Lyon, équipe des lumières

Par Rugbyrama
  • Equipe de Lyon
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  • Toulon contre Lyon
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  • Julien Puricelli (Lyon) contre Toulon
    Julien Puricelli (Lyon) contre Toulon
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Alors que depuis quelque temps, les matches de phases finales nous offrent un spectacle terni par un enjeu qui prend trop souvent le pas sur le jeu, celui de hier soir nous a offert un feu d’artifice offensif. Malgré le sombre rouge et noir habituellement affiché sur le maillot des deux équipes, c’est bien du côté des Lyonnais, qui jouaient en blanc, que l’étincelle a jailli à deux reprises.

Un défi immense

Les chiffres parlent d’eux mêmes. 75% de victoires en barrage pour l’équipe qui reçoit. 43 ans sans phases finales pour Lyon quand Toulon est en lice pour une septième demi-finale consécutive. Aucune victoire des Lyonnais à Mayol en Top 14. Meilleure attaque du championnat pour Toulon qui écrase ses adversaires en les lâchant au score. La liste des raisons pour lesquelles Toulon devait l’emporter hier soir est encore longue, pourtant les statistiques ne font pas tout. La fougue, l’envie, la prise de risque ont été les véritables ingrédients de la victoire.

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► Deux packs et deux spécialités, la mêlée ?? pour le @RCTOfficiel et la touche pour @leLOURugby. Qui prendra le dessus et retrouvera le @MHR_Officiel en demi-finale ? ? pic.twitter.com/7RDAXxtzMP

— TOP 14 Rugby (@top14rugby) May 18, 2018

Les Lyonnais ont ainsi déjoué tous les pronostics lors de leur match de barrage face à Toulon. Alors qu’ils auraient pu être tétanisés par un enjeu qui semblait trop lourd pour leurs frêles épaules de novices, alors qu’ils auraient pu être pétrifiés par le danger latent que représente les feux follets toulonnais, alors qu’ils auraient pu venir à Mayol en simples figurants déjà satisfaits d’une saison réussie au vu de leur cinquième place, les Rhodaniens ne firent rien de tout cela.

Toulon contre Lyon
Toulon contre Lyon

C’est porté par une volonté farouche, à peine troublée par leurs nombreuses absences aux postes clefs, telles que Beauxis à l’ouverture, Couilloud à la mêlée ou Armitage à l’arrière, que Lyon se présenta à Mayol. Malgré une ambiance brûlante qui émanait d’un stade enflammé par des supporters toulonnais chauds comme la braise, ce sont bien les Lyonnais qui brillèrent de milles feux hier soir. Porté par les cris tonitruants de leur entraîneur Pierre Mignoni, qui par sa voix seule rivalisait avec tout Mayol, le LOU cru en sa chance tout au long de la rencontre.

Le match de l’année

Face à un Toulon qui portait pourtant plus le ballon, les Lyonnais s’accrochèrent avec l’énergie du désespoir dans une rencontre qui aurait pu leur échapper. Ils ouvrirent même le score grâce à la botte de leur ouvreur Mike Harris à la 23e, et qui récidiva à la 32e pour porter le score à 6-0 en leur faveur. Malgré un pack dominé dans le secteur de la mêlé, le LOU pouvait compter sur Félix Lambey et Julien Puricelli, tout deux étincelants hier soir en touche.

Julien Puricelli (Lyon) contre Toulon
Julien Puricelli (Lyon) contre Toulon

Mais on ne peut se targuer d’être une des meilleures équipe de France et d’Europe sans être capable de se réveiller dans une rencontre qu’on ne parvient pas à maîtriser. C’est ce que fit Toulon hier soir, d’abord en réduisant l’écart à la 36e grâce à une pénalité d’Anthony Belleau, puis en martelant la défense adverse grâce à un Ma’a Nonu exceptionnel. Mais face à un rideau défensif lyonnais très difficile à percer et qui veillait à ne pas trop se consommer dans les rucks, Toulon commença à douter. Doute qui toucha même les plus expérimentés de ses joueurs, comme le montre les deux en-avants grossiers commis par Chris Ashton sur des ballons d’essais, à la 25e puis à la 40e.

Sûrement secoués par leur entraîneur à la mi-temps, les Toulonnais montrèrent un autre visage en seconde période. Ils se firent plus dangereux, recollant au score à la 49e grâce à une pénalité. Puis, après une énième occasion d’essai gâchée cette fois ci par Semi Radradra à la 45e, l’Anglais Chris Ashton sorti enfin de sa torpeur et aplatit dans l’en-but de Lyon à la 55e, au terme d’une course folle dont il a le secret. Toulon mène alors 13 à 6.

Le tournant du match

Les Lyonnais, refusèrent à cet instant de voir s’assombrir leurs chances de victoire. Et c’est grâce à deux étincelles de ses joueurs, d’abord Toby Arnold à la 63e puis Dylan Cretin à la 69e, que Lyon pu raviver la flamme de l’espoir et tenir en échec Toulon jusqu’à la fin du temps réglementaire sur le score paritaire de 16 à 16.

Des le début des prolongations, Toulon passa devant au score grâce à une pénalité de Francois Trinh-Duc, puis essayèrent de contenir les Rhodaniens. Mais le destin des valeureux lyonnais n’était pas de s’éteindre en barrage. Il a suffit d’une pénalité habilement tapée par Mike Harris à la 92e minute, qui avait auparavant manqué deux transformations, pour étouffer pour de bon les velléités toulonnaises. A ce moment là, les encouragements rageurs de Mayol, qui martyrisaient les oreilles des Lyonnais à défaut d’impacter sur leur jeu, se teintèrent d’une pointe de doute, pour tendre davantage vers le râle agonisant plutôt que vers le cri de la révolte souhaité.

Malgré une égalité au score de 19 à 19, Lyon savait qu’il lui suffisait de résister jusqu’à la fin des prolongations pour l’emporter au nombre d’essais ( deux contre un pour Toulon). Grâce à une solidarité inébranlable, en dépit de la sortie sur blessure de leur vétéran Frédéric Michalak, les Lyonnais tinrent bon, allant même jusqu’à voler dans un ruck le ballon de la victoire, rapidement dégagé en touche par Jonathan Pelissié.

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— TOP 14 Rugby (@top14rugby) May 18, 2018

Ce match a ceci d'exceptionnel qu'il est à contre courant de toute une année, presque de toute une époque. Alors que les stars s’amassent à Toulon depuis près de 10 ans, celles-ci n’ont rien pu faire contre l’appétit du LOU, insatiable hier soir, et qui évoluait encore en Pro D2 il y a seulement deux ans, quand leurs adversaires terrorisaient la France et l’Europe. C'est la preuve qu'encore aujourd'hui, alors que le budget des clubs dicte trop souvent le résultat sportif, l'envie de gagner, la solidarité entre les joueurs et la volonté de renverser l'ordre établi ont leur place dans le rugby actuel.

Par Rafael Sadaca

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