Travers et Labit, deux styles opposés pour une communication maîtrisée

Par Rugbyrama
  • Laurent Travers et Laurent Labit
    Laurent Travers et Laurent Labit
  • Le duo Labit - Travers
    Le duo Labit - Travers
  • Laurent Travers et Laurent Labit (Racing)
    Laurent Travers et Laurent Labit (Racing)
  • Laurent Travers
    Laurent Travers
  • Laurent Labit (Racing 92) - avril 2016
    Laurent Labit (Racing 92) - avril 2016
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TOP 14 - Avant d'affronter vendredi Toulon en finale du Top 14, les entraîneurs du Racing 92 Laurent Travers et Laurent Labit ont accepté d'évoquer le contrôle de leur parole médiatique, corollaire de l'exposition croissante du rugby, et leur style opposé pour y parvenir.

D'un côté, il y a Travers l'entraîneur des avants, présent lors des conférences de presse d'avant-match et adepte des tautologies en tout genre. Son classique ? Samedi, on sera 23 sur la feuille de match et 15 au coup d'envoi. Maigre pour un article.

De l'autre, Labit l'entraîneur des arrières, qui n'hésite pas après les matches à rabrouer d'un ton monocorde mais cash les journalistes coupables d'imprécisions ou d'avoir fait fausse route. Tout en livrant beaucoup plus de matière.

Deux griffes bien différentes mais bien pensées aussi, de leur propre aveu.

Moi, je fais de la politique, admet Travers qui avoue aussi lire beaucoup" de ce qui se dit sur le Racing. La moindre phrase peut être utilisée mais pas du tout dans le sens où on va la donner. On ne peut plus être naturel. Donc on est en contrôle vis-à-vis de vous (les journalistes, ndlr), de l'adversaire, des joueurs.

Media training

L'ancien talonneur travaille avec l'équipe de communication du Racing qui fournit quotidiennement des revues de presse et se réunit avec les entraîneurs une fois par semaine. Mais Travers, qui déplore avoir vu certains de ses propos instrumentalisés, est aussi régulièrement conseillé par une autre personne qu'il connaît depuis longtemps. Il regarde les articles et on en discute, glisse-t-il laconiquement.

En fonction de la question, je sais où le journaliste veut aller, assure-t-il. Donc je ne suis pas obligé de répondre ce qu'il attend vraiment. J'ai parfois l'impression qu'on nous prend pour des débutants. Mais on est formés, on a l'expérience aussi.

Le duo Labit - Travers
Le duo Labit - Travers

Ici plus qu'ailleurs, le duo a donc appris à gérer une pression médiatique plus importante qu'à Castres, leur précédent club.

A Castres, le correspondant local est souvent le premier supporter du club, soutient ainsi Laurent Labit. Ici, on a beaucoup de questions sur le président et ses investissements... Mais quand on prend le budget et la masse salariale, notre président n'investit pas plus que certains. On est 5e budget. Mais c'est un truc qu'on nous renvoie souvent.

De manière générale, les deux déplorent le manque de questions sur le jeu et la stratégie, délaissés au profit du buzz et de la course à l'info. Au début, on a été assez choqués sur le fait que, lorsque tu te trouves en conférence de presse, tu n'es pas sorti de la salle que tout se trouve sur internet, lâche Labit.

"Dan va mieux ?"

Je suis navré de voir qu'aux conférences de presse d'après-match, on ne parle jamais de rugby, je n'ai jamais de questions pointues, poursuit-il, en évoquant comme exemple le repositionnement de Johan Goosen au centre lors d'un match à Bordeaux qui avait échappé à tous car le joueur portait le numéro 15.

A la place, on me demande tout le temps si Dan Carter va mieux, si ça va aller, s'il a remboursé son transfert en réussissant sa transformation contre Clermont vendredi soir, déplore-t-il.

S'ils se défendent de toute méfiance particulière, se dégage tout de même une sensation de défiance des deux entraîneurs envers les médias. Qui repose aussi sur la conviction, sans parano, que le Racing n'est pas traité avec la même bienveillance que les autres.

Laurent Travers et Laurent Labit (Racing)
Laurent Travers et Laurent Labit (Racing)

A ce titre, et comme pour les autres secteurs, une semaine de finale les oblige donc à être particulièrement en alerte sur la communication extérieure.

Car on voit bien la sur-médiatisation des choses, souligne Laurent Labit. Si tu ne maîtrise pas ta communication, ça peut être emmerdant. Le joueur peut te faire une déclaration sur Twitter qui peut agacer l'équipe adverse, qui peut te mettre en difficulté avec un partenaire aussi. Aujourd'hui, tout le monde communique, il faut des photos partout, dire ce que tu fais.

Une situation qu'il n'avait pas vraiment envisagée au début de leur association, à Montauban en 2004. Mais cela suit les évolutions de la société, remarque Labit.

Petit florilège de Travers et Labit

Entre les lieux communs assumés de Laurent Travers aux conférences de presse d'avant-match et les déclarations parfois tapageuses de Laurent Labit au sortir de la pelouse, voici un petit florilège des meilleures sorties (dans leurs genres) des entraîneurs du Racing 92.

  • Travers et la tautologie

"Quand vous êtes en demi-finales, vous êtes à 160 minutes d'un titre. Quand vous êtes en quarts, vous êtes à 240 minutes. Il vaut mieux être à 160 qu'à 240".

"Gagner nous rapproche automatiquement de la phase finale car, derrière, il reste moins de matches. Tous les matches sont importants, pour pouvoir se qualifier".

Laurent Travers
Laurent Travers

"Ce qui est sûr, c'est que l'on sera 23 sur la feuille de match et 15 au coup d'envoi".

"Tous les ans, Grenoble joue les six premières places. C'est un adversaire redoutable comme les 12 autres (du championnat)".

"C'est souvent à dix kilomètres de chez soi qu'on a un accident car on pense qu'on est arrivé. Et si nous on pense qu'on est arrivés, attention à l'accident".

  • Labit, droit au but

"On sait bien sûr que, dans cette entreprise-là, vous n'allez pas beaucoup nous aider. Forcément, on se doute bien qu'on ne va pas nous rater et qu'on va nous enterrer pour la fin du championnat. On ne va pas compter sur vous, simplement se recentrer sur nous et travailler sur nous-mêmes, comme on l'a toujours fait" (à l'adresse des journalistes après la défaite en finale de Coupe d'Europe).

"On savait qu'on n'était pas champions du monde après la victoire à Grenoble, même si certains veulent nous le faire croire pour nous endormir".

Laurent Labit (Racing 92) - avril 2016
Laurent Labit (Racing 92) - avril 2016

"Demain, on fera des remises à l'heure. Il y aura des sanctions, des joueurs ne seront pas du déplacement à La Rochelle. S'il y en a qui sont déjà partis ou déjà à la Coupe du monde, il faut aussi le dire. Il faut qu'ils travaillent plus, ou mieux, ou différemment, peut-être qu'ils jouent moins aussi" (après une défaite contre le Stade français).

"Tout le monde a vu le gars au milieu, bien habillé, avec des chaussures assorties au maillot, qui a arbitré tout l'après-midi avec le sourire. Il a passé la semaine sur Paris, il a dû bien visiter, bien se promener et il s'est promené cet après-midi aussi. Sauf qu'on était là pour faire un match de rugby de haut niveau" (en colère contre un arbitre sud-africain).

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