Tillous-Borde : "A Toulon, le curseur est toujours à fond"

Même si elle a été acquise dans la douleur, cette victoire face à Clermont semble faire un bien fou... Comment avez-vous vécu ce match ?

Sébastien TILLOUS-BORDE : Il était important de gagner. On fait une bonne première mi-temps, on est bien au score, on peut même marquer un essai de plus, mais on ne finit pas bien un ou deux coups. A la pause, on s'est dit qu'il fallait repartir sur les mêmes bases, mais on a eu 20 grosses minutes où on est passé complètement au travers. On est resté au vestiaire. Eux ont très bien joué le coup, même si sur le premier essai on ne défend pas bien. On monte en pointe au lieu de glisser vers la touche, on leur ouvre les espaces. Derrière, ça met vite la pression et ils reviennent au score. Mais on a quand même réussi à avoir l'état d'esprit pour revenir. On a eu l'occasion de prendre trois points, mais on fait le choix de la touche. On se sentait costaud devant... mais on ne marque pas. Ils se dégagent et dans la continuité, on finit par inscrire cet essai. La victoire est belle, ça nous permet d’être devant et si on gagne ce week-end face à Montpellier, on restera en haut du classement.

La victoire est d'autant plus belle, que dans le contexte actuel, un autre résultat aurait été compliqué...

S.T-B : A Toulon, le curseur est toujours à fond : dans un sens comme dans l'autre. On le sait. Les plus anciens, on connaît ça, mais les plus jeunes doivent se dire :c'est un truc de fou ! On est habitué. Puis les journalistes aiment ça aussi, ça leur donne de quoi écrire (rires) ! La pression médiatique existe à Toulon, mais je ne me prends pas la tête non plus. Je ne lis pas la presse, j'ai d'autres choses à côté, même si dès que tu allumes la télé tu en entends parler, sur les réseaux sociaux on lit aussi des choses... Mais bon, ça fait partie du club. Je suis ici depuis six ans, je suis habitué. Il faut penser à travailler, se concentrer et voir comment faire pour améliorer les choses.

Il nous manque un match référence

Au final vous êtes 5e, il n'y a rien de dramatique. Mais vous traînez cette défaite face à Brive comme un boulet...

S.T-B : On est dans les clous sur le plan comptable, mais c'est vrai que la défaite contre Brive a été un non match. Ça nous a vraiment plombés. On doit l'effacer. On a été gagner à Toulouse derrière. On a essayé de se reprendre, même si on a perdu ensuite au Racing avant de s'imposer face à Clermont. Ce début de saison peut permettre au groupe de se souder. Il nous manque un match référence. On a des bouts de match, des mi-temps, mais pas un match complet qui permettrait de passer la marche avant. On va essayer de connaître ça rapidement. On doit se servir de ces moments-là pour construire l'équipe, se souder et avancer. Si on arrive à gagner en ce moment, sans beaucoup de joueurs absents, quand tout le monde reviendra, normalement, on devrait rester devant voire monter. On doit rien lâcher, le groupe a un bon état d'esprit.

Vous êtes l'un des plus anciens de l'équipe désormais. Votre rôle a-t-il changé ? Vous sentez-vous investi d'un rôle de leader ?

S.T-B : J'ai toujours été investi et impliqué au sein de cette équipe, même quand il y avait plus de "stars", avec des champions du monde dans le groupe. C'est lié à mon poste, tu as besoin de t'exprimer, de parler aux avants, de diriger. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, je suis un des leaders de l'équipe. On a un rôle important, surtout en ce moment, avec les moments difficiles que l'on a pu connaître. Je suis là avec Guilhem (Guirado), Juan (Lobbe) et les autres leaders. On a un groupe qui vit bien. Mais il y a eu beaucoup de changements. On a besoin de vivre des choses sur le terrain, pas seulement à l'extérieur. On essaie de construire quelque chose avec les jeunes et les plus anciens pour que la mayonnaise monte. Je pense que ça commence à prendre. Il faut continuer à être performant sur le terrain.

Cette semaine, le staff a été modifié avec l'intronisation de Mike Ford. Comment percevez-vous son arrivée ?

S.T-B : Mike est arrivé pour amener quelque chose de différent et de positif. On a fait une première séance vidéo avec lui, qui s'est bien passée. Il doit également s'intégrer au groupe. On l'accueille à bras ouverts, on va faire le maximum pour assimiler ce qu'il demande et veut mettre en place. Le plan de jeu ne va pas changer, mais des choses vont évoluer petit à petit. Il arrive pour nous aider à être meilleurs. On va dans ce sens là. Faut pas se poser trop de questions. C'est ce que je disais aux gars. En ce moment, on nous critique, on dit qu'on n'est pas bons... Il faut faire le dos rond travailler et aller de l'avant.

Le quart de Coupe d'Europe contre le Racing, ça m'a fait mal

Est-ce qu'avec tout cela, Toulon peut ambitionner d'aller chercher un titre en fin de saison ?

S.T-B : Quand tu es joueur professionnel dans une équipe comme Toulon, il faut être ambitieux et vouloir gagner. On veut gagner un titre, surtout nous les anciens. Quand tu as remporté plusieurs titres à la suite et qu'une année tu ne gagnes pas, ça te manque. Ça donne plus de motivation.

La saison sans titre de l'an passé n'est toujours pas digérée ?

S.T-B : A Barcelone, on se chie, on perd. OK. Mais le quart de Coupe d'Europe contre le Racing, ça m'a fait mal. J'étais en spectateur, également, mais ça m'a fait mal dans le sens où on était triple champion d'Europe. Perdre ce titre, alors que tu as l'habitude de l'avoir, ça fait bizarre... Quand tu le gagnes plusieurs fois, tu n'en prends plus la mesure mais quand tu perds, ça te tombe dessus tu te dis : On n'est plus champions d'Europe. J'étais persuadé qu'on pouvait au moins aller en finale. Si on ne prend pas l'interception dans ce match, on le gagne. Mais c'était notre problème la saison passée, de petits détails qui font la différence à l'arrivée.

On va faire une cure de vitamines C à Mourad

Cette habitude de titres évoquée précédemment, l'avez-vous également ressentie chez les supporters ?

S.T-B : Les supporters sont comme nous, ils ont été habitués aux titres. Il y a pu y avoir de la lassitude. L'an passé, on n'a rien gagné. Par rapport au début, lorsque je suis arrivé au club, je trouvais qu'il y avait moins d'ambiance. Mais ce week-end face à Clermont, on a retrouvé cette ambiance et plus de force du public, ça fait plaisir. J'espère que ça va redémarrer pour toute la saison.

La semaine a été marquée par le spleen de votre président, dimanche soir. Comment percevez-vous cela ?

S.T-B : J'ai entendu parler du coup de blues de Mourad. On va lui faire une cure de vitamines C, on a ce qu'il faut (rires). Plus sérieusement, il dit en avoir marre. Ce ne sont pas des périodes faciles. Il a peut-être besoin de couper un peu. Je ne sais pas, je n'en ai pas parlé avec lui. Dimanche, il était avec nous dans le vestiaire, il était heureux avec nous. Il faut voir la suite, on ne se prend pas la tête avec ça. On reste concentré, on sait qu'il est toujours là quand même.