S'offrir le leader clermontois, Pau a quand même d'infimes raisons d'y croire

• L'expérience

Voilà un domaine qui penche nettement à l'avantage des Auvergnats. Même si ces derniers ont souvent trébuché sur la dernière marche tant en Coupe d'Europe (2013 et 2015), qu'en championnat (12 finales pour un seul bouclier de Brennus remporté en 2010), il ne fait pas le moindre doute que les hommes de Franck Azéma possèdent une expérience XXL. À l'inverse du Racing, de Toulon, de Montpellier ou de Bordeaux, le club n'a jamais quitté l'élite hexagonale depuis 1925.

Suite à leur défaite à domicile face à Montpellier fin janvier, les huit victoires consécutives acquises démontrent la force mentale de ce groupe. Un constat qui n'aura pas échappé au manager sportif de la Section, Simon Mannix. Celui-ci déclarait après le match à Castres :On va s'attacher à corriger nos lacunes physiques car nous avons envie d'être performants face à Clermont. Je suis sûr que nous le serons.

Pourtant, après neuf saisons passées en Pro D2, les Palois sont loin de posséder le rythme de leur adversaire. On l'a mesuré récemment lors de la venue de Toulon. La Section a souffert par manque de puissance et de vitesse d’exécution. Comme Clermont semble être un cran au-dessus, ça risque d'être encore plus compliqué.

• La motivation

Battus au Racing le week-end dernier, les Clermontois ont conservé le leadership au classement mais leur avance a fondu comme neige au soleil. Désormais, ils ne possèdent que deux petits points d'avance sur leurs dauphins montpelliérains. Il est clair que l'ASM va venir à Pau avec la ferme intention de marquer de précieux points dans l'optique d'une qualification directe aux demi-finales.

Les Auvergnats ambitionnent non seulement les quatre points de la victoire mais ils lorgnent même vers la cerise sur le gâteau que constituerait à ramener du pied des Pyrénées un bonus offensif. De leur côté, les Palois - on le répète - n'ont plus rien à espérer dans ce championnat, le maintien étant assuré.

Bien que les joueurs se défendent d'être déjà en vacances, il n'en demeure pas moins que dans les têtes, la motivation n'est plus la même. Non nous ne pensons pas aux vacances et nous nous entraînons à 100% , objecte le talonneur Mehdi Boundjéma. Nous voulons remporter nos deux derniers matches à domicile et nous comptons bien relever ce challenge. Ce serait énorme de battre Clermont ! Ces bonnes intentions suffiront-elles à endiguer la marée jaune ? Pas sûr !

• L'effectif

Là également, la balance penche sans ambiguïté en faveur des Montferrandais. Que de grands noms dans cet effectif pléthorique et riche : Domingo, Kayser, Van der Merwe, Vahaamahina, Chouly, Parra, James, Rougerie, Fofana, Abendanon, Spedding... Une star en cache une autre, un cador un autre. Même le Pyrénéen Camille Lopez, enfant de Chéraute, que nous avons vu jouer minot sous le maillot rouge et blanc de Mauléon au stade Marius Rodrigo, a pris une sacrée envergure. S'il est du voyage à Pau, le Souletin sera très certainement content de respirer l'air de ses Pyrénées-Atlantiques natales.

Les Clermontois possèdent des joueurs de très haut niveau, insiste Mehdi Boundjéma. C'est pour cette raison que nous ne pourrons pas être à 70% ou 80% de notre potentiel, mais à 100%. À ce niveau, le rugby se joue sur des détails. Nous devrons être très précis. Malgré la présence des deux champions du monde All Blacks, Colin Slade et Conrad Smith, l'effectif palois ne peut soutenir la comparaison. Sans oublier les limites du banc vert et blanc qui n'autorise pas toujours des rotations efficaces lorsque des cadres quittent le pré.

• La fierté

Voilà un domaine où les Palois trouvent grâce à nos yeux. Non pas que les Clermontois manquent de fierté, bien au contraire. Ce serait en effet une offense que de penser cela mais tout simplement parce que les Palois ont énormément de choses à ruminer. Tout d'abord, ils aimeraient bien laver la cuisante défaite enregistrée au match aller à Marcel-Michelin (35-10). Ils ont également dans leur tête la fessée prise à Castres samedi dernier.

Lors du dernier week-end justement, la Section est la seule équipe du bas de tableau à ne pas avoir inscrit le moindre essai. Il serait temps que les hommes du président Pontneau déploient une meilleure efficacité au franchissement afin de porter plus souvent l'ovale dans le rectangle paradisiaque. Parmi les sources d'espoir, il y a cette fameuse victoire ramenée de Montpellier en février. Sans ce revers, les Héraultais seraient d'ailleurs leaders du Top 14. Et quand on bat le deuxième du championnat chez lui, n'est-on pas capable de s'offrir le leader chez soi ?

Enfin, le public palois, qui a apporté tout au long de la saison un soutien inconditionnel à ses protégés mérite bien cet exploit des siens. Tout comme Joël Rey et David Aucagne, les deux entraîneurs emblématiques du club, n'apprécieraient-ils pas ce petit cadeau d'adieu ? Des raisons qui nous font penser que côté fierté, les Palois, auront l'avantage. Cela sera-t-il suffisant ?