryan Habana a annoncé mardi qu'il mettrait un terme à sa carrière à l'issue de la saison. Pourtant, si le sourire agrafé à son visage ne l'a pas quitté, le champion du monde 2007 ne cache pas sa tristesse, voire son amertume, de ne pas avoir pu choisir sa sortie. En conférence de presse, l'ailier champion du monde est revenu sur cette dernière saison qu'il a profondément vécu comme une injustice.

Bryan, vous avez annoncé mardi que vous mettriez un terme à votre carrière à l'issue de la saison. On imagine que la décision a été difficile à prendre...

Bryan Habana : C'est toujours difficile de prendre cette décision. Je le savais. D'autant que je reste sur une saison difficile à titre personnel. Ne pas jouer n'était pas un choix. Humainement ça a vraiment été très difficile et j'ai ressenti beaucoup d'émotion au moment de faire cette annonce. Finir comme ça c'est difficile, mais c'est la vie. Je donne tout mon soutien au club pour la fin de saison. J'aurai 35 ans en juin, et une nouvelle vie commence pour moi.

D'un côté on annonce que votre genou n'est plus en état, et vous semblez de votre côté affirmer que vous auriez pu retrouver les terrains... Qu'en est-il ?

B.H : J'ai repris l'entraînement il y a maintenant cinq mois. Toutes les équipes médicales m'ont dit que c'était ok. Ne pas jouer n'est donc pas mon choix... Je le répète, j'ai travaillé très dur depuis neuf mois pour revenir, et je n'ai pas eu la possibilité de rejouer...

Bryan Habana
Bryan Habana

Si ce n'est en colère, on vous sent déçu...

B.H : Bien sur ! Je pense que tous les joueurs préfèrent choisir leur sortie. Jonny Wilkinson l'a fait en partant après un doublé. Richie McCaw aussi, après un titre de champion du monde. Moi je n'ai pas pu le faire. Arrêter sur cette saison, c'est très dur. Mais c'est comme ça. Puis quand je regarde dans le passé, je me dis qu'une saison ce n'est pas grand chose...

En voulez-vous à Fabien Galthié ?

B.H : Il pensait que je n'étais pas à 100%, pourtant je m'entraînais avec le groupe. C'est comme ça. Et je sais que le métier d'entraîneur, n'est pas facile. À mon poste, il y a des joueurs de classe mondiale, comme Chris Ashton, Semi Radradra ou Josua Tuisova, et je comprends... Mais je pense que j'avais le profil et l'expérience pour être ne serait-ce qu'une option pour le staff... au moins pour jouer une dernière fois.

Fabien Galthie Manager de Toulon
Fabien Galthie Manager de Toulon

Ne regrettez-vous pas d'avoir prolongé d'un an la saison passée ?

B.H : Non. Je voulais absolument revenir et c'était un bel objectif... J'ai beaucoup travaillé pour, mais je n'ai pas eu l'opportunité.

Avez-vous pensé à tenter un dernier challenge dans un nouveau club ? Afin de terminer sur une bonne note ?

B.H : J'ai cherché un peu, du moins j'y ai réfléchi. Mais c'était difficile vis-à-vis de ma famille. Mon deuxième fils est né il y a trois semaines, et la vie ne doit pas s'arrêter pour Bryan Habana. J'ai donc pris la décision d'arrêter.

Quand avez-vous pris votre décision finale ?

B.H : J'y réfléchissais sérieusement depuis deux-trois mois. J'ai cherché quelques options pour continuer à jouer encore un peu, mais j'ai parlé avec ma femme et mes proches, et finalement j'ai décidé d'arrêter il y a trois semaines. Et quand je vois tout le soutien que j'ai reçu ces 24 dernières heures, je pense que c'est la bonne décision.

N'avez-vous pas peur de regretter cette décision ?

B.H : En effet, ce sont des choses qui arrivent. Je pense notamment à Matfield qui a annoncé sa retraite, avant de revenir. Moi je ne sais pas. Je me dis surtout que la vie de rugbyman apporte de nombreux privilèges... J'ai été un privilégié, j'espère ne pas regretter cette décision.

Bryan Habana et Matt Giteau (Toulon) - 24 juin 2016
Bryan Habana et Matt Giteau (Toulon) - 24 juin 2016

Comment envisagez-vous l'après-rugby ?

B.H : Quand ce sera terminé avec le club, je prendrai quelque mois de repos. Je ne sais pas encore si je rentrerais en Afrique du Sud ou si je resterais en France. Mais pour l'instant, je compte profiter de la côte d'Azur. Il fait froid en Afrique du Sud en juillet-août, alors je vais prendre trois ou quatre mois tranquilles. Est-ce que j'envisage de devenir coach ? Je veux vraiment couper quelques temps, prendre du temps pour ma famille. Il n'en est pas question pour l'instant. En revanche je réfléchis à devenir consultant, ou à m'investir dans différentes affaires que j'ai. Mais pour l'instant je vais breaker mentalement et physiquement. Je verrais de quoi sera fait mon après-carrière, mais je suis fier de ma carrière.

Et à très court terme, qu'allez-vous faire le jour qui va suivre la fin de saison ?

B.H : En ce moment, je ne dors pas beaucoup avec mon fils. Alors je vais peut-être demander à me femme de prendre mes deux enfants pour dormir un peu (rires). Plus sérieusement, je pense prendre un peu de temps pour boire un coup avec mes copains.

Que garderez-vous de vos cinq saisons à Toulon ?

B.H : Quand je suis arrivé, je voulais aider un grand club, composé de grands joueurs. Et quand je me souviens de ma première saison c'était fou. Je jouais avec Ali (ndlr Williams), Jonny (Wilkinson), Gits (Matt Giteau), Bakkies (Botha), Juanne Smith,... que des joueurs incroyables, et nous avons fait le doublé. Pour notre retour, il y avait 70 000 personnes sur le port. Ça ressemblait un peu à notre retour en Afrique du Sud après la Coupe du monde 2007. Plus globalement, j'ai énormément profité de ces cinq années, que ce soit au niveau de la culture, de la langue. D'ailleurs, à ce sujet, mon fils parle mieux français que moi, mais c'est juste parce qu'il est allé à la crèche (sourire).

Champions du monde, d'Europe, de France, meilleur joueur du monde en 2007, etc. Quel héritage pensez-vous laisser au monde du rugby ?

B.H : Jake White m'avait dit, en début de carrière : laisse le maillot dans une meilleure place que tu ne l'as trouvé. Et j'ai donné, à chaque match que j'ai pu jouer, le meilleur de moi-même. Je pense donc que j'ai laissé le maillot dans un meilleur endroit que je ne l'ai trouvé.

Bryan Habana - Ailier de l'Afrique du Sud - Afrique du Sud-Etats-Unis - 7 octobre 2015
Bryan Habana - Ailier de l'Afrique du Sud - Afrique du Sud-Etats-Unis - 7 octobre 2015

Être une légende de son vivant, qu'est-ce que ça représente ?

B.H : Comme n'importe quel joueur, je voulais remporter le plus de trophées avant de raccrocher les crampons. Mais surtout, je voulais apporter un peu à ce jeu. Pour être très honnête, j'ai versé quelques larmes hier. Et je me suis rendu compte que malgré seize années de carrière, le rugby est toujours plus grand que n'importe quel joueur. Je vais réfléchir à tout ça, mais je suis fier d'avoir pu apporter ma pierre à l'édifice.

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