Flashback : Le jour où Boudjellal a dépassé les limites après un Clermont - Toulon

  • Mourad Boudjellal en 2012 lors de Clermont - Toulon
    Mourad Boudjellal en 2012 lors de Clermont - Toulon
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TOP 14 - En 2012, Toulon est encore un géant en formation, ambitieux mais sans trophée majeur depuis sa remontée en 2008. En quête de reconnaissance, son président Mourad Boudjellal détonne par ses sorties fracassantes. L'une d’entre elles, particulièrement acerbe contre l’arbitrage après une défaite à Clermont (25-19), provoque un tollé.

Bien avant d’être triple champion d’Europe et champion de France, Mourad Boudjellal était déjà champion toutes catégories de la petite phrase. Celle reprise partout instantanément, qui fait rire ou agace selon le côté où l’on se trouve. Son franc-parler et son goût de la provocation l’ont construit en tant que président star mais l’ont aussi parfois desservi dans ce milieu du rugby allergique aux esclandres. Une fois plus que toutes autres, après une défaite frustrante à Clermont au cœur de l’hiver (25-19, le 8 janvier 2012).

Sans filtre, il se lâche dans les coursives de Marcel-Michelin devant une caméra de nos confrères de Var Matin. Ce qui est chiant, c’est que les arbitres font toujours pencher la balance. J’ai connu ma première sodomie arbitrale en demi-finale du Top 14 contre Clermont (défaite 35-29 à Saint-Étienne en 2010, ndlr), ce soir je viens d’en connaître une seconde et je n’aime pas ça. Les mots, crus et à charge contre Christophe Berdos, l’arbitre de la rencontre, créent immédiatement le buzz, bien au-delà de la petite planète rugby et font le délice de tous les zappings. La ligne rouge est franchie.

Il pourrait aussi exister un âge limite pour ne plus se faire arbitrer par son grand-père

Mais Boudjellal ne s’arrête pas là et en rajoute une couche dès le lendemain sur notre site. Morceaux choisis. Il pourrait exister un âge limite pour ne plus se faire arbitrer par son grand-père, Mon ambition est de faire bouger les choses en matière d'arbitrage. L'idée serait que l'argent qui est actuellement utilisé pour les banquets, les notes de frais et les déplacements, tout cet argent généré par le rugby, ne soit plus dilapidé ou encore Je crois que le dernier président à avoir été sanctionné doit être Serge Blanco en 1996. Après un noir, un arabe.

Outrée, la LNR ne tarde pas à riposter. Trois semaines après la sortie de Boudjellal, le couperet tombe : le patron du RCT est condamné par la Commission de discipline de la Ligue à 130 jours de suspension de terrain et de vestiaire pour "atteinte à l’image du rugby, à l’éthique et à la déontologie sportive". Droit dans ses bottes, l’ancien éditeur de bandes dessinées ne fait pas profil bas à l’annonce du verdict, loin s’en faut. Je ne m'en sors pas mal, car sans rentrer dans les détails j'ai eu pas mal de pressions ces derniers jours pour obtenir ma radiation. La sanction n'est pas en rapport avec ce que j'ai dit, mais d'avantage avec ce que je représente, et de conclure, toujours un brin provocateur : Celui qui m'empêchera de parler n'est pas né.

130 jours de suspension et 3000 euros d’amende

L’affaire n’en reste pas tout à fait là puisqu’après la justice sportive, la justice civile, saisie par l’Union Nationale des Arbitres de Rugby, le condamne à son tour. "L’ensemble des arbitres adhérents à l’Unar a pu se sentir visé et blessé par les déclarations outrageantes et vulgaires tenues par M. Boudjellal, dont les fonctions de président de club de rugby impliquent un devoir de retenue et d’exemple, en particulier à l’égard des joueurs", juge le 15 novembre 2013 le tribunal de Grande Instance de Rodez, qui prononce à son encontre une amende de 3 000 euros.

Même si elle ne l’a jamais clairement exprimé comme tel, c’est en grande partie cette affaire qui a amené la LNR et son président Paul Goze à insérer dans son New Deal de 2014 tout un volet de sanctions lourdes contre les propos qui "nuisent au produit Top 14". Coïncidence ou pas, Boudjellal n’a jamais avoué publiquement avoir connu une troisième "sodomie arbitrale". De l’eau a coulé sous les ponts depuis janvier 2012 et nul doute que les quatre titres glanés depuis par le RCT, dont deux européens contre Clermont en finale (2013 et 2015), lui ont permis d’effacer cette cicatrice.

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