Ashton devra encore patienter

La boulimie de Chris Ashton fait toujours plaisir à voir. Dans cette équipe qui a tenté par tous les moyens de s’imposer en marquant des essais, l’Anglais s’est de nouveau manifesté à son avantage, en transformant des situations de jeu anodines en actions "very" dangereuses. Dés le début de partie, d’un petit ballon tombé dans la ligne de trois-quart francilienne, il a créé un "binz" à sa façon en surgissant pour taper dedans et se jeter dessus vingt mètres plus loin de façon électrique. En deuxième mi-temps, derrière un coup de pied rasant de François Trinh-Duc, son coup du sombrero a lobé la défense francilienne, et sans le retour de Juan Imhoff, il serait parti à dame inscrire son vingtième-deuxième essai de la saison, et dépasser le record des vingt-et-une réalisations de Napoli Nalaga.

Il y eut aussi cette course en travers tranchante dans les vingt-deux mètres franciliens, à laquelle seule la solidité d’Henry Chavancy a pu mettre un terme. Le même Henry Chavancy qui quelques minutes auparavant, s’était placé dans la ligne de passe entre Ma’a Nonu et Chris Ashton, pour intercepter une transmission gagnante. Ce fut son occasion de marquer la plus évidente, et sur le coup, comme à chaque fois, il avait bien senti l’inspiration de son coéquipier néo-zélandais au moment de sa percée, pour se porter impeccablement à hauteur. A l’arrière, à l’aile, il démontre en chaque occasion qu’il est sans nul doute le meilleur chasseur d’essais d’Europe. Ce vieux record de Napoli Nalaga, il faut parier qu’il tombera.

Si Toulon tâtonne en ce moment, ni le manager Fabien Galthié, pour qui son équipe "s’est sortie les doigts du cul et doit poursuivre sur cette voie", ni le capitaine Guilhem Guirado, qui voit dans ces deux défaites consécutives au Munster et au Racing 92, subies malgré une forte domination, "deux expériences qui doivent nous permettre de devenir plus efficace", ne doutent une seule seconde de leur force collective. Et si l’avenir leur donne raison, si Toulon parvient à mieux transformer sa domination en situations d’essai plus évidentes, Chris Ashton se trouvera toujours dans les parages pour finir le travail, et devenir le meilleur réalisateur de l’histoire sur un seul et même championnat. Ce n’est sans doute qu’une question de temps. Il lui reste au moins quatre matchs pour y parvenir.

Par Cyprien Guillaume