Agen a son destin en main

Mauricio Reggiardo le sait : en perdant à domicile contre l'UBB dans son antre d'Armandie la semaine dernière, le SUALG a "grillé un petit joker". Car une victoire du capitaine Antoine Erbani et de ses coéquipiers aurait permis à Agen de s'avancer en Corrèze ce samedi avec une avance de neuf points sur leur adversaire du week-end. Hélas, il a fallu se contenter d'un point de bonus défensif obtenu sur une pénalité de Jake McIntyre. Et le sentiment de peur ne s'est pas estompé. Pourtant à l'heure de se déplacer chez la lanterne rouge du championnat, les Agenais vont devoir ravaler leur frustration girondine.

Passer le cap de la frustration

Une frustration légitime symbolisée par certains chiffres révélateurs : avec 16 en-avants contre Bordeaux-Bègles et 23 turnovers concédés, le SUALG a donné le bâton pour se faire battre. Surtout, dans des conditions de jeu difficiles (pluie et vent au rendez-vous), il s'est entêté à vouloir réciter son jeu de mouvement. Une erreur mise en lumière par le staff agenais cette semaine. "Nous sommes dans une démarche de mettre notre rugby en place et de ne pas jouer petit bras en jouant à fond. Mais à un moment donné, il faut respecter le jeu. Nous avons tenté des passes impossibles et la météo n'allait pas dans le sens de notre rugby. Puis, quand nous avons voulu alterner avec du jeu au pied, il nous a manqué la précision", déclarait notamment en milieu de semaine le patron des avants Mauricio Reggiardo.

Équipe qui n'hésite pas à remonter de nombreux ballons à la main, Agen n'a pas su s'adapter aux conditions et n'a pas su mettre les ingrédients nécessaires pour se sortir du piège tendu par une UBB bien plus efficace, réaliste et intelligente. "Il fallait faire du jeu à une passe comme nous avons été capables de le faire par moment à d'autres moments de la saison", analysait à froid l'Argentin .

Face à Brive, la gestion des éléments extérieurs aura son importance face à une équipe de "caractère qui n'a pas l'habitude de lâcher ses matchs. Ils ont mis un entraîneur de côté mais leurs joueurs vont se responsabiliser. Nous savons où nous allons mettre les pieds, ce sera délicat. Ils n'ont pas le droit à l 'erreur."

Il va donc sans dire que dans ce match couperet, "le plus important de la saison avant Oyonnax" le réalisme devra être au rendez-vous du côté agenais. Frustré sur ce point par la prestation de ses hommes, Mauricio Reggiardo ne versait pas dans la langue de bois cette semaine : "Samedi dernier j'ai eu l'impression de perdre un match contre une équipe qui n'était pas forcément plus forte que la nôtre. L'UBB a été plus réaliste et plus pragmatique. Ces matchs-là ça me dérange de les perdre, il faut qu'on soit capable de les gagner. Je n'aime pas avoir l'étiquette d'une équipe à réaction. Je préfère que l'on agisse et que nous prenions les choses en main."

Soigner les entames

Des mots qui auront toute leur résonance au moment de pénétrer sur la pelouse du stade Amédée-Domenech et dans une ambiance forcément hostile. Championne des mauvaises entames en Top 14 cette saison avec douze essais encaisses lors des dix premières minutes, Agen fait beaucoup trop de cadeaux en début de match. Une attitude compensée à chaque fois par un cœur et un mental énormes et symbolisée dans les remontées fantastiques qu'à pu s'offrir et offrir le SUA cette saison sur les pelouses du Stade français, Castres ou encore à domicile contre Montpellier. Équipe à réaction, Agen serait pourtant bien avisée de forcer sa nature ce samedi. Histoire de mettre un pied et de poser une main sur un maintien, inespéré pour beaucoup d'observateurs en début de saison. Les Agenais y croient pourtant.

Par Enzo Diaz