Altrad - Lorenzetti, patrons dévorés par l'ambition

Par Rugbyrama
  • Jacky Lorenzetti (Racing 92) et Mohed Altrad (Montpellier)
    Jacky Lorenzetti (Racing 92) et Mohed Altrad (Montpellier)
  • Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti - 17 juin 2016
    Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti - 17 juin 2016
  • Mohed Altrad (Montpellier) - décembre 2016
    Mohed Altrad (Montpellier) - décembre 2016
  • Montpellier, vainqueur de la Challenge Cup 2016
    Montpellier, vainqueur de la Challenge Cup 2016
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TOP 14 - Mohed Altrad et Jacky Lorenzetti, les présidents de Montpellier et du Racing 92 qui s'affrontent samedi (17h) en barrage du Top 14, ont appliqué leur gestion d'hommes d'affaires à leur club, ne négligeant aucun moyen pour satisfaire leurs ambitions.

Les deux entrepreneurs, français d'origine étrangère (suisse pour Lorenzetti, syrienne pour Altrad), ont construit leur empire dans le secteur du bâtiment. Altrad a fait fortune avec sa société éponyme, spécialisée dans le matériel pour le BTP : échafaudages, bétonnières, brouettes... Le magazine Challenges le classait en 2016 37e personnalité la plus riche de France, avec un patrimoine estimé à 2 milliards d'euros.

Lorenzetti a fondé en 1972 Foncia, qui se présente aujourd'hui comme le "premier loueur en France". Le président du Racing, qui a revendu ce géant de l'immobilier en 2007 pour se concentrer sur ses autres affaires dont le Racing, n'est "que" 123e au même classement de Challenges, avec un patrimoine estimé à 570 millions. Pourtant, Jacky Lorenzetti est plus exhibitionniste, je trouve, que Mohed Altrad, estime le président toulonnais, Mourad Boudjellal, à l'AFP. Mohed Altrad en impose moins que Jacky Lorenzetti. Ca fait très bizarre quand on se rend compte qu'il est beaucoup plus riche que Lorenzetti.

Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti - 17 juin 2016
Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti - 17 juin 2016

Le club comme publicité

Pour les deux hommes à l'origine étrangers au monde du rugby, la prise de contrôle d'un club entre dans une vision plus globale de leurs affaires. Lorenzetti s'empare du Racing 92 en 2006, alors que le club végète en deuxième division. Trois ans plus tard, le Racing retrouve l'élite. Lorenzetti fait construire le nouveau centre du club au Plessis-Robinson, l'ancrant définitivement dans les Hauts-de-Seine. Et se lance dans un projet très audacieux : la U Arena, une enceinte multimodale située dans l'axe de la Défense et qui sera inaugurée le 19 octobre avec un concert des Rolling Stones. Après tout, le béton, c'est son dada. Un corps de métier qu'il maîtrise totalement, reconnaît Boudjellal, qui n'a eu que des échos positifs sur le futur stade du Racing.

Propriétaire du MHR depuis 2011, Altrad s'est façonné l'image d'un patron froid, laissant peu de place aux sentiments. À son arrivée, il réduit les effectifs dans le secteur administratif et la mère de Louis Picamoles démissionne. Plus tard, il engage un procès aux Prud'hommes avec l'entraîneur Fabien Galthié, refusant de payer l'indemnité de licenciement propre. Galthié, bloqué par la procédure, ne peut entraîner aucun club pendant deux ans, avant de récupérer 484.500 euros d'indemnités. Cette saison, Altrad a tenté - en vain - de racheter le club anglais de Gloucester. Le milliardaire ne s'est pas caché : l'objectif était d'offrir une bonne publicité à son groupe. Nous manquons de notoriété outre-Manche. L'idée est d'avoir, via Gloucester, un support de communication efficace", expliquait-il.

Mohed Altrad (Montpellier) - décembre 2016
Mohed Altrad (Montpellier) - décembre 2016
Altrad peut rattraper le retard d'un coup de baguette magique (Boudjellal)

Ce sont deux ambitieux, deux personnes qui ont un ego sur-démesuré, et moi je ne vais pas leur reprocher, s'amuse Boudjellal. Aujourd'hui, ils ont envie de légitimer leur réussite par des titres. Pour Lorenzetti le bâtisseur, la première pierre du succès a été posée en 2016, lorsque le Racing a décroché son premier titre de champion de France depuis 1990. Altrad, lui, est en retard : celui qui a donné son nom - via un contrat de naming - au stade Yves-du-Manoir n'a remporté "que" la Challenge Cup 2016. Et le MHR peine à atteindre la finale du Top 14 depuis 2011, année de son arrivée.

Altrad peut rattraper le retard d'un coup de baguette magique, estime pourtant Boudjellal. Le MHR est critiqué pour sa large colonie sud-africaine et son jeu basé sur les avants ? Il remplace Jake White, l'entraîneur des Springboks champions du monde 2007, par Vern Cotter. Et opère un revirement francophile en faisant signer un pré-contrat au numéro 8 du XV de France Louis Picamoles, formé au club (2004-2009) et encore lié par deux années de contrat à Northampton. Une surenchère qui en agace plus d'un parmi les présidents de club, qui reprochent pour certains à Altrad de déréguler le marché. Jusqu'à preuve du contraire, le joueur le mieux payé du Top 14 ne joue pas à Montpellier", glisse malicieusement Boudjellal. Il s'agit de Dan Carter, l'ouvreur vedette du... Racing.

Montpellier, vainqueur de la Challenge Cup 2016
Montpellier, vainqueur de la Challenge Cup 2016
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